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Voyageurs MAC / PC : avant d'embarquer, attendre la fin de l'enregistrement du Somm'airbus...Surveiller la barre de contrôle au bas de l'écran. |
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Enfin, pour trouver toutes les destinations, veuillez dérouler délicatement ce Tableau des vols...De toute façon, avant d'embarquer, attendez la fin de l'enregistrement du Somm'airbus : surveillez la barre de contrôle au bas de l'écran... MERCI de suivre à la lettre les consignes de l'équipage. BON VOYAGE !... |
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![]() Georges DUHAMEL Scènes de la vie future |
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Pour agrandir cette image, ![]() Pictogrammes indiens, in BÂTONS, CHIFFRES ET LETTRES, de Raymond Queneau, coll. "Idées" NRF Gallimard 1965... Pour déchiffrer ce texte indien, cliquez ![]() |
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LA NAVIGATION DE SAINT BRENDAN ![]() ni de réussir pour persévérer" L' une des versions romanes, celle d'Achille Jubinal établie sur un texte du IXè siècle, est ici traduite en français moderne ; ce récit fabuleux, chargé de mystères et d'embruns, défie le temps ; mais c'est aussi un voyage initiatique imprégné de symboles. Ce conte celte christianisé, à la charnière de deux civilisations, reflète l'esprit populaire où faits matériels et fantastiques se mêlent à la poésie et au merveilleux. Un thème bienveillant, pur, innocent et pacifique, dans une fascinante course qui aboutit au vagabondage de l'imagination mais aussi à une épopée spirituelle. DE LA LÉGENDE DE SAINT BRENDAN qui erra sept ans par mer et des merveilles qu'il trouva. Légende du IXè siècle D`après la traduction romane d'Achille Jubinal Brendan fut
un saint homme, fils de Finloch, né de
haut lignage, descendant d'Eogène ; il
naquit dans le pays d'Irlande, dans la région
marécageuse des Mimensiens. Comme il
fut de grande abstinence, et noble en vertus, il devint le
père de trois mille moines. Extraits de LA LÉGENDE DE SAINT-BRENDAN, PAR JEAN-PIERRE BAYARD, AUX ÉDITIONS GUY TRÉDANIEL La légende de Saint Brendan V-VIème siècle Moine irlandais ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil Seconde Turquoise Columbus ![]() |
L'HOMME, LA NATURE ET LE PROGRÈS Étude parallèle de deux oeuvres littéraires, l' une française, l'autre américaine : François-René de CHATEAUBRIAND ATALA ou les amours de deux indiens dans le désert ( 1801 ) et Henri-David THOREAU WALDEN ou la vie dans les bois (1854) Atelier d'écriture ... en module... Vers une Architecture Naturelle ? POÈMES EN BOIS ou LA VIE RETROUVÉE Philosophie indienne A mi-chemin entre l'HOMME de NATURE et l'HOMME de PROGRÈS... ... Humour et lucidité... Travaux d'écriture
en marge de Walden
basés sur des photos de maisons-cabanes bâties en pleine nature par des charpentiers
amateurs américains. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil Seconde Turquoise Columbus |
Henry David THOREAU ( 1817 - 1862 ) Se plaçant au coeur de la tradition libérale américaine, THOREAU voit la nécessité de la participation directe de l'intellectuel aux événements de son propre pays. En 1849, il publie un opuscule, DÉSOBÉIR, après un séjour en prison pour avoir refusé de payer ses impôts, en signe de protestation contre la guerre du MEXIQUE... L' idéologie de cette oeuvre ramène aux principes de la Déclaration des Droits de l'homme et elle se situe à la source de tous les mouvements d' opposition non violente qui suivirent. GANDHI et le pasteur Martin Luther KING s'en inspirèrent directement. WALDEN OU LA VIE DANS LES BOIS ( 1854 ) Walden est le nom d'un petit lac proche de Concord , sur les rives duquel THOREAU se construisit une cabane où il vécut en solitaire de 1845 à 1847. Il ne s' agissait pas d'une fugue, puisque l' écrivain revenait souvent voir ses amis, mais d'un choix délibéré qui rappelle par bien des côtés l' expérience faite par ROUSSEAU dans la forêt d'Ermenonville. Thoreau donnait à ses contemporains l' exemple d' un rapport actif avec la nature, en dehors de toute contemplation romantique ; il s' élevait aussi contre la fausse morale de la société industrielle, avec son mythe de la productivité et d'un progrès à son avis illusoire. Walden est un livre qui échappe à toute définition. L' essai alterne avec la description, la narration, voire l'épopée, tel ce chapitre sur un combat de fourmis vues comme des guerriers antiques. L' ouvrage repose sur une formulation centrale : le contraste entre l' élément sauvage et primitif propre à la nature - wilderness, et l' élément "domestique", maté, propre aux institutions coercitives imposées par l' homme et la société ( tameness )... On y trouve une dénonciation passionnée de l'aliénation provoquée chez l'homme par la machine. Thoreau déclare ainsi la guerre aux instruments du progrès, au chemin de fer, au télégraphe... Poèmes en bois... ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil
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HENRY DAVID THOREAU WALDEN OU LA VIE DANS LES BOIS En plein 19è siècle, dans le pays qui est en passe de devenir le plus industrialisé du monde, Thoreau tourne le dos à la civilisation et s'installe seul, dans les bois, à un mille de tout voisinage, dans une cabane qu'il a construite lui-même, au bord de l'étang de Walden, Massachusetts. Il ne doit plus sa vie qu'au travail de ses mains. C'est là qu'il commence à écrire Walden , grand classique de la littérature américaine, hymne épicurien, souvent loufoque, à la nature, aux saisons, aux plantes et aux bêtes, toutes choses et tous êtres qui ne sont, selon les propres dires de Thoreau, que "l'envers de ce qui est au-dedans de nous". Henry David Thoreau est né le 12
juillet 1817 à Concord, Massachusetts, dans une
famille pauvre dont le père est marchand de crayons
et où l'on cultive le souvenir du grand-père,
corsaire et normand. Boursier grâce à la
paroisse, Thoreau fait ses études à Harvard,
revient à Concord comme maître d'école
et se fait licencier pour avoir refusé d'appliquer la
règle des châtiments corporels. Il fait la
connaissance d'écrivains et de poètes parmi
lesquels se trouvent Nathaniel
Hawthorne et Emerson. Thoreau
s'installe à vingt-huit ans sur les terres de ce
dernier, dans une cabane qu'il a construite lui-même,
au bord de l'étang de
Walden. Il y vivra seul pendant
deux ans et deux mois.
Walden ou la vie dans
les bois, tiré de cette
expérience, paraîtra en 1854. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil
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Montaigne LES CANNIBALES Quoiqu'ils pratiquent l'anthropophagie* , les indigènes du Brésil paraissent à MONTAIGNE fort sociables et fort sensés. Il a vu trois d'entre eux à Rouen en octobre I562 et s'est amplement renseigné, auprès d'un voyageur, sur leurs moeurs et leurs habitudes. Excellent exemple à l'appui de la relativité des coutumes. Montaigne amorce ici l'éloge de l'état de nature, qui sera si souvent repris au 18è siècle. Ses cannibales annoncent aussi le Huron de VOLTAIRE, dans L'Ingénu , et la critique sociale trouve ici des accents d'une hardiesse étonnante. * Non pas pour se nourrir, mais pour "représenter une extrême vengeance" ... Attention ... le texte qui suit restitue fidèlement l' orthographe et les tournures d' origine. Comparez-le avec la version "adaptée" au lecteur d'aujourd'hui, que vous trouverez dans votre manuel de Littérature, pages 84 et 85... MONTAIGNE I,XXXI, Des cannibales. QUESTIONS 1. Comparer les deux parties de ce texte : montrer qu'elles se complètent en s'opposant. 2. Étudier dans le ler paragraphe: a) la lutte contre les préjugés b) l'ironie discrète c) le naturalisme 3. Dans le 2è paragraphe: a) montrer l'effet de surprise b) résumer la critique politique et la critique sociale exprimées par la bouche des cannibales c) marquer la hardiesse et le ton de la critique 4. GRAMMAIRE : Étudier l'accord des participes présents et passés. 1. Relativité des jugements. 2. Point de repère, critère. 3. Usages. 4. Régime politique. 5. De nos pays. 6. Que pensez-vous de ces réflexions ? 7. Subj. de supposition. 8. Rouen. .. 9. Leur avis à ce sujet. l0. A la fois remarquable et étonnant: Montaigne va jouer sur le mot. 11. Spontanéité de Montaigne 12. Charles IX avait alors 12 ans. -13. Noter le changement de mode. 14. De ce mot moitié, Montaigne dégage l'idée de fraternité 15. Comment. 16. Sans prendre... ou mettre. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil
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CHATEAUBRIAND / ATALA (1801) La poésie des déserts du Nouveau Monde jointe à l'évocation des tourments de la passion devait avoir un retentissement considérable sur la sensibilité de la première génération romantique.
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Extraits de "Voyage en Amérique" Tous ces extraits du Voyage en Amérique ont été puisés dans l' ouvrage de Ferdinand Brunetière, Extraits de Chateaubriand, paru aux éditions Hachette en 1912 ( pages 19 à 31 )... et dans un autre manuel scolaire, datant de 1927, CHATEAUBRIAND, morceaux choisis, par René CANAT, coll. La littérature française illustrée, éd. Didier / Privat ( pages 55 à 65 ). Quand les notes qui accompagnent les textes sont de Chateaubriand lui-même, cela est indiqué. Dérouler la page pour trouver les différents extraits...ou changer d'orientation... ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
LA DÉCLARATION DE GUERRE "La guerre se dénonce d'une
manière extraordinaire et terrible. Quatre guerriers,
peints en noir de la tête aux pieds, se glissent dans
les plus profondes ténèbres, chez le peuple
menacé : parvenus aux portes des cabanes, ils jettent
au foyer de ces cabanes un casse-tête peint en rouge,
sur le pied duquel sont marqués, par des signes
connus des sachems, les motifs des hostilités : les
premiers Romains lançaient une javeline sur le
territoire ennemi. Ces hérauts d'armes indiens
disparaissent aussitôt dans la nuit comme des
fantômes, en poussant le fameux cri ou woop de
guerre. On le forme en appuyant une main sur la bouche et
frappant les lèvres, de manière à ce
que le son échappé en tremblotant,
tantôt plus sourd, tantôt plus aigu, se termine
par une espèce de rugissement dont il est impossible
de se faire une idée. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
COMBATS CHEZ LES SAUVAGES "La mêlée est épouvantable; c'est un grand duel comme dans les combats antiques : l'homme voit l'homme. Il y a dans le regard humain animé par la colère quelque chose de contagieux, de terrible qui se communique. Les cris de mort, les chansons de guerre, les outrages mutuels, font retentir le champ de bataille; les guerriers s'insultent comme les héros d'Homère; ils se connaissent tous par leur nom: « Ne te souvient-il plus, se disent-ils, du jour où tu désirais que tes pieds eussent la vitesse du vent, pour fuir devant ma flèche ? Vieille femme, te ferai-je apporter de la sagamité (1) nouvelle, et de la cassine (2) brûlante dans le noeud du roseau ? -
Chef babillard,
à la large bouche,
répondent les autres, on voit bien que tu es accoutumé
à porter le jupon; ta langue est comme la feuille du
tremble; elle remue sans cesse.
