Introduction.. .Plans ... Transports ... Stockfeld
1 ...
Stockfeld
2 ...Safari .. "Indiens"
et bâtisseurs ...Ecologie ... Architecture et
habitat ...
Galerie
d'art....Flâneries
photographiques
...Ignace
d'Antioche
... Thomas
More ... Richardson .... Jules
Verne
... William
Morris
..Ebenezer
Howard
...F.L
Wright...
Documentation .. Restauration
Jules
VERNE
Les cinq cents millions de la
Bégum
.. (1879 )
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Ce romancier
français, né à Nantes en 1828 et mort
à Amiens en 1905, fut l'un des écrivains
majeurs de l'anticipation et de la prospective dont les
héros sont physiciens, astronomes, ingénieurs
ou, plus généralement, inventeurs. Très
attentif à la portée sociale de ses romans, il
ne pouvait pas rester indifférent aux problèmes urbains. C'est à ce titre qu'il
écrivit Les cinq
cents millions de la Bégum où il oppose deux conceptions de la
ville : "France-Ville", la ville idéale ( très
inspirée d' Hygeia de
Richardson ) et "Cité
de l'Acier", la ville de
toutes les horreurs, qui symbolise les grandes
conurbations industrielles. Si Jules Verne a surtout anticipé
dans le domaine des machines et des moyens de communication,
sa foi dans la puissance créatrice de la technique ne
lui a pas inspiré la vision optimiste d'une
ville-machine. Avec Les cinq
cents millions de la Bégum, il a donc préféré -
à l'instar de l'écrivain britannique
Richardson*, auteur du
roman Hygeia,
au titre
révélateur - une formule plus humaine
où l'apport essentiel du progrès se
résume dans l'hygiène...
*
Note : Jules Verne reconnaît
lui-même cette filiation dans une note du chapitre 10
de son ouvrage : "Ces prescriptions, ainsi que l'idée
générale du Bien-Etre, sont empruntées
au savant Docteur Benjamin Ward Richardson, membre de la
Société royale de Londres."
Extraits du roman
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Discours du Dr Sarrasin
Le
modèle hygiéniste
"Messieurs,
parmi les causes de maladie, de misère et de
mort qui nous entourent, il faut en compter une
à laquelle je crois rationnel d'attacher une
grande importance : ce sont les conditions
hygiéniques déplorables dans
lesquelles la plupart des hommes sont
placés. Ils s'entassent dans des villes,
dans des demeures souvent privées d'air et
de lumière, ces deux agents indispensables
de la vie. Ces agglomérations humaines
deviennent parfois de véritables foyers
d'infection. Ceux qui n'y trouvent pas la mort sont
au moins atteints dans leur santé ; leur
force productive diminue et la
société perd ainsi de grandes sommes
de travail qui pourraient être
appliquées