Alexis de Tocqueville

QUINZE JOURS DANS LE DESERT

( américain )...1831-32

A la rencontre des Premières Nations


JMJ Toronto : les Jésuites et les Indiens

Présentation

Les pages citées renvoient à l'édition des

Mille et une nuits.

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En juillet 1831, le jeune Alexis de Tocqueville (1805-1859) part explorer, en compagnie de son ami Gustave de Beaumont, le "désert" américain, à proximité des Grands Lacs : c'est-à-dire la forêt, quasi vierge encore, où l'installation des premiers colons menace pourtant les sociétés indiennes.

Cette équipée de Quinze jours suscite un récit haut en couleurs, dans la tradition de Chateaubriand et de Fenimore Cooper. L'auteur y pressent la confrontation inévitable entre "l'extrême civilisation", venue des villes, et "la nature abandonnée à elle-même", en une analyse prémonitoire de la puissance américaine à venir...
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Quand ils quittent la France, le 2 avril 1831, à bord du voilier Le Havre, Alexis de Tocqueville et Gustave de Beaumont, jeunes magistrats du tribunal de Versailles, annoncent vouloir étudier le système pénitentiaire américain.


Mais ce n'est pour eux qu'un prétexte pour courir, en fait, après l'aventure et le savoir. Quand ils reviendront, neuf mois plus tard - au lieu des dix-huit prévus, les deux jeunes gens rapportent dans leurs bagages des centaines de pages de notes... Tocqueville en nourrira son fameux ouvrage politique et social De la démocratie en Amérique, où l'on voit se profiler la future "société nouvelle" en train de naître sur le continent américain.





On retrouvera cette intuition, doublée d'une grande sensibilité, dans ce petit ouvrage intitulé Quinze jours dans le désert et qui nous offre, dans un style limpide et vivant, un aperçu "en situation" des futures thèses déployées dans De la Démocratie...

Cet épisode de deux semaines s'étend du 19 au 29 juillet 1831, après un séjour à New York et avant la traversée des Grands Lacs, un détour au Canada, la visite de la Côte Est et du Sud, via Memphis et la Nouvelle Orléans. Ils rejoindront la France au début de l'année 1832. Le récit nous situe donc à peu près au milieu de leur séjour en Amérique.




La relation du voyage est entrecoupée de digressions diverses (descriptions, portraits, commentaires personnels et dialogues : ces derniers prennent parfois des allures d'interviews (cf. pages 31 à 35...) . De fait, le contenu de cet ouvrage relève à la fois du journal de bord et du reportage, le tout motivé, dominé par une soif d'aventure et de connaissances, par une curiosité intellectuelle surtout, qui sous-tend toute la démarche de Tocqueville et de son compagnon : ils veulent comprendre cette "nouvelle société" qui se profile dans le berceau de la future nation américaine... Mais les deux visiteurs sont obligés de ruser, de louvoyer pour mieux "s'intégrer" dans un pays qu'ils souhaitent mieux connaître sans avoir pour autant l'intention de s'y s'installer... En effet, l'étonnement est grand, chez les habitants de l'Amérique, quand ils apprennent que des touristes venus d'Europe voyagent "pour voir" et non pour "entreprendre", au point qu'ils en arrivent à se demander comment l'Européen peut bien "excuser " sa présence...( page 30).



C'est pourquoi Tocqueville et Beaumont s'efforcent de désamorcer toute méfiance en jouant le jeu et en s'informant avec précision, dans leurs conversations, des moeurs et coutumes du pays, comme des émigrants européens désireux de s'installer... Le dialogue des pages 33 à 35 reflète bien cet état d'esprit...


Les deux jeunes magistrats issus de l'aristocratie française vont donc découvrir des lieux déserts, des forêts peuplées d'indiens et encore inexplorées.


Certaines pages sont proches de celles que Chateaubriand et Fenimore Cooper ont consacrées au même sujet. Les régions rustiques évoquées par ces auteurs sont aujourd'hui "occupées" par des cités industrielles et des centres commerciaux, ce qui donne a posteriori raison à Tocqueville dont la nostalgie prémonitoire s'exprime clairement à la fin de son récit : devant la beauté des lieux, il anticipe avec regret l'époque où la "civilisation en marche" envahira - et détruira - inexorablement cette nature primitive...



Cette vulnérabilité de l'homme devant la marche conjointe du temps et du progrès est particulièrement illustrée par la déchéance des Indiens - que méprisent les Blancs.

Dans sa volonté de comprendre le phénomène démocratique où, selon lui, la liberté repose sur l'égalité des conditions, Tocqueville débusque rapidement les contradictions américaines à l'égard du rôle et des droits des habitants : en Amérique, le sort réservé aux citoyens d'origine européenne est bien plus enviable que celui des Indiens et des Noirs. Tocqueville vise d'ailleurs clairement la naïveté et l'hypocrisie des Américains que les malheurs des Indiens laissent indifférents et qui se rendent néanmoins au Temple (clic) avec une inébranlable régularité pour écouter pieusement la Bonne Parole de l'Evangile ( cf. épisode de l'indien ivre-mort, p. 12 et 13...et les réflexions du voyageur à ce sujet ) ...





 




Ces contradictions de la mentalité américaine perdurent aujourd'hui encore : la désillusion de Tocqueville devant des réalités qu'il ne soupçonnait pas peut être partagée par bien des voyageurs d'aujourd'hui, car les Etats-Unis restent un pays très complexe, donc difficile à appréhender. Le voyageur européen d'aujourd'hui (clic) est tout à la fois heureux de découvrir l'Amérique et...de n'y point vivre, car il y rencontre des individus interchangeables, aimables mais distants, tenant un seul et même discours... Les portraits que nous découvrirons dans cet ouvrage, notamment celui d'un pionnier américain typique, donnent lieu, sous la plume de Tocqueville, à des réflexions fort justes et qui n'ont rien perdu de leur actualité : ainsi, qui ne reconnaîtrait pas l'homme d'affaires ou l'avocat américain dans ce pionnier du siècle dernier, " concentré dans le but unique de faire fortune", appliqué à "se créer une existence toute individuelle", et appartenant à "une race inquiète, raisonnante, aventureuse, qui fait froidement ce que l'ardeur seule des passions explique, qui trafique de tout sans excepter même de la morale et de la religion."


Quand l'aristocrate intellectuel Tocqueville contemple avec nostalgie les paysages grandioses dont il pressent la tragique disparition, il songe aussi à d'autres bouleversements révolutionnaires : en France, le destin de l'Ancien Régime - l'univers des nobles - est sur le point de s'effondrer, tout comme sont sur le point de disparaître, physiquement, les lieux géographiques parcourus par les deux jeunes explorateurs., Alexis et Gustave...


Vers la grille analytique de l'oeuvre ( en chantier...)
Lien : ...une page sur Alexis de Tocqueville

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