»
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L'IROQUOIS "L'Iroquois était d'une forte
stature : poitrine large, jambes musculaires, bras nerveux.
Les grands yeux ronds de l' Iroquois étincellent
d'indépendance; tout son air était celui d'un
héros; on voyait reluire sur son front les hautes
combinaisons de la pensée et les sentiments
élevés de l'âme. Cet homme
intrépide ne fut point étonné des armes
à feu lorsque, pour la première fois, on en
usa contre lui : il tint ferme au sifflement des balles et
au bruit du canon, comme s'il les eût entendus toute
sa vie; il n'eut pas l'air d'y faire plus d'attention
qu'à un orage. Aussitôt qu'il se put procurer
un mousquet, il s'en servit mieux qu'un Européen. Il
n'abandonna pas pour cela le casse-tête, le couteau,
l' arc et la flèche; mais il y ajouta la carabine, le
pistolet, le poignard et la hache; il semblait n'avoir
jamais assez d'armes pour sa valeur. Doublement paré
des instruments meurtriers de l'Europe et de
l'Amérique, avec sa tête ornée de
panaches, ses oreilles découpées, son visage
barbouillé de noir, ses bras teints de sang, ce noble
champion du Nouveau Monde devint aussi redoutable à
voir qu' à combattre sur le rivage qu'il
défendit pied à pied contre
l'étranger. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
L'HOSPITALITÉ CHEZ LES SAUVAGES "L'hospitalité est la
dernière vertu naturelle qui soit restée aux
Indiens au milieu des vices de la civilisation
européenne. On sait quelle était autrefois
cette hospitalité : une fois reçu dans une
cabane, on devenait inviolable; le foyer avait la puissance
de l'autel; il vous rendait sacré. Le maître de
ce foyer se fût fait tuer avant qu'on touchât
à un seul cheveu de votre tête. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil ![]() ![]() ![]() ![]()
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LA DEMANDE EN MARIAGE "Lorsqu'un Indien s'est résolu au
mariage, il va avec son père faire la demande aux
parents de la femme. Le père revêt des habits
qui n'ont point encore été portés ; il
orne sa tête de plumes nouvelles, lave l'ancienne
pointure de son visage, met un nouveau fard et change
l'anneau pendant à son nez ou à ses oreilles;
il prend dans sa main droite un calumet
(1) dont
le fourneau est blanc, le tuyau bleu, et empenné (2) avec
des queues d'oiseaux ; dans sa main gauche, il tient son arc
détendu, en guise de bâton. Son fils le suit,
chargé de peaux d'ours, de castors et d'orignaux ; il
porte en outre deux colliers de porcelaine à quatre
branches, et une tourterelle vivante dans une cage. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
LE MARIAGE "Enfin le grand jour arrive. Les
jongleurs et les principaux sachems sont invités
à la cérémonie. Une troupe de jeunes
guerriers va chercher le marié chez lui; une troupe
de jeunes filles va pareillement chercher la mariée
à sa cabane. Le couple promis (1) est
orné de ce qu'il a de plus beau en plumes, en
colliers, en fourrures, et de plus éclatant en
couleurs.
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CHASSE DE L'OURS "La chasse de l'ours est la chasse la
plus renommée chez les Indiens. Elle commence par de
longs jeûnes, des purgations sacrées et des
festins; elle a lieu en hiver. Les chasseurs suivent des
chemins affreux, le long des lacs, entre des montagnes dont
les précipices sont cachés dans la neige. Dans
les défilés dangereux, ils offrent le
sacrifice réputé le plus puissant
auprès du génie du désert : ils
suspendent un chien vivant aux branches d'un arbre, et l'y
laissent mourir enragé. Des huttes levées
chaque soir à la hâte ne donnent qu'un mauvais
abri : on y est glacé d'un côté et
brûlé de l'autre; pour se défendre
contre la fumée, on n'a d'autre ressource que de se
coucher sur le ventre, le visage enseveli dans des peaux.
Les chiens affamés hurlent, passent et repassent sur
le corps de leurs maîtres : lorsque ceux-ci croient
aller prendre un chétif repas, le dogue, plus alerte,
l'engloutit. Après des fatigues inouïes, on
arrive à des plaines couvertes de forêts de
pins, retraite des ours. Les fatigues et les périls
sont oubliés, l' action commence. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
NAVIGATION DES SAUVAGES "C'est une chose effrayante que de voir les Sauvages s'aventurer dans des nacelles d'écorce sur ce lac, où les tempêtes sont terribles. Ils suspendent leurs Manitous à la poupe des canots, et s'élancent au milieu des tourbillons de neige, entre les vagues soulevées. Ces vagues, de niveau avec l'orifice des canots, ou les surmontant, semblent aller les engloutir. Les chiens des chasseurs, les pattes appuyées sur le bord, poussent des cris lamentables, tandis que leurs maîtres, gardant un profond silence, frappent les flots en mesure avec leurs pagaies. Les canots s'avancent à la file : à la proue du premier se tient debout un chef qui répète le monosyllabe OAH , la première voyelle sur une note élevée et courte, la seconde sur une note sourde et longue : dans le dernier canot est encore un chef debout, manoeuvrant une grande rame en forme de gouvernail. Les autres guerriers sont assis, les jambes croisées, au fond des canots; à travers le brouillard, la neige et les vagues, on n' aperçoit que les plumes dont la tête de ces Indiens est ornée, le cou allongé des dogues hurlant, et les épaules des deux sachems, pilote et augure : on dirait des dieux de ces eaux. " ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
UNE RUINE INDIENNE Nous examinâmes les ruines : des anfractuosités sablonneuses du tumulus (*) sortait une espèce de pavot à fleur rose, pesant au bout d'une tige inclinée d'un vert pâle. Les Indiens tirent de la racine de ce pavot une boisson soporifique ; la tige et la fleur ont une odeur agréable qui reste attachée à la main lorsqu'on y touche. Cette plante était faite pour orner le tombeau d'un Indien ; ses racines procurent le sommeil, et le parfum de sa fleur, qui survit à cette fleur même, est une assez douce image du souvenir qu'une vie innocente laisse dans la solitude." (*) Proprement, grand amas de terre que les anciens élevaient au-dessus d'une sépulture. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
LE POISSON D'OR "Il est impossible de voir rien de plus beau que ce petit roi des ondes : il a environ cinq pouces de long, sa tête est couleur d'outremer; ses côtes et son ventre étincellent comme le feu, une barre brune longitudinale traverse ses flancs ; l'iris de ses larges yeux brille comme de l'or bruni. Ce poisson est carnivore. A quelque distance du rivage, à l'ombre d'un cyprès chauve, nous remarquâmes de petites pyramides limoneuses qui s'élevaient sous l'eau et montaient jusqu'à sa surface. Une légion de poissons d'or faisait en silence les approches de ces citadelles. Tout à coup l'eau bouillonnait : les poissons d'or fuyaient. Des écrevisses armées de ciseaux, sortant de la place insultée, culbutaient leurs brillants ennemis. Mais bientôt les bandes éparses revenaient à la charge, faisaient plier à leur tour les assiégés ; et la brave, mais lente garnison rentrait à reculons pour se réparer dans la forteresse. Le crocodile, flottant comme le tronc d'un arbre, la truite, le brochet, la perche, le cannelet, la basse, la brème, le poisson tambour, le poisson d'or, tous ennemis mortels les uns des autres, nageaient pêle-mêle dans le lac, et semblaient avoir fait une trêve, afin de jouir en commun de la beauté de la soirée : le fluide azuré se peignait de leurs couleurs changeantes. L'onde était si pure, que l'on eût cru pouvoir toucher du doigt les acteurs de cette scène, qui se jouaient à vingt pieds de profondeur dans leur grotte de cristal." Influence de BUFFON ( 17è siècle ), écrivain naturaliste... ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil ![]() |
LA RECOLTE DU SUCRE D'ÉRABLE "La récolte du sucre d'érable se faisait et se fait encore parmi les Indiens deux fois l'année. La première récolte a lieu vers la fin de février, de mars ou d'avril, selon la latitude du pays où croît l'érable à sucre. L'eau recueillie après les légères gelées de la nuit se convertit en sucre, en la faisant bouillir sur un grand feu. La quantité de sucre obtenue par ce procédé varie selon les qualités de l'arbre. Ce sucre, léger de digestion, est d'une couleur verdâtre, d'un goût agréable et un peu acide. La seconde récolte a lieu quand la sève de l'arbre n' a pas assez de consistance pour se changer en suc. Cette sève se condense en une espèce de mélasse, qui, étendue dans de l'eau de fontaine, offre une liqueur fraîche pendant les chaleurs de l'été. On entretient avec grand soin le bois d'érable de l'espèce rouge et blanche : les érables les plus productifs sont ceux dont l'écorce paraît noire et galeuse. Les Indiens ont cru observer que ces accidents sont causés par le pivert noir à tête rouge, qui perce l'érable dont la sève est la plus abondante. Ils respectent ce pivert comme un oiseau intelligent et un bon génie. A quatre pieds de terre environ, on ouvre dans le tronc de l'érable deux trous de trois quarts de pouce de profondeur, et perforés du haut en bas pour faciliter l'écoulement de la sève. Ces deux premières incisions sont tournées au midi ; on en pratique deux autres semblables du côté du nord. Ces quatre taillades sont ensuite creusées, à mesure que l'arbre donne sa sève, jusqu'à la profondeur de deux pouces et demi. Deux auges de bois sont placées aux deux faces de l'arbre au nord et au midi, et des tuyaux de sureau introduits dans les fentes servent à diriger la sève dans ces auges. Toutes les vingt-quatre heures on enlève le suc écoulé; on le porte sous des hangars couverts d'écorce; on le fait bouillir dans un bassin de pierre, en l'écumant. Lorsqu'il est réduit à moitié par l'action d'un feu clair, on le transvase dans un autre bassin, où l'on continue à le faire bouillir jusqu'à ce qu'il ait pris la consistance d'un sirop. Alors, retiré du feu, il repose pendant douze heures. Au bout de ce temps on le précipite dans un troisième bassin, prenant soin de ne pas remuer le sédiment tombé au fond de la liqueur. Ce troisième bassin est à son tour remis sur des charbons demi-brûlés et sans flamme. Un peu de graisse est jetée dans le sirop, pour l'empêcher de surmonter les bords du vase. Lorsqu' il commence à filer, il faut se hâter de le verser dans un quatrième et dernier bassin de bois appelé le refroidisseur. Une femme vigoureuse le remue en rond, sans discontinuer, avec un bâton de cèdre, jusqu'à ce qu'il ait pris le grain du sucre. Alors elle coule dans des moules d'écorce qui donnent au fluide coagulé la forme de petits pains coniques; l' opération est terminée . Quand il ne s'agit que des mélasses, le procédé finit au second feu. L'écoulement des érables dure quinze jours, et ces quinze jours sont une fête continuelle. Chaque matin on se rend au bois d'érables, ordinairement arrosé par un courant d'eau. Des groupes d'Indiens et d'Indiennes sont dispersés au pied des arbres; des jeunes gens dansent et jouent à différents jeux ; des enfants se baignent sous les yeux des sachems. A la gaieté de ces Indiens, à leur demi-nudité, à la vivacité des danses, aux luttes non moins bruyantes des baigneurs, à la mobilité et à la fraîcheur des eaux, à la vieillesse des ombrages, on croirait assister à l'une de ces scènes de Faunes et de Dryade, décrites par les poètes : (*) Vous auriez vu alors les Faunes et les bêtes fauves danser en cadence. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
LE JEU DES OSSELETS "Au jeu des osselets, appelé aussi
jeu du plat, deux joueurs seuls tiennent la main ; le reste
des joueurs parie pour ou contre ; les deux adversaires ont
chacun leur marqueur. La partie se joue sur une table, ou
simplement sur le gazon.
