Médecin anglais
renommé, auteur d'une série de travaux
scientifiques remarquables par leur diversité et leur
originalité, B.W. Richardson
fit des recherches dans différents domaines de la
médecine comme la coagulation sanguine
(
The Cause of Coagulation of the Blood, 1858 ), la
phtisiologie ( On the Hygienic of
Pulmonary Comsumption, 1856 ) et
l'anesthésiologie
( On a
Local Anesthesia by Ether Spray ) - domaine dans
lequel il inventa lui-même des appareils de
réanimation. Ses travaux sur la
toxicologie sont
parmi les premiers à avoir mis en évidence les
effets nocifs de l'alcool et du
tabac. Il publia également
un ouvrage sur les Maladies
de la vie moderne (1875). Enfin, il s'intéressa
particulièrement à l'épidémiologie et à l'hygiène.
On lui doit la création
du Journal of Public Health and Sanitary
Review (
1855-1859) et de la Social Science Review
(1862).
Sa ville
utopique, Hygeia (1876
), largement inspirée dans
sa forme par l'Utopia
de Thomas
More ( XVIè
siècle ), fut initialement
une communication au congrès de 1875 de la
Social Science
Association dont il présidait la
section
Santé : il avait
d'abord préparé un rapport sur les
statistiques de mortalité, qu'il remplaça, au
dernier moment, par un exposé plus abordable des
moyens qu'il préconisait pour lutter contre le
déplorable état sanitaire des grandes villes.
La publication d' Hygeia connut un
succès foudroyant et une diffusion mondiale.
Après cet ouvrage, Richardson publia encore, en
particulier :
- The Future of Sanitary
Science (1877)
- The Health of Nations
( 1887 )
EXTRAITS d' HYGEIA
La population de la cité
peut être évaluée à 100 000
personnes vivant dans 20 000 maisons, construites sur 4000
acres de terrain, à raison d'une moyenne de 25
personnes par acre. Ceci peut sembler une vaste population
par rapport à l'espace occupé mais,
étant donné que l'effet de la densité
sur la vitalité ne se manifeste de façon
déterminante que lorsque celle-ci atteint un
degré extrême, comme à
Liverpool et Glasgow, on peut
avancer ces chiffres.
Hygiène et
gabarits
L'hygiène de la population
est garantie contre les dangers de cette forte
densité grâce au type de maison choisi qui
permet d'assurer une distribution homogène de la
population. Les maisons élevées qui
assombrissent les rues et impliquent l'entrée unique
pour plusieurs logements ne sont nulle part
autorisées. Dans les quartiers d'affaires, qui
exigent des centres commerciaux ou des boutiques, les
édifices ont quatre étages et, dans certaines
rues des quartiers ouest où les maisons sont
séparées, on trouve également des
édifices de trois à quatre étages ;
mais, d'une façon générale, il
apparaît néfaste de dépasser cette
hauteur ; les étages seront limités à
quinze pièces ; aucun bâtiment ne devra
dépasser 60 pieds.
Communications et espaces
verts
La surface de notre cité
permet l'établissement de deux vastes rues
principales ou boulevards qui vont d'Est en Ouest et
constituent les principales voies de communication. Sous
chacune d'elles se trouve une voie ferrée
destinée à tout le trafic lourd. Les rues
Nord-Sud qui coupent les principales voies de circulation
à angle droit et les rues secondaires qui leur sont
parallèles sont toutes fort larges et, du fait de la
faible hauteur des maisons, elles sont parfaitement
ventilées et bien ensoleillées pendant la
journée. Elles sont plantées d'arbres des deux
côtés. Tous les espaces intermédiaires
entre les façades arrière des maisons sont des
jardins. Les églises, théâtres, banques,
hôpitaux, salles de conférences et autres
édifices publics , de même que certains
édifices privés comme les entrepôts et
les étables, sont indépendants, formant des
morceaux de rues et occupant la position de plusieurs
maisons. Ils sont entourés d'un espace jardinier et
contribuent non seulement à la beauté de la
cité, mais à sa salubrité.
La maison-type
Les immeubles sont bâtis
dans une brique qui présente les avantages sanitaires
suivants : elle est vernissée et totalement
imperméable à l'eau, de telle sorte que,
pendant les saisons humides, les murs ne sont pas
saturés par des tonnes d'eau, comme c'est le cas de
tellement de nos résidences actuelles. Les briques
sont perforées transversalement et, à
l'extrémité de chacune, il y a une ouverture
de coin dans laquelle on n'insère aucun mortier et
par quoi toutes les ouvertures communiquent entre elles.
Grâce à ce dispositif en nids d'abeilles, les
murs renferment en permanence une masse d'air introduite par
les ouvertures latérales du mur extérieur. Les
briques qui forment les murs intérieurs de la maison
sont vernissées de couleurs différentes au
choix des propriétaires ; elles sont si
élégamment assemblées que tout ornement
supplémentaire est inutile.
Hygeia,
a City of Health, Macmillan,
1876, Londres
|