S T O C K F E L D

Photos ..Yves Clady..©.Copyright juillet-août 2004

(Stockfeld signifie «champ gagné sur la forêt»)

Introduction ... Plans ... Transports ... Stockfeld 1 ... Stockfeld 2 ...Safari ... "Indiens" et bâtisseurs ...Ecologie ... Architecture et habitat ... Galerie d'art....Flâneries photographiques ...Ignace d'Antioche ... Thomas More ... Richardson .... Jules Verne ... William Morris ..Ebenezer Howard ...F.L Wright... Documentation ..... Restauration

La Cité - Jardin selon Ebenezer HOWARD ( 1850 - 1928 )

Extraits de son ouvrage Cités-Jardins de demain ( 1898, rééd. 1902 )


L' idée de la Cité-jardin

"Il y a, en réalité, non pas seulement comme on l'affirme constamment, deux possibilités - la vie à la ville et la vie à la campagne - mais une troisième solution, dans laquelle tous les avantages de la vie de ville la plus active et toute la beauté et les délices de la campagne peuvent être combinés d'une manière parfaite...

La ville et la campagne peuvent être considérées comme deux aimants, chacun cherchant à attirer à lui la population, rivalité dans laquelle une nouvelle forme de vie, participant des deux premières, vient s'interposer."

 

 


L'aimant ville - campagne

"On verra que l'Aimant-Ville, comparé à l'Aimant-Campagne, offre les avantages de hauts-salaires, d'occasions d'emploi, de prévisions tentantes d'avancement ; mais ces avantages sont largement contrebalancés par des loyers et des prix élevés. La vie sociable qu'elle offre et ses lieux d'amusement sont très attirants ; mais des heures excessives de travail de jour et de nuit, l'éloignement du chantier et l'"isolement des foules" tendent grandement à réduire la valeur de ces bonnes choses. Les rues bien éclairées sont une grande attraction, spécialement en hiver ; mais la lumière du soleil est de plus en plus obturée et l'air si vicié que les beaux monuments publics, comme les moineaux, se recouvrent rapidement de suie et que les plus belles statues sont enlaidies. Des palais somptueux et des ruelles effrayantes sont les deux attraits étranges et complémentaires des cités modernes.

Il y a, dans la campagne, de belles vues et des parcs seigneuriaux, les forêts parfumées, l'air frais, le murmure des eaux. Les loyers, estimés à l'acre, sont certainement bas, mais ces loyers bas sont la conséquence naturelle de bas salaires plutôt qu'une source de confort substantiel, tandis que les longues heures et le manque d'amusement font que la lumière du soleil et l'air pur ne parviennent plus à réjouir les coeurs. L'unique industrie, l'agriculture, souffre fréquemment de pluies excessives, à quoi s'ajoutent, dans les temps de sécheresse également fréquents, la pénurie d'eau, d'eau à boire même."

"Ni l'Aimant-Ville, ni l'Aimant-Campagne ne réalisent complètement le but d'une vie vraiment conforme à la nature. Il faut que les deux aimants ne fassent qu'un.

La ville est symbole de société - d'aide mutuelle et d'amicale coopération, de paternité, maternité, fraternité, de large relation d'homme à homme, d'expansives sympathies, de science, d'art, de culture, de religion. Et la campagne ? La campagne est le symbole de l'amour et des libéralités de Dieu pour l'homme. Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons nous vient d'elle. Nos corps sont formés d'elle et retournent à elle. Par elle nous sommes nourris, habillés, logés et abrités. Sa beauté est l'inspiration de l'art, de la musique et de la poésie. Ses forces animent les volants de l'industrie. Mais sa plénitude de joie et de sagesse ne s'est pas révélée à l'homme et elle ne pourra pas se révéler aussi longtemps que cette séparation impie, anti-naturelle, persistera entre la société et la nature. "

"La ville et la campagne doivent être mariées, et de cette joyeuse union jaillira un nouvel espoir, une nouvelle vie, une nouvelle civilisation. Le but de cet ouvrage est de montrer comment le premier pas dans cette voie peut être fait par la construction d'un aimant Ville-Campagne ; et j'espère convaincre le lecteur que ceci est pratiquement réalisable, ici et maintenant et sur les principes qui sont vraiment les plus sains, au point de vue tant éthique qu'économique.

La construction d'un tel aimant, si elle pouvait être réalisée et suivie de la construction de beaucoup d'autres, fournirait certainement la solution de la question brûlante : " Comment refouler la marée de la migration de la population dans les villes et rendre cette population à la terre ?"


Note : dans son introduction, Howard expose les constats qui l'ont amené à son idée de "cité-jardin" et il achève cette présentation par une question, une problématique découlant directement de cette réflexion : il va s'employer, dans son ouvrage, à justifier la solution qu'il propose en détaillant ce projet...