Tous ces extraits du Voyage en Amérique ont été puisés dans l' ouvrage de Ferdinand Brunetière, Extraits de Chateaubriand, paru aux éditions Hachette en 1912 ( pages 19 à 31 )... et dans un autre manuel scolaire, datant de 1927, CHATEAUBRIAND, morceaux choisis, par René CANAT, coll. La littérature française illustrée, éd. Didier / Privat ( pages 55 à 65 ). Quand les notes qui accompagnent les textes sont de Chateaubriand lui-même, cela est indiqué. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
PICTOGRAMMES ( l928 ) Pictogrammes Peaux-Rouges d'après R. THÉVENIN et P. COZE (Moeurs et Histoire des Peaux-Rouges, Paris, 1928, p. 303). De droite à gauche et de haut en bas ( voir pictogrammes agrandis ci-dessous ) : - première ligne : Homme avec son calumet de paix -Tente - Écouter - Voir - Parler. - deuxième ligne : Feu de camp -Montagnes -Nuages -Nuages -Nuage de pluie. - troisième ligne : Eau - La mer - Aller - La guerre - Soleil. - quatrième ligne : Soleil - Journée - Midi - La nuit - Étoiles. - cinquième ligne : L'année -Trois ans - La vie, l'éternité - Repas - Faim - Beaucoup. in Raymond QUENEAU BATONS, CHIFFRES et LETTRES coll. "Idées" éd. Gallimard 1980 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
![]() SORTIE ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
LE VOYAGE EN AMÉRIQUE DE CHATEAUBRIAND - Commentaires et polémique VOYAGER POUR ÉCRIRE... "A la fin du XVIIIè siècle,
la mode poussait vers l'Amérique, où l'on
pensait trouver, chez les Américains, "l'homme libre de la société",
et chez les
Indiens,"l'homme libre de la
nature". En outre, Chateaubriand,
ayant formé le projet d'écrire "l'épopée de l'homme de la
nature", avait choisi pour sujet
la lutte de la tribu des Natchez contre les
Français, en Louisiane, en
1727. Voilà un trait qui nous
paraît capital et qu'on a négligé. Son
imagination, alertée par les récits des
explorateurs, ne parvient pas à se satisfaire de ses
rêveries exotiques. Il s'aperçoit qu'il ne
pourra peindre de seconde main un tableau véridique.
Son génie
exige la vision réelle, vivante, qui pourra seule lui
procurer la coloration vraie, c'est-à-dire belle, de
ses peintures. Extrait de l'ouvrage "CHATEAUBRIAND", par H. LE SAVOUREUX, éd. Rieder, 1930 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Polémique : insincérité de l'écrivain, irréalité du voyage ? "De ce voyage, certains ont nié
tour à tour toutes les phases et toutes les
péripéties. Il n'y a guère de détail du trajet de New York aux chutes du Niagara dont l'authenticité n' ait été suspectée. Mais aujourd'hui, on a acquis la certitude du passage de Chateaubriand sur le site des célèbres chutes... Mais est-il allé au delà, comme il le prétend dans son journal, puis dans d' autres oeuvres ultérieures ...( surtout Atala et les Mémoires d' Outre Tombe...) ? A-t-il vraiment longé l' OHIO et le MISSISSIPPI ? A-t-il poussé son expédition jusque dans les terres des FLORIDES ?... L' indécision règne encore à ce sujet... La précision n' existe que dans
l'interprétation abusive de Joseph Bédier. Le critique Joseph Bédier a mis
dans cette recherche des sources une ténacité
particulière. Il cite en première ligne
le
père
Jésuite F. X. de Charlevoix
, puis William Bartram
, voyageur et naturaliste
américain, enfin Jonathan Carter. Quiconque a parcouru, même
rapidement, les articles de M. Bédier peut se
convaincre que les rapprochements introduits par ce dernier
portent presque exclusivement sur des précisions
techniques de géographie, de zoologie et de
botanique. Il eût été au moins
équitable de faire la distinction entre les deux
ordres de littérature: l'érudite et la
personnelle . Car la
réalité de tels emprunts n'exclut pas la
possibilité du voyage dans les régions
décrites, si, d'autre part, on trouve dans le
récit la marque d'impressions vécues. Or,
malgré tout l'effort de cette critique tendancieuse,
l' authenticité des impressions originales de
Chateaubriand subsiste. Extrait de CHATEAUBRIAND, par H. LE SAVOUREUX, éd. Rider, 1930 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
CHATEAUBRIAND Mémoires d' Outre-Tombe, 1ère partie, livre VIII, chapitre 6 JUGEMENT SUR LES ÉTATS-UNIS
1. Allusion à l'immigration européenne en Amérique du Nord au cours des XVIIè et XVIIIè siècles. 2. Images typiques du Français et de l'Espagnol (superbe : orgueilleux). 3. Les Allemands, mêlés à d'autres Européens, habitaient les États du Centre, occupant les villes et des propriétés de toutes sortes. 4. Allusion aux grandes plantations anglaises des États du Sud. 5. Allusion aux puritains anglais qui, chassés par une crise économique, émigrèrent en 1620 sur la May Flower vers la côte Nord. 6. Née de l'or. 7. Quartiers de noblesse ; les nobles allemands passaient pour les plus vaniteux. 8. Duc de Normandie, puis roi d'Angleterre, héros de la bataille d'Hastings (1066). 9. Fulton avait instauré en 1807 un service régulier de bateau à vapeur sur l'Hudson , symbole du monde nouveau juxtaposé au monde traditionnel . 10. Le célèbre négociateur de l'Indépendance américaine avait conquis les Français par sa bonhomie. 11. Ces divergences entre les principes fédéralistes (Constitution de 1787) et les exigences propres à chaque État ont toujours été une source de difficultés. 12. Jusqu'en 1850, les pionniers continuent la poussée territoriale vers le Pacifique. 13. Monnaie des pays de langue espagnole. 14. Leur émission avait été réclamée lors de la crise économique de 1783 (allusions aux divergences d'intérêts entre les riches colons et les pionniers). 15. Le foyer ; utilisation plaisante d'une image latine.
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SCÈNES DE LA VIE FUTURE "Roman" de l' écrivain français Georges DUHAMEL ( 1884 - 1966 ), publié en 1930. Malgré l'humour, malgré l'ironie et l'apparente allure de pamphlet , cet ouvrage est un cri d'angoisse provoqué par la vue d'une civilisation fausse dont le plus grand tort, aux yeux de Duhamel, est de diminuer, jusqu' à les réduire à néant, le rôle et donc la dignité de la personne humaine. Pour lui, les Etats-Unis offrent l'image de ce que seront demain les peuples de l'Ancien Monde, si nul d'entre nous n'y met bon ordre, d'où le titre indiquant le dessein du livre... Ainsi, l'auteur affirme-t-il son
dédain pour tout ce qui tend, dans la civilisation
européenne, de plus en plus
américanisée, à faire reculer la
liberté devant la réglementation, à
faire disparaître l'initiative et l'enthousiasme au
profit de l'automatisme exigé par la machine,
à perdre l'individu dans l' immense tourbillon de la
collectivité. Duhamel ne peut croire que la
civilisation soit seulement une sorte de conformisme
universel qui supprime la pensée. Le désenchantement n'est amer que par instants : le plus souvent, il sait faire jouer, à travers la satire, le miroitement d' une agréable ironie. A travers tableaux, anecdotes et formules définitives, c'est l'Amérique et son appétit dérisoire qu'il vise - et plus loin encore l'humanité, sous le déguisement universel de ses modes d' action, de ses sentiments et de ses espoirs. L'auteur triomphe dans la forme. La richesse et l'imprévu du vocabulaire, le mouvement et la vigueur incisive du dialogue, la force des sous-entendus et des réticences sont un enchantement pour l'esprit. Article extrait du Dictionnaire des oeuvres Collection "Bouquins" Laffont 1986 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Activités Certains écrivains américains, tel Henry JAMES, se tournent, au début du siècle, vers une Europe où ils croient trouver un refuge sûr et durable, face au matérialisme de la collectivité américaine. Or, l'américanisation de l'Europe ne tardera guère... et c'est à ce phénomène que s'en prend Georges DUHAMEL en 1930... après un séjour aux USA. Argumenter, réfuter, développer un point de vue... à la manière de G. Duhamel. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Arrivée Le matin du second jour, sentant les mouvements du navire diminuer, je compris que nous venions d'entrer dans le Mississippi. La lumière de l'aurore ne tarda pas à me montrer la triste campagne du delta. Je m'installai tout aussitôt sur le pont pour admirer le grand fleuve aux eaux jaunes. Nous en remontâmes le courant pendant plusieurs heures. Enfin, nous aperçûmes les fumées et les buildings de la Nouvelle-Orléans. Le fleuve, au sortir de la ville, décrit une large boucle, et c'est là que les navires mouillent, pour les opérations de police et d'hygiène. Nous dûmes patienter presque trois heures d'horloge avant que les officiers préposés à ces divers services daignassent se déranger. Enfin, parut le médecin. C'était un jeune médecin en
uniforme militaire, botté, harnaché comme pour
une expédition coloniale. Il prescrivit que les
passagers, au nombre d'une centaine environ, fussent
rangés sur le pont-promenade, en une seule file et au
complet. Je lui rendis sa poignée de mains, fis quatre pas qui me vieillissaient, chacun, d'une dizaine d'années, et je me trouvai dans le monde futur. Georges DUHAMEL Scènes de la vie future chap. 1, Abord du monde futur pages 13 à 18 ( extraits ) ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
OU LE DIVERTISSEMENT DU LIBRE CITOYEN la découverte d' un cinéma de Chicago... ) - Toutes ces lumières, dit Pitkin, c'est là que nous allons. C'est le
cinéma. ... « Évidemment, que l'officier de la
garde ait souffleté ce libre paysan, voilà qui
n'est pas tolérable... » ... " Que le jeune paysan se révolte ! Il a
bien raison. Et qu'il fuie son indigne patrie, qu'il imite
ses frères aînés et s'embarque à
son tour pour la libre Amérique..." Je ne peux déjà plus penser
ce que je veux. Les images mouvantes se substituent à
mes propres pensées. La musique... C'est vrai ! La
musique ! Qu'est donc cette musique ? On l'entend sans
l'écouter. Elle coule comme le vent, elle passe comme
un insensible vent. Allons ! Un effort de protestation. Que
j'écoute cette musique ! Je veux ! Je veux ! Je veux
écouter cette musique et non pas seulement
l'entendre. Georges DUHAMEL Scènes de la vie future chap. III , pages 24 à 29 juillet 1934 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
LIBERTY L' auteur, Georges Duhamel, s' entretient
avec son hôte américain, Mr. Pitkin, de
l'évolution de la société
américaine et des dangers que fait peser sur les
libertés individuelles une bureaucratie plutôt
tatillonne...
- La liberté, je crois vous l'avoir
déjà dit, M. Duhamel, n'est pas dans les
institutions, mais dans le sentiment que nous en prenons.
Nous sommes le peuple le plus libre de la terre. -
C'est vrai, dit-il enfin.
Nous sentons
obscurément ces choses. Nous avons même,
par-ci, par-là, formé des ligues. Georges DUHAMEL Scènes de la vie future Ch. IV, Petit dialogue sur le sentiment de la liberté pages 33 à 38 ( extrait ) Ed. Fayard, coll. Le livre de demain ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
CHICAGO : PAYSAGE... Quelques pas, et nous nous trouvons sur
les degrés d'un escalier de pierre, au bord du fleuve
Chicago. Georges DUHAMEL Scènes de la vie future chap. VII , Paysages ou l' impuissance du peintre Ed. FAYARD, coll. "Le livre de demain", pages 52 à 55 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
L'auto, la rue, le
bruit. La pluie, ce sous-produit d'un ciel immolé.
L'odeur qui, soudain, s'élève, monte, s'enfle
comme un cri de sirène. Les bâtiments
incohérents. Les ascenseurs et, tout à coup,
derrière une porte peinte en rouge, le cri ! Le cri
des bêtes !
Mr. Pickleton esquisse des épaules un geste d'impuissance, puis il me saisit le bras pour m'entraîner plus loin, car c'est un homme d'action qui ne perd pas son temps en rêveries inutiles... Georges DUHAMEL Chap. VIII, Royaume de la mort , pp. 60 à 69 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
De loin, de très loin, à
travers les fanfares du vent d'automne, par-dessus les
rauquements, les apostrophes et les colères de dix
mille autos qui se querellent pour la place, on entend le
souffle du stade, ses clabauderies, ses
orages. Georges DUHAMEL Scènes de la vie future chapitre XII, LE NOUVEAU TEMPLE pages 90 à 96 Ed. Fayard, coll. "Le livre de demain", juillet 1934 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Pendant la journée, le soleil les
réduit à l'impuissance. Mais la nuit leur
appartient. Ils se sont partagé le royaume de
l'ombre. Ils s'éveillent, de-ci, de-là,
dès le crépuscule... Avec une obstination, une
sérénité parfaitement
mécaniques, ils se remettent à leur besogne
d'endoctrinement et d'intimidation. Georges DUHAMEL Ed.Fayard, coll.Le livre de demain (1934 ) Comparez cette opinion à celle de Blaise Cendrars, émise à la même époque, dans le texte intitulé PUBLICITÉ = POÉSIE... ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Assurances comprises...
« L'ASSURANCE PAIERA »
" N'allez pas croire, monsieur Stone, que je sois de ces hommes qui rêvent d'empêcher la mer de monter. Je suis assuré, comme tout le monde, contre toutes sortes de calamités, de fautes ou de sottises. La différence entre nos façons de considérer et d'accepter les choses, c'est que je m'efforce toujours de bien voir où le vent m'emporte. Celui qui, dans le monde moderne, se refuserait à contracter un certain nombre d'assurances, du même coup se condamnerait soit à vivre comme une larve, soit à courir d'extravagantes aventures. J'ai donc signé maintes polices. Je sais que, par là, j'acquiesce à la commercialisation de certaines valeurs morales, que, par là, je les déprécie et les avilis, que la vie, la mort, la souffrance, la joie, du fait même que je leur laisse assigner une valeur marchande, perdent partie de leur valeur humaine ou, si le mot ne vous fait pas peur, de leur valeur divine, perdent aussi leur majesté, leur grandeur véritable. Je sais qu'en payant mes polices, j'entreprends de me dérober à toutes sortes d'inquiétudes ou de responsabilités. Je paie, donc, monsieur Stone. Je paie et je ne suis pas dupe. Je comprends qu'à nombre de mes contemporains l'assurance, en même temps, tient lieu de conscience, d'ange gardien, d'honneur, de gratitude, et de bien d'autres choses encore. Alors, ça me fait rire, tout au moins les jours où le rire demeure possible.
« L'assurance paiera ! » Voilà donc la formule magique en laquelle se résument l'acte de foi, l'acte d'espérance et l'acte de contrition. Rions, monsieur Stone ! "
Georges DUHAMEL, Scènes de la vie future extrait du chapitre XIII, pages 100-101éd. Fayard, coll. "Le livre de demain", juillet 1934
Précisez la thèse défendue ici par l' auteur, en la reformulant.
Quelles sont les réserves exprimées par Duhamel ? Sur quel ton ?
Vers la page "Nouveaux Mondes" pour les netscapiens Retour à la pelouse pour les passagers de NETSCAPE Retour au Tableau ( Explorer MAC / PC )
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Je marche le long du trottoir.
Là-haut, vers le trente-cinquième
étage, un nègre, la moitié du corps
dans le vide, frotte les fenêtres d'un building. Je
ferme les yeux une seconde et je passe. Georges DUHAMEL SCÈNES DE LA VIE FUTURE chap. XIV , pages 106 - 107 Ed. FAYARD, coll.Le Livre de Demain, juillet 1934 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil
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Le continent est immense, opulent. De
tout sans mesure : l'or, l'argent, le fer, la houille, le
pétrole, le bois, la chair des bêtes, l'infinie
variété des plantes. Ils n'ont qu'à
prendre et qu'à mettre en oeuvre. Ils ont de tout,
sauf, je crois, des alouettes. Impardonnable oubli du
créateur. Alors, ils prennent, ils pillent.
Résultat paradoxal : il faut, ici, plus d'or
qu'ailleurs pour payer un morceau de pain, dormir dans un
lit, avoir place au soleil. Georges DUHAMEL Scènes de la vie future Chap. XV, pages 116 à 118 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil
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Il en est qui n'espèrent plus rien si ce n'est de manger chaque jour quelque chose de comestible et de dormir chaque nuit dans un endroit clos. Si vous voulez en observer quelques échantillons, installez-vous sur une banquette du subway , ou de l'elevated , entre onze heures du soir et une heure du matin. En face de vous, dix bonshommes sans
âge. On les dirait aussi sans vie. Ils ressemblent
assez bien à des fantômes. Où vont-ils ?