Le modèle

Le centre public

"Six boulevards magnifiques - chacun de 36 mètres de largeur - traversent la cité du centre à la circonférence, la divisant en six parties ou quartiers. Au centre est un espace de 2 hectares environ, consacré à un beau jardin bien arrosé ou irrigué ; et autour de ce jardin se trouvent, chacun sur son terrain propre et spacieux, les plus grands bâtiments publics : hôtel de ville, salle de concert et de lecture, théâtre, bibliothèque, musée, galerie de peinture et hôpital.

Maisons

Vers le boulevard extérieur de la ville, nous croisons la Cinquième Avenue, bordée d'arbres, comme toutes les voies de la ville et le long de laquelle nous trouvons une ceinture de maisons excellemment bâties, chacune érigée sur son propre et spacieux terrain ; et si nous continuons notre promenade, nous observons que les maisons sont bâties, pour la plupart, soit en anneaux concentriques, faisant face aux différentes avenues ( puisque ce dernier terme désigne les voies circulaires ) soit le long des boulevards et des voies qui convergent tous et toutes vers le centre de la ville. "


Population

"Demandant à l'ami qui nous accompagne dans notre tournée quelle peut être la population de cette petite ville, il nous répond qu'il y a environ 30 000 âmes dans la ville même et 2000 dans la propriété agricole, et qu'il y a dans la ville 5500 lots à bâtir d'une superficie moyenne de 6,5 m x 44 m, l'espace minimum étant de 6,5 m x 33 m. Remarquant l'architecture et les dispositions très variées qu'affectent les maisons et les groupes de maisons - certaines ayant des jardins communs et des cuisines coopératives -, nous apprenons que l'observance du tracé des rues ou les façons harmonieuses de s'en écarter sont les points principaux touchant les bâtisses, sur lesquelles les autorités municipales exercent un contrôle ; car les préférences et les goûts individuels sont encouragés dans la mesure la plus entière, sans préjudice pour les dispositions sanitaires adéquates, qui sont strictement imposées."


Le Crystal Palace

Tout autour du Parc Central ( excepté aux intersections avec les boulevards ) se développe une large arcade vitrée dénommée "Crystal Palace", s'ouvrant sur le parc. Cette construction est, par temps pluvieux, l'une des ressources favorites du public ; la certitude de la proximité de ce clair abri invite le public au Parc Central, même par les temps les plus douteux. Ici, des produits manufacturés très divers sont exposés à la vente, et ici se font la plupart de ces sortes d'emplettes pour lesquelles le public aime à délibérer et à choisir à l'aise. L'espace clos par le Crystal Palace est toutefois plus grand que ces services ne l'exigent et une partie considérable en est utilisée comme jardin d'hiver. Le tout forme une exposition permanente du caractère le plus attrayant, tandis que sa forme circulaire le met à faible portée de tous les habitants de la ville, le plus éloigné de ceux-ci se trouvant à moins de 550 mètres.


Le
Crystal Palace sera non seulement le centre d'achat de la ville ou du district et une exposition permanente où les fabricants de la ville étalent leurs produits, mais encore un jardin d'été et d'hiver.


Le commerce

La Ville-Jardin est seule propriétaire du terrain et elle peut accorder à long bail, à un locataire, par exemple un commerçant privé ou une société en draps ou articles de fantaisie, un certain espace dans la Grande Arcade ( Crystal Palace ) contre un loyer-contributif annuel déterminé.

A suivre...



Initiative individuelle garantie

Les commerçants de la ville - qu'ils soient personnes individuelles ou sociétés coopératives - seraient, sinon au sens strict et technique des mots, du moins dans un sens très réel, des serviteurs municipaux. Toutefois ils ne seraient pas liés par la routine officielle et auraient les droits et les pouvoirs les plus complets d'initiative.

Ils pourraient même vendre notablement en dessous du prix qui prévaut ailleurs ; cependant, ayant un commerce assuré et étant en mesure de jauger très exactement la demande, ils pourraient consacrer et recouvrer leur capital avec une remarquable fréquence. Leurs frais d'exploitation seraient extraordinairement faibles.

 


L' avenir

"La Ville-Jardin s'est, supposerons-nous, accrue jusqu'à atteindre une population de 32 000 âmes. De quelle manière doit-elle croître ? Comment pourvoira-t-elle aux besoins d'autres habitants qui seraient attirés par ses nombreux avantages ? Empiètera-t-elle sur la zone des terrains agricoles qui l'entourent et détruira-t-elle ainsi à jamais son droit d'être appelée Ville-Jardin ? Sûrement non ! On aboutirait à ce résultat désastreux si le terrain entourant la ville était, comme le terrain autour de nos villes actuelles, propriété individuelle d'hommes soucieux d'en tirer profit. Car alors, dès l'instant où la ville serait bâtie, le terrain agricole se trouverait "mûr" pour la bâtisse.