De quel morose enfer sortent-ils ? Leurs traits sont
effondrés, distendus comme par l'effet d'un
instrument de torture. Les yeux clos, ils somnolent,
jetés les uns contre les autres par les cahots du
wagon. Presque tous, en dormant, mâchent de la gomme ;
on dirait de ces trémulations involontaires des
mandibules que l'on voit aux moribonds dans les grandes
famines. Parfois, l'un d'eux lance un long jet de salive
blanche sur le plancher, au mépris des affiches
comminatoires. Parfois, l'un de ces misérables ouvre
les yeux et vous adresse un regard chargé de
désespoir, de haine ou d'ennui. Georges DUHAMEL chap. XV, pages 119 - 120 Ed. Fayard, coll. Le livre de demain ( 1934 ) ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil
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Publicité = Poésie Né en Suisse, Cendrars s'est lancé très tôt dans l'aventure et les grands voyages. Toute son oeuvre littéraire en porte la trace, de Prose du Transsibérien (1915) à Bourlinguer (1948). A l'avant-garde de la poésie, son oeuvre est marquée profondément par le développement du monde moderne. Il n'est donc pas étonnant. de voir ici Cendrars s'intéresser à ce qui lui semble être une forme contemporaine d'expression. " La publicité est la fleur de la vie contemporaine ; elle est une affirmation d'optimisme et de gaieté ; elle distrait l'oeil et l'esprit. C'est la plus chaleureuse manifestation de la vitalité des hommes d'aujourd'hui, de leur puissance, de leur puérilité, de leur don d'invention et d'imagination, et la plus belle réussite de leur volonté de moderniser le monde dans tous ses aspects et dans tous les domaines. Avez-vous déjà pensé à la tristesse que représenteraient les rues, les places, les gares, le métro, les palaces, les dancings, les cinémas, le wagon-restaurant, les voyages, les routes pour automobiles, la nature, sans les innombrables affiches, sans les vitrines (ces beaux joujoux tout neufs pour familles soucieuses), sans les enseignes lumineuses, sans les boniments des haut-parleurs, et concevez-vous la tristesse et la monotonie des repas et des vins sans les menus polychromés et sans les belles étiquettes? Oui, vraiment, la publicité est la plus belle expression de notre époque, la plus grande nouveauté du jour, un Art. Un art qui fait appel à l'internationalisme, ou polyglottisme, à la psychologie des foules et qui bouleverse toutes les techniques statiques ou dynamiques connues, en faisant une utilisation intensive, sans cesse renouvelée et efficace, de matières nouvelles et de procédés inédits . Ce qui caractérise l'ensemble de la publicité mondiale est son lyrisme. Et ici la publicité touche à la poésie.Le lyrisme est une facon d'être et de sentir, le langage est le reflet de la conscience humaine, la poésie fait connaître ( tout comme la publicité un produit ) l'image de l'esprit qui la conçoit. Or, dans l'ensemble de la vie contemporaine, seul, le poète d'aujourd'hui a pris conscience de son époque, est la conscience de cette époque. C'est pourquoi je fais ici appel à tous les poètes : Amis, la publicité est votre domaine. Elle parle votre langue. Aujourd'hui ( 1927 ), Grasset ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Fiches techniques MYTHES ET PERSONNALITÉS D'AMÉRIQUE Pocket n° 3330 Le titre, court et dense, laisse
transparaître un certain penchant, sensible tout au
long de l'oeuvre, pour l'autosatisfaction, ou du moins la
contemplation un peu complaisante de son propre passé
: "ma vie", en ce qu'elle a... d'exceptionnel, ce que les
dernières pages confirment, en guise de
conclusion: "Il me
faut donc maintenant mettre un terme à cette
odyssée que j'ai vécue. Je me rends compte que
le temps et les circonstances m' ont favorisé" (...)
". Ma vie est pourtant plus passionnante que jamais...Je
suis en bonne santé, mon esprit créateur
fonctionne toujours !... " 1928: The
Circus ( Le Cirque ). - L' organisation :
Compte tenu de la
spécificité de cette oeuvre, son étude
peut se faire selon trois axes : 2. Pour en savoir plus...
2. J. Mitry, "Les films de Chaplin", mars 1957
3. M. Bessy, Charlie Chaplin, 1984 (Pygmalion).
5. A. Bazin et É. Rohmer, Charlie Chaplin, 1972 (Cerf), rééd. 1985 Ramsay Poche Cinéma. Document extrait de DÉCOUVRIR, LE GUIDE POCKET DE L'ENSEIGNANT, 1994 Bien sûr, d' autres documents relatifs à la biographie de Chaplin peuvent être consultés au CDI et en bibliothèque ( encyclopédies, revues, dictionnaires... ) ... sans négliger le WEB. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
MARILYN MONROE Je vais parler de
quelqu'un que j'ai connu. Pas d'un mythe, pas d'un poster .
Je vais parler d'une voisine de palier qui aimait bien sa
voisine de palier et avec laquelle elle voisinait comme on
voisine dans toutes les HLM du monde, de luxe ou pas. Elle revenait dans un petit peignoir de soie artificielle bleu pervenche à pois blanc. Démaquillée, "défauxcilisée", pieds nus, ce qui la tassait un peu, elle avait le visage et l'allure de la plus belle des paysannes de l'Ile-de-France, telles que depuis des siècles on les a chantées. La mèche sur le front, sophistiquée, raide parce qu'elle avait été peignée par la coiffeuse à rebrousse-poil, par en dessous entre chaque plan, avait disparu. Elle avait été vigoureusement brossée en arrière. La petite pointe
réapparaissait. C'était une petite pointe
très jolie, toute frisottée, qui lui
partageait le front également ou presque. Elle la
détestait, elle la méprisait et elle s'en
méfiait. Elle s'en méfiait parce que,
curieusement, les racines de ces petits cheveux-là,
mousseux comme ceux d'un tout jeune enfant, étaient
beaucoup plus récalcitrantes à la
décoloration platinée que les racines de tous
les autres cheveux de sa tête blonde. La belle
mèche tombant sur l'oeil apparemment accidentelle
à force de crêpages
répétés, était un bouclier
contre la racine qui trahit dans les plans très
rapprochés. Dès le début de notre
voisinage, elle me l'avait expliqué. Comme elle
m'avait dit aussi : "Regarde, ils croient tous que j'ai de
belles jambes longues, j'ai des genoux cagneux et je suis
courte sur pattes."
C'était
à peine vrai dans la petite robe de chambre sortie
des Prisunics locaux. Ça cessait totalement de
l'être quand elle se mettait en
"Marilyn" ...
En
"Marilyn", je ne l'ai
vue que trois fois en quatre mois. Une fois pour le cocktail
monstre de Spyro Skouras, une fois pour la seule fois
où nous sommes allés dîner en ville tous
les quatre; une dernière fois quand elle
s'était préparée à aller
recevoir le Globe
d'Or, seul
hommage artistique que cette ville lui ait jamais rendu. Simone Signoret, La Nostalgie n'est plus ce qu'elle était Chapitre 11, Ed. du Seuil. "C'est la rencontre
fatale du commerce et de l'art, de la déesse et de la
marchandise. En priorité, la star convainc. Chez elle c'est une fonction
naturelle. Jacques SEGUELA, Hollywood lave plus blanc Ed. Flammarion. QUESTIONS 2. D'après le texte de Simone Signoret, quelle impression nous donne le style de vie de Marilyn Monroe ? 3. Quelles sont les caractéristiques d'une star pour le publicitaire Jacques Séguéla ? Retrouve-t-on dans le texte de Simone Signoret des détails qui illustrent sa théorie ? 4. D'après Jacques Séguéla, en quoi la star est-elle une "marchandise" ? ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Une révolte contre le colonialisme Excédées de l'oppression
économique et commerciale exercée par la
métropole, les treize colonies anglaises
d'Amérique du Nord s'insurgent contre cette pesante
tutelle. Le premier engagement militaire a lieu en 1775, et,
le 4 juillet 1776, un Congrès rassemblant leurs
délégués à Philadelphie vote
la "Déclaration d'
Indépendance" : c'était l'acte de naissance d'un nouvel
État, promis au rôle historique que l'on sait.
Chaque année, le 4 juillet est
célébré aux Etats-Unis avec une ferveur
particulière. Voici des extraits de cette
déclaration dans la traduction qu'en donna
lui-même Jefferson, qui en avait été le
rédacteur et qui devint plus tard président
des Etats-Unis...
Nous tenons pour évidentes par
elles-mêmes les vérités suivantes : tous
les hommes sont créés égaux ; ils sont
doués par le Créateur de certains droits
inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie,
la liberté et la recherche du bonheur. Les
gouvernements sont établis par les hommes pour
garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du
consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une
forme de gouvernement devient destructive de ce but, le
peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'
établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur
les principes et en l'organisant en la forme qui lui
paraîtront les plus propres à lui donner la
sûreté et le bonheur. La prudence enseigne,
à la vérité, que les gouvernements
établis depuis longtemps ne doivent pas être
changés pour des causes légères et
passagères, et l'expérience de tous les temps
a montré, en effet, que les hommes sont plus
disposés à tolérer des maux
supportables qu'à se faire justice à
eux-mêmes en abolissant les formes auxquelles ils sont
accoutumés. Mais lorsqu'une longue suite d'abus et
d'usurpations tendant invariablement au même but
marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il
est de leur droit, il est de leur devoir de rejeter un tel
gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes,
à leur sécurité future. (... ) THOMAS JEFFERSON Questions 1 Éclairage
historique: élucider la
«longue suite d'abus et d'usurpations »
dont la Grande-Bretagne s'était rendue coupable. 3 Montrer et expliquer le
caractère assez dogmatique de ce texte.
Document Dès le début de l'insurrection américaine, les rebelles trouvèrent un soutien moral puissant dans une large fraction de l'opinion française. Diderot , dès 1778, avait porté un témoignage éloquent de ce courant de sympathie dans l'Apostrophe aux Insurgents d'Amérique : in Georges ROMBI, L'HOMME ET LA CITÉ, coll. "Thèmes et parcours littéraires", Classiques Hachette 1974 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Non-violence, racisme MARTIN LUTHER KING LA SEULE RÉVOLUTION « L'un des plus grands débats
philosophiques de l'histoire a porté sur la question
de la fin et des moyens. Et il s'est toujours trouvé
des gens pour prétendre que la fin justifie les
moyens, que les moyens, au fond, sont sans importance,
l'essentiel étant d'atteindre le but fixé. Martin Luther King, La seule révolution Castermann 1968, p. 105-111: "la paix de Noël". SUJET 1 Argumentation - Discussion ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
VOYAGER Groupement de textes ![]() |
Vous êtes dans le groupement de textes consacré au thème du VOYAGE A Pied...au Moyen-âge L'histoire du voyage à pied
devrait commencer au paragraphe des chaussures. Non que
des populations ne marchent les pieds nus et ne parcourent
ainsi de grandes distances. Mais sans chaussures, pas de
piéton capable de faire régulièrement,
par tous les temps, à travers tous les terrains, des
étapes journalières de 25 à 30
kilomètres. Songeons aux pèlerins et aux
croisés populaires, aux compagnons du Tour de France
et aux grognards de la Grande Armée pour
apprécier justement l'importance... de la cordonnerie
française ! Le paysan, aux origines mêmes de
notre histoire, fait et porte chaussures, galoches, sandales
à semelles de bois ; il s'entoure souvent les jambes
de houseaux , guêtres de cuir
avec sous-pieds pour se protéger dans une marche
à travers les champs et les fourrés. Le
citadin préfère le soulier, la
botte étant plutôt réservée
au cavalier, noble ou soldat. La forme de la chaussure reste
assez immuable ( il suffit de se souvenir que la mode de la
poulaine , avec sa pointe démesurée, a
régné chez nous pendant quatre siècles
). Le luxe apparaît très tôt, mais il
affecte peu "l' article de voyage
" .
Et de retour, quels ne sont point les récits lourds de souvenirs et parfois légèrement imaginaires, qui feront du pèlerin un personnage prestigieux et entouré. C'est au point que bien des chroniqueurs de l'époque, sans doute d'assez méchante espèce, écrivaient que, pour rompre la monotonie du temps, le meilleur remède à l'ennui était encore un pèlerinage ! Autre piéton respectable et bien
connu de toute l'ancienne France : le moine. Il parcourt
inlassablement les rues et les routes dans l'exercice de son
apostolat. Il prêche, confesse, dirige une mission,
donne l'absolution et distribue les indulgences. Il visite
les maisons, tantôt pour mendier, tantôt pour
faire la charité. Mais quel embarras ce devait
être pour nos pères de reconnaître
l'uniforme et les insignes distinctifs des innombrables
ordres monastiques installés dans le royaume ! Extrait d' un ouvrage scolaire de 1935 intitulé LES VOYAGES du coche à l' avion pages 13 à 15 par M. Ginat et A. Weiler Coll. LA JOIE DE CONNAÎTRE, éd. BOURRELIER ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Ils quittèrent Saint-Maur de si bon matin
que la ville était encore déserte. En longeant les
bords de la Marne, ils rencontrèrent d'abord des
pêcheurs qui poussaient leurs barques dans la rivière
pour y jeter leurs filets.
Puis, au fur et à mesure que les brumes de l'aube se
dissipèrent, apparurent des charrettes traînées
par des boeufs, des chariots couverts, des colporteurs sac au dos,
des vendeurs d'images et de chansons, des cavaliers, des moines
mendiants, des pèlerins leur capuchon sur la tête, des
marchands qui se déplaçaient de foires en
marchés, des compagnons accomplissant leur tour de France. Sur
cette route mal entretenue, comme l'étaient toutes les routes
du royaume, au sol tantôt marneux, tantôt
marécageux, où des chars et des chevaux s'embourbaient
dans des fondrières en temps de pluie, si bien que les convois
devaient passer à travers champs, une cohue de piétons,
de cavaliers et de véhicules formait une animation incessante.
Comme si tous ces gens fuyaient quelque chose ou couraient vers un
miracle. Certains, en effet, couraient vers un miracle; les
pèlerins qui mettraient des semaines et des semaines pour
rejoindre Rocamadour, Le Puy, Saint-Jacques-de-Compostelle. Et
comment n'auraient-ils pas cru aux miracles puisqu'il s'en produisait
tous les jours, partout, en tous lieux ; que les romans de geste, les
brochures populaires, les livres pieux attestaient les prodiges et
les guérisons miraculeuses, la résurrection des pendus,
les processions génératrices de pluie et de soleil, la
translation de Nazareth à Lorette, par les anges, de la maison
de la Vierge...
Rabelais, sur sa mule, maugréait. Il avait toujours
trouvé absurdes ces pèlerinages, ces processions. Il se
mit à invectiver la foule et bientôt un rassemblement se
fit autour de lui. Retrouvant sa verve de prêcheur, il
s'exclama:
" Allez-vous-en, pauvres gens,
au nom de Dieu le Créateur, lequel vous soit un guide
perpétuel, et dorénavant ne soyez pas attentifs
à ces inutiles voyages. Entretenez vos familles, travaillez,
chacun en sa vocation, instruisez vos enfants et vivez comme vous
enseigne le bon apôtre saint Paul.C'est un huguenot, il parle
de saint Paul ", hurla un moine. On
commença à ramasser des pierres et à les jeter
sur la mule qui s'emballa. La rapidité de sa monture et son
affolement tirèrent Rabelais d'embarras. Mais Gilles restait
en arrière. Faute d'avoir pu attraper le maître, on se
vengeait sur le valet. Gilles s'appliquait surtout à tenir le
capuchon de son manteau sur sa tête, afin de dissimuler cette
maudite tonsure qui n'arrivait pas à s'effacer. En même
temps, le capuchon amortissait les coups de bâton. Fort
heureusement arriva le convoi d'un important personnage,
couché dans une litière. Son escorte dégageait
la route à coups de fouet. Gilles profita de ce que ses
assaillants soient à leur tour
assaillis pour déguerpir. Il rejoignit Rabelais près du
bois Notre-Dame.
" Je
ne t'abandonnais pas, s'excusa
Rabelais, mais la mule m'a
emporté. Tu comprends maintenant pourquoi je ne veux plus
parler. Dès que j'ouvre la bouche, on me lance des pierres.
(*)
cliquez.
- Et moi qui n'ai rien dit, on me bastonne.
- Dernièrement, à La Rochelle, on a jeté sur le
bûcher à la fois un horloger hérétique et
une horloge qui, sans doute, indiquait une mauvaise heure.
"
Avant la tombée de la nuit, ils
arrivèrent à Étampes. La mule et les deux hommes
avaient du mal à se frayer un passage dans les rues
étroites grouillantes de monde. Les étals des
commerçants regorgeaient de marchandises. Rabelais
s'arrêta devant un poissonnier qui lui vanta ses anguilles, ses
lamproies, ses carpes, ses tanches, ses brochets. Il se contenta de
lui acheter deux harengs. Un épicier lui vanta son sel, son
safran, ses huiles, son vinaigre. Plus loin, il fut
hélé par un marchand de fromages de Brie. On vendait de
tout à Étampes : des paniers, des fagots, des
allumettes, de la moutarde. Des porteurs d'eau, des portefaix, des
crocheteurs poussaient des cris en bousculant la foule. Marchands de
gaufres, marchands d'oublies, boulangers offrant des petits pains
blancs dans des paniers d'osier, tripiers, volaillers, gargotiers,
tous célébraient leurs produits, les chantonnaient, les
criaient à tue-tête.
" Inutile de se comporter
en moines faméliques , dit
Rabelais. Ma bourse contient
quelques écus. Nous souperons et dormirons donc à
l'auberge. Nous garderons les harengs pour demain. "
Le gîte dans lequel ils entrèrent sentait presque aussi
mauvais qu'un cimetière. Une odeur de sueur, de graillon,
d'urine, d'excréments animaux et humains. La salle commune,
enfumée, était encombrée d'une clientèle
qui pérorait, s'exclamait, discutait, se disputait, riait. Des
pichets de vin passaient de main en main. Aucune courtoisie chez ces
gens qui pénétraient dans l'auberge avec leurs bottes
crottées, traînant leurs malles, bousculant les premiers
arrivés, rudoyant les servantes. Habitué depuis si
longtemps à cette brutalité et à cet inconfort,
Rabelais jouait des coudes, imposait sa présence en
élevant la voix. Il réussit à obtenir une
chambre au-dessus de l'écurie, avec un seul lit puisque la
coutume voulait qu'un lit serve au moins à deux personnes,
même si celles-ci ne se connaissaient pas. Rabelais tira la
couverture, regarda les draps crasseux qui n'avaient pas dû
être changés depuis six mois:
" Voilà qui nous
ramène à plus de modestie. Et qui nous évitera
de nous déshabiller. Allons dîner, Gilles, j'ai senti
une odeur d'oie et de rôtissoire. Si toutefois nous sommes
assez malins pour en attraper quelques morceaux..."
Vous êtes dans le groupement de textes consacré au thème du VOYAGE Le VOYAGE au 16è siècle Michel de Montaigne ( 1533-1592 ) L' ART DE VOYAGER Les propos de Montaigne sur le voyage ont gardé toute leur modernité. Non seulement parce qu 'il estime nécessaire à l'éducation intellectuelle et morale de visiter les pays étrangers " pour frotter et limer notre cervelle contre celle d'autrui " , mais parce que lui même a su mettre à profit cette maxime dans le grand voyage qui le mena en Suisse, en Allemagne et en Italie du mois de juin 1580 au mois de novembre 1581. Le voyage me semble un exercice
profitable (*) . L'âme y a une
continuelle exercitation à remarquer les choses
inconnues et nouvelles; et je ne sache point meilleure
école, comme j'ai dit souvent, à former la vie
que de lui proposer incessamment la diversité de tant
d'autres vies, opinions et usages, et lui faire goûter
une si perpétuelle variété de formes de
notre nature [...]. J'ai honte de voir nos hommes enivrés de cette sotte humeur, de s'effaroucher des formes contraires aux leurs : il leur semble être hors de leur élément quand ils sont hors de leur village. Où qu'ils aillent, ils se tiennent à leurs façons et abominent les étrangères. Retrouvent-ils un compatriote en Hongrie, ils fêtent cette aventure : les voilà à se rallier et à se recoudre ensemble, à condamner tant de moeurs barbares qu'ils voient. Pourquoi non barbares, puisqu'elles ne sont pas françaises ? Encore sont-ce les plus habiles qui les ont reconnues, pour en médire. La plupart ne prennent l'aller que pour le venir. Ils voyagent couverts et resserrés dans une prudence taciturne et incommunicable, se défendant de la contagion d'un air inconnu. Montaigne Essais, livre III, chap. IX Edition Pierre Villey; Alcan, 1923 in Guy Dandurand, LE VOYAGE, coll. "Textes pour aujourd'hui", Larousse 1978 * Certaines tournures de langue propres au 16è siècle ont été, ici, modernisées ... ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
VOYAGER du 19è au 20è siècle... Vous êtes dans le groupement de textes consacré au thème du VOYAGE ![]() A cheval au Nouveau-Monde
Ce n'est pas vraiment l'aventure : le
pays est colonisé, les Indiens sont en paix et ces
"Messieurs
d'Orléans" ont quelques
lettres de recommandation. Mais ils évitent de
s'attarder chez les notables : " La seule chose qui m
'intéresse, écrit le
narrateur, est
l'aspect du pays, l'état de la culture, celui des
habitations, des habitants. " Ces
notes de voyage ne reflètent pas l'enthousiasme :
auberges minables, rusticité de l' accueil des colons qui ne comprennent pas ce qu
'on peut bien venir visiter dans ces "régions perdues "... Les voyageurs sont
choqués par le sort fait aux Noirs en Virginie et par
celui qui attend les Indiens que de nouvelles vagues de
colons s'apprêtent à exproprier de leurs
terres. Récemment
édités, ces deux carnets restituent pleinement
ce que pouvait être un journal de route sans souci
d'effets littéraires tel qu'en tenaient alors les
voyageurs lettrés.