Une division cellulaire

Supposons, dès à présent, la Ville-Jardin construite. Sa population a atteint 32 000 habitants. Comment croîtra-t-elle ? Elle croîtra en établissant - probablement avec l'intervention des Pouvoirs Parlementaires - une autre ville à quelque distance au delà de sa zone de Jardins et de Campagne, de sorte que la nouvelle ville pourra posséder en propre une autre zone de Jardins ou de Campagne. J'ai dit "en établissant une autre ville", et, pour des raisons administratives, il y aurait deux villes ; mais les habitants de l'une pourraient atteindre l'autre en quelques minutes, car un moyen rapide de transport serait établi, et ainsi la population des deux villes représenterait en réalité une communauté."

 


La ville des villes

"Et ce principe de croissance - principe qui consiste à conserver toujours une ceinture de campagne ou jardin autour de nos villes - serait tenu présent à l'esprit jusqu'à ce que, au cours du temps, nous ayons un groupe de villes, non pas évidemment arrangé suivant la forme géométrique rigide de mon diagramme, mais groupées autour d'une ville centrale, de manière que tout habitant du groupe entier, quoique en un sens vivant dans des villes de peu d'étendue, vivrait en réalité dans une ville considérable et magnifique et jouirait de tous ses avantages ; et cependant toutes les fraîches jouissances de la campagne : les champs, les buissons, les bois, outre les jardins et les parcs, se trouveraient à quelques minutes de promenade. Parce que la population possède en sa qualité collective le terrain sur lequel ce beau groupe de villes est bâti, les bâtiments publics, les églises, les écoles et les universités, les bibliothèques, les galeries de peinture, les théâtres seraient à un degré de magnificence qu'aucune ville du monde où le terrain est propriété privée et individuelle ne peut offrir."


Communications

"J'ai dit que les habitants de cette belle ville ou de ce beau groupe de villes créeront des transports rapides par chemins de fer. Il y a, d'abord, une ligne inter-municipale reliant entre elles toutes les villes du cercle extérieur - 32 km de développement - de sorte que pour aller d'une ville quelconque à sa voisine la plus éloignée, on n'aura pas à parcourir plus de 16 kilomètres, ce qui se ferait en 12 minutes. Ces trains ne feraient pas arrêt entre les villes, les moyens de communication à cet effet étant représentés par des trains électriques qui croisent les chaussées et qui sont nombreux, chaque ville étant reliée à ses voisines par une ligne directe.

Il y a aussi un système de chemin de fer qui met chaque ville du cercle extérieur en communication directe avec la Ville Centrale. La distance de chaque ville au coeur de la Ville Centrale n'est que de 5 km 1/4 et peut être facilement couverte en cinq minutes.

Ceux qui savent par expérience la difficulté d'aller d'un des faubourgs de Londres à l'autre verront tout de suite l'avantage énorme dont profiteraient les habitants d'un groupe de villes tel que celui que j'ai figuré, parce qu'ils auraient pour les servir un système et non un chaos de voies ferrées. La difficulté éprouvée à Londres est due en effet au manque de prévisions et de préarrangement."


Rompre avec le présent

Quelques-uns de mes amis ont fait valoir qu'un tel schéma de groupe de villes est assez bien adapté à un pays neuf, mais qu'il en va tout autrement dans un pays aménagé de vieille date, avec ses villes bâties et son "système" de chemin de fer pour la plus grande partie construit. Non, cela ne peut pas être ; au moins cela ne peut pas être pour longtemps. Ce Qui Est peut empêcher pour un temps Ce Qui Devrait Etre, mais ne peut pas arrêter la marche du progrès. Ces villes surpeuplées ont rempli leur mission ; elles étaient ce que pouvait construire de mieux une société basée grandement sur l'égoïsme et la rapacité. C'est pourquoi j'insiste auprès du lecteur pour qu'il ne prenne pas comme chose acquise que les grandes villes, au sujet desquelles il nourrit peut-être un orgueil pardonnable, sont nécessairement, dans leur forme présente, tant soit peu plus permanentes que le système de la diligence, qui fut l'objet d'une si vive admiration, juste au moment où elle était sur le point d'être supplantée par le chemin de fer. La question simple à envisager, et cela résolument, est celle-ci : de meilleurs résultats peuvent-ils être obtenus en partant d'un plan hardi sur un terrain comparativement vierge, qu'en essayant d'adapter nos vieilles villes à nos besoins nouveaux et plus élevés ? Si on envisage ainsi la question, on ne peut y répondre que par l'affirmative ; et, dès que ce simple fait aura été bien saisi, la révolution sociale commencera vite."

 

Garden-Cities of Tomorrow, nouvelle éd. avec préfaces de Sir F. Osborn & Prof. L. Mumford, Faber & Faber, Londres, 1946. Traduction française par L.E. Crepelet : Villes-jardins de demain, Tientsi Press Limited, Chine, 1902. ( Pages 15-26, 83-84, 77-79, 81, 128, 134.)

Extraits figurant également dans l'anthologie de Françoise CHOAY, L'Urbanisme, utopies et réalités, éd. du Seuil, coll. Points 1965 ( pages 278 à 289 ).

A ..S U I V R E ...


 

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Yves Clady..©.Copyright juillet-août 2004

 


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