"Le matin nous passâmes la
rivière avec M. Strother (2) et
nous fûmes d'abord sur l'emplacement du Fort Loudon
qui est aujourd'hui tout recouvert de broussailles et
où on voit à peine quelques pierrailles et
quelques mouvements de terre qui rappellent son existence.
Près de là, sur la même hauteur, un
Indien a bâti sa cabane ou plutôt sa maison, car
cela ressemble assez aux maisons des pauvres gens de ce
pays-ci. La principale différence est qu'elles sont
un peu plus basses et un peu plus petites et qu'au lieu de
choisir de gros arbres pour les construire, ils en ont pris
de minces et de petits qui leur donnent moins de peine
à couper et à transporter. Ils en bouchent les
interstices avec un mastic fait avec de la terre et du sable
comme chez les paysans
(3). La porte est extrêmement étroite,
mais assez haute pour y entrer sans se baisser. Quand nous
entrâmes chez lui, les hommes mangeaient une soupe
faite avec du lait et du pain de maïs. Ils nous en
offrirent tout de suite selon les règles de
l'hospitalité indienne. Leurs cuillers étaient
de bois et assez bien faites. La forme était plus
pointue et plus triangulaire que celle des nôtres, Le
feu était à l'une des extrémités
de la chambre dans une cheminée comme les
nôtres et les lits, faits avec de la canne
posée en long et sur laquelle on étend des
couvertures, étaient le long de la muraille. La
maison de cet Indien est dans une jolie position : il a
devant lui un grand tapis vert terminé par des
collines couvertes de bois et à l'horizon des
montagnes que l'éloignement fait paraître
bleues (4) . Sur
la gauche, il voit la rivière dont le cours est si
tranquille qu'elle ressemble à un lac, l'île
qu'elle forme près de là et les coteaux qui la
bordent. Nous traversâmes ensuite la plaine que nous
avions devant nous et nous vînmes par un joli pays
à une autre maison dont la situation est aussi
réellement pittoresque. Elle est du même genre
que celle dont je viens de parler, mais quelques arbres
touffus et peu élevés qui sont sur le
côté en rendent l'aspect plus agréable.
En tout je n'ai pas encore vu de pays inculte qui
ressemblât moins que celui-là à un
désert. On y voit des plaines entièrement
découvertes et qui seraient fauchables dans leur
état actuel. Louis-Philippe 19è siècle Journal de mon voyage d' Amérique 1. Les Cherokees de l'Ohio. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Vous êtes dans le groupement de textes consacré au thème du VOYAGE Chateaubriand 19è siècle Libre comme la nature La pensée du XVIIIè siècle, malgré les moqueries de Voltaire, s'est laissé prendre par l'exaltation des mondes naturels . Chateaubriand, tout à la fin du siècle, y trouve moins une leçon de morale naturelle qu'une leçon de religion profonde. Il a inséré dans le récit de son Voyage en Amérique , effectué en 1791, un fragment de Journal sans date, que voici. " Le ciel est pur sur ma tête, l'onde limpide sous mon canot, qui fuit devant une légère brise. A ma gauche sont des collines taillées à pic et flanquées de rochers d'où pendent des convolvulus à leurs fleurs blanches et bleues, des festons de bignonias, de longues graminées, des plantes saxatiles de toutes les couleurs; à ma droite règnent de vastes prairies. A mesure que le canot avance, s'ouvrent de nouvelles scènes et de nouveaux points de vue : tantôt ce sont des vallées solitaires et riantes, tantôt des collines nues ; ici c'est une forêt de cyprès, dont on aperçoit les portiques sombres; là c'est un bois léger d'érables, où le soleil se joue comme à travers une dentelle. Liberté primitive, je te retrouve enfin ! Je passe comme cet oiseau qui vole devant moi, qui se dirige au hasard, et n'est embarrassé que du choix des ombrages. Me voilà tel que le Tout Puissant m'a créé, souverain de la nature, porté triomphant sur les eaux, tandis que les habitants des fleuves accompagnent ma course, que les peuples de l'air me chantent leurs hymnes, que les bêtes de la terre me saluent, que les forêts courbent leur cime sur mon passage. Est-ce sur le front de l'homme de la société, ou sur le mien, qu'est gravé le sceau immortel de notre origine ? Courez vous enfermer dans vos cités, allez vous soumettre à vos petites lois; gagnez votre pain à la sueur de votre front, ou dévorez le pain du pauvre ; égorgez-vous pour un mot, pour un maître ; doutez de l'existence de Dieu, ou adorez-le sous des formes superstitieuses : moi j'irai errant dans mes solitudes ; pas un seul battement de mon coeur ne sera comprimé, pas une seule de mes pensées ne sera enchaînée ; je serai libre comme la nature; je ne reconnaîtrai de souverain que celui qui alluma la flamme des soleils et qui d'un seul coup de sa main fit rouler tous les mondes." CHATEAUBRIAND, Voyage en Amérique On peut trouver le texte intégral du Voyage en Amérique de Chateaubriand aux éditions de la Pléiade. Question : ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Chateaubriand 19è siècle «L'HOMME CIVILISÉ RETOMBÉ DANS L'ÉTAT DE NATURE» ARABES et AMÉRICAINS Le regard porté sur l'Autre par Chateaubriand dans ses récits de voyage manifeste une fondamentale hésitation : l' "homme de nature" est à la fois admiré (en référence à la Nature éternelle dont il est le fruit ) et déprécié ( par rapport à la civilisation ). La comparaison entre les Arabes et les peuples du Nouveau Monde menée dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811) est à cet égard très significative On peut en effet y relever une description de sauvages à mi-chemin entre l'humanité et l'animalité qui conservent «chez les hordes américaines» une liberté et une violence primitives. Cependant, quels que soient les contrastes relevés entre les déserts de l'Orient et les forêts du Canada, entre l'Arabe et l'Américain, chacun d'eux est jugé par rapport à la même échelle de valeurs qui place à son sommet l'état de civilisation que l'homme ne rejoint qu'en montant ou qu'il abandonne en retombant dans l'état de nature. La vision du voyageur qui semble attentive à l'altérité établit pourtant elle-même la distance infranchissable entre deux mondes : celui de l'esthète cultivé nourri de l'héritage des Grecs et des Latins et celui des Indiens qui apparaît comme une dégradation de son idéal. " Il faut les contempler d'un peu loin, se contenter de l'ensemble, et ne pas entrer dans les détails. " Quand Montaigne fait l'éloge de l'homme naturel, quand Rousseau, Diderot et même Voltaire en font le héros de leur fiction ou de leur réflexion philosophique, Chateaubriand n'y voit qu'un spectacle pittoresque pour amateurs de lointaines curiosités. « Les Arabes,
partout où je les ai vus, en Judée, en Egypte
et même en Barbarie, m'ont paru d'une taille
plutôt grande que petite. Leur démarche est
fière. Ils sont bien faits et légers. Ils ont
la tête ovale, le front haut et arqué, le nez
aquilin, les yeux grands et coupés en amandes, le
regard humide et singulièrement doux. Rien
n'annoncerait chez eux l'homme primitif, s'ils avaient
toujours la bouche fermée ; mais aussitôt
qu'ils viennent à parler, on entend une langue
bruyante et fortement aspirée ; on aperçoit de
longues dents éblouissantes de blancheur, comme
celles des chacals et des onces*; différents en cela de
l'Indien américain, dont la férocité
est dans le regard, et l'expression humaine dans la bouche.
Les femmes arabes ont la taille plus haute en proportion que
celle des hommes. Leur port est noble ; et par la
régularité de leurs traits, la beauté
de leurs formes et la disposition de leurs voiles, elles
rappellent un peu les statues des Prêtresses et des
Muses. Ceci doit s'entendre avec restriction : ces belles
statues sont souvent drapées avec des lambeaux ;
l'air de misère, de saleté et de souffrance
dégrade ces formes si pures ; un teint cuivré
cache la régularité des traits ; en un mot,
pour voir ces femmes telles que je viens de les peindre,
il faut les
contempler d'un peu loin, se contenter de l'ensemble, et ne
pas entrer dans les détails. (...) * once : nom d'une variété de panthère. * orignal : élan du Canada et de l' Alaska. A propos de CHATEAUBRIAND, voir aussi le manuel de Littérature " Textes et méthode ", pages 232 à 236, sans oublier la Fiche "GUIDE" consacrée à l' autobiographie, page 237. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
L' ART DE VOYAGER... au XIXè siècle Lire... les Guides de Voyage
Pour le voyageur lettré, l'art de voyager tend à se confondre avec l'art d'écrire. Il appartiendra aux guides de voyage de préciser les itinéraires et de fournir les renseignements pratiques, d 'indiquer au voyageur curieux ce qu'il se doit d'avoir vu. Les premiers guides étaient destinés aux pèlerins, tant il est vrai qu'au Moyen Âge, outre les expéditions militaires et bien entendu les croisades, le pèlerinage est la forme la plus représentative du voyage. Le Guide des chemins de France de 1553 de l'imprimeur Charles Estienne est le premier itinéraire de routes commenté, le modèle de tous ceux qui vont suivre : il sera réédité vingt-huit fois jusqu'en 1668. A partir de 1707 paraîtront les Listes générales des postes et la fin du siècle verra, en Grande-Bretagne, se multiplier les ouvrages consacrés au "grand tour", expression que les éditions françaises de ces ouvrages traduiront par "voyage" ou "tournée" ! Les grandes collections de guides de voyage apparaissent au 19è siècle. D'après l'ouvrage de Marc Boyer sur le tourisme, nous pouvons dresser la brève chronologie suivante: 1836. Premier guide Murray publié par le libraire anglais John Murray (1808- 1892) dans sa collection: Hands books for travellers.
Se reporter également à l' ouvrage de Charles Estienne, Le Guide des Chemins de France de 1553, Edition reprint Jean Bonnerot ; Honoré Champion, 1935, . ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Voyage autour de ma chambre Xavier de Maistre (1763-1832) dans son Voyage autour de ma chambre (1795) se propose de parcourir " le charmant pays de l'imagination " et s'amuse à conter, en quarante-deux chapitres, son "voyage" de quarante deux jours d'un meuble à une gravure, d'un bouquet de fleurs à son bureau. Je pourrais commencer l'éloge de
mon voyage par dire qu'il ne m'a rien coûté;
cet article mérite attention. Le voilà d'abord
prôné, fêté, par les gens d'une
fortune médiocre ; il est une autre classe d'hommes
auprès de laquelle il est encore plus sûr d'un
heureux succès, par cette même raison qu'il ne
coûte rien. Auprès de qui donc ? Eh quoi ! vous
le demandez ? C'est auprès des gens riches.
D'ailleurs, de quelle ressource cette manière de
voyager n'est-elle pas pour les malades ! Ils n'auront point
à craindre l'intempérie de l'air et des
saisons. Pour les poltrons, ils seront à l'abri des
voleurs, ils ne rencontreront ni précipices ni
fondrières. Des milliers de personnes qui avant moi
n'avaient point osé, d'autres qui n'avaient pu,
d'autres enfin qui n'avaient pas songé à
voyager, vont s'y résoudre à mon exemple.
L'être le plus indolent hésiterait-il à
se mettre en route avec moi pour se procurer un plaisir qui
ne lui coûtera ni peine ni argent ? * Qui se retire dans la solitude Xavier de Maistre ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
![]() ![]() Pourquoi voyager ? Ces lignes contemporaines du philosophe Jean Grenier ne proposent pas des paysages lointains ; elles disent seulement que le voyage, loin d'être une manière de se fuir comme on l'a trop souvent affirmé, est l'occasion privilégiée de la rencontre avec soi-même. On vous demande pourquoi vous voyagez. Jean Grenier, Les Iles ( Gallimard, 1959, p. 83-85), ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
J. M. G. Le Clézio L'extase matérielle ( 1971 ) Partir, il faut partir. Il faut quitter vite, disparaître vers les régions de l'anonyme, vers le possible. Partir... Mais pour où ? Quel pays m'attend ? Quelle nouvelle vie, plus vaste, plus libre que l'ancienne pourrait être la mienne ? Comment ne pas traîner avec soi les guenilles familières, comment secouer les jougs, les coutumes, les terribles habitudes qui ont creusé leurs sillons ? Je ne sais pas si cela est possible, oui, s'il est possible vraiment d'oublier, mais j'ai en moi comme cette porte ouverte au bout du très long corridor. Je crois que je peux changer à chaque instant, mais n'est-ce pas une illusion ? Peut-on renier ce que l'on a fait, autrement que par le silence ? Il y a tellement, si l'on y pense, tellement de crochets et de fils qui retiennent un homme. Tant de relations, de noeuds, tant de rails partout... Tant d'inconfort devenu confortable, et l'appel ne passe pas. Longuement, sûrement, l'horizon se bouche, les clôtures se dressent. Tous mensonges, tous hideusement faux, les murs que sont les objets, les sentiments, les sensations familières, nécessaires comme des drogues. Est-ce cela, un homme ? Est-ce cette somme de liens et d' habitudes ? Est-ce cet exilé du voyage ? Si c'est vrai, c'est qu'il ne peut pas quitter. Ici ou ailleurs, il cherchera les entraves, il s'enfoncera dans la terre pour ne pas être seul, pour ne pas être son maître. L ' extase matérielle , Éd. Gallimard,1971, Seconde Turquoise Columbus ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Vous êtes dans le groupement de textes consacré au thème du VOYAGE T O U R I S M E Nous ne croyons plus qu'il y ait dans une cité, dans une nation, des parties nobles et des parties infâmes.Nous pensons qu'un pays est un organisme complexe dont chaque organe s'explique par tous les autres. Nous pensons qu'une belle ruine est un vestige du passé, mais qu'elle est aussi une partie vivante d'une ville moderne. Nous aimerions savoir ce que les habitants pensent d'elle, s'ils passent avec indifférence le long de ses murs ou s'ils en sont fiers. Mais pour cela il faudrait qu'on nous apprenne ce qu'ils font lorsque nous ne sommes pas là, quels sont leurs travaux, leur alimentation, leurs soucis. Je crois que cette phrase de Camus résume assez bien nos curiosités présentes : "Une manière commode de faire la connaissance d'une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt". C'est notre temps qui nous intéresse et le passé dans notre temps. Combien de fois en descendant une rue pour aller visiter quelque monument ai-je enragé de ne pas savoir qui vivait dans les maisons que je longeais et comment on y vivait. Je rêvais alors d'un guide qui me racontât l'histoire de tous les locataires. Il faut y renoncer : on ne peut pas emmener le Bottin avec soi. Mais il est certain que les ouvrages qui renseignent le touriste contemporain devraient tenir compte de ses aspirations nouvelles. Sans rien sacrifier des renseignements historiques et artistiques,on devrait y développer les parties consacrées à la vie présente. L'économie d'abord. Une ville possède une église romane : c'est fort bien. Mais de quoi vit-elle ? Quelle place occupe-t-elle dans le pays ? Quelles sont ses industries ? Les questions sociales ensuite : quels sont les caractères démographiques de la région considérée ? D'où viennent ses habitants? Quelles sont les classes entre lesquelles ils sont répartis ? Quelles sont les revendications sociales qui leur sont particulières ? Y a-t-il des sources permanentes de conflit entre les hommes, entre les classes, entre les industries, entre cette ville et les autres villes de la contrée ? Et, puisque, comme dit Camus, on connaît un pays quand on sait comment on y aime et comment on y meurt, qu'on nous donne quelques renseignements sur les mariages, les naissances, les morts, les rythmes saisonniers de la vie. Jean-Paul SARTRE, Préface du Guide Nagel sur la Suède QUESTIONS sur le texte de J.P. Sartre 1 Expliquez ces mots et expressions : le passé dans notre temps, église romane, caractères démographiques, classes . 2 A l'aide d'exemples précis, expliquez la première phrase . 3 Quel enrichissement l'auteur attend-il du tourisme ? ( Se place-t-il davantage sur le plan artistique ou sur le plan humain ? ) Quel sentiment pour l'homme nous révèle cette attitude de l'auteur ? 4 Relevez un court passage dans lequel on devine l'humour de l'auteur. ARGUMENTATION Au choix, traitez le sujet A ou le sujet B : touristes d'autrefois, celle des touristes d'aujourd'hui. Laquelle a votre préférence ? Pourquoi ? Traitez le sujet à partir d'un exemple précis. B. Voyages à l'aventure, voyages préparés : lesquels ont votre préférence ? Pour quelles raisons ? ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
adieu le ciel et la maison L'amertume des voyages forcés redonne de la douceur au pays que l'on a dû quitter. Le thème que développait Du Bellay exilé à Rome (voir poème "Heureux qui comme Ulysse...", page 67 de votre manuel de Littérature "Textes et méthode" ) a trouvé une nouvelle jeunesse quand les bouleversements de la dernière guerre mondiale ont fait, une fois de plus, de l'exil une affaire collective. Le poète Aragon, à cette époque, exprime les sentiments d'un jeune homme que la guerre entraîne loin de chez lui ; dans la suite du poème, les noms de villages suffisent à évoquer la patrie lointaine. Prairie adieu mon espérance Adieu belle herbe adieu les blés Et les raisins que j'ai foulés Adieu mes eaux vives ma France Adieu le ciel et la maison Tuile saignante ardoise grise Je vous laisse oiseaux les cerises Les filles l'ombre et l'horizon J'emmène avec moi pour bagage Cent villages sans lien sinon L'ancienne antienne de leurs noms L'odorante fleur du langage Une romance à ma façon Amour de mon pays mémoire Un collier sans fin ni fermoir Le miracle d'une chanson Un peu de terre brune et blonde Sur le trou noir de mon chagrin J'emmène avec moi le refrain De cent noms dits par tout le monde Questions ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Vous êtes dans le groupement de textes consacré au thème du VOYAGE Claude Lévi-Strauss Tristes tropiques ( 1955 ) Ethnologue, C. Lévy - Strauss a beaucoup voyagé. Cette expérience lui permet de porter sur les voyages un regard critique. Voyages, coffrets magiques aux promesses
rêveuses, vous ne livrerez plus vos trésors
intacts. Une civilisation proliférante et
surexcitée trouble à jamais le silence des
mers. Les parfums des tropiques et la fraîcheur des
êtres sont viciés par une fermentation aux
relents suspects, qui mortifie nos désirs et nous
voue à cueillir des souvenirs à demi
corrompus. Tristes tropiques , 1ère partie, La fin des voyages, ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
Vous êtes dans le groupement du thème consacré au VOYAGE des textes ( ? ) ![]() La fureur de voyager Pour toute une
génération américaine , le voyage est
une façon d'échapper à soi-même,
ou à la personnalité qu'une
société contestée a formée. Jack
Kerouac, dans son roman Sur la route (1957), exalte avec lyrisme les vagabondages
vers 1' Ouest de quelques jeunes gens plus ou moins en marge
de la société, à la recherche d'un
monde primitif qu'ils croient trouver au Mexique - mais
d'abord et surtout à la recherche de la
liberté.
JACK KEROUAC, Sur la route trad. J. Houbard, Questions : 2 Noter le contraste entre la camaraderie et la solitude des voyageurs. 3 Chercher dans les autres textes étudiés et dans vos lectures personnelles, des cas où le voyage est, comme ici, un moyen d'épanouissement spirituel, de transformation psychologique ou d' apprentissage. ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil |
![]() N.B.: ce texte fait directement suite à l' extrait intitulé " Fureur de voyager"... Sur la route
C' était triste de les voir partir ; je savais que je ne verrais plus aucun d'eux, mais c' était comme ça. Jack Kerouac Sur la route, 1957 Gallimard, Folio, pp. 44 et 54-55 ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Retour à l'accueil ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() VOUS SORTEZ DU VOYAGE GROUPÉ |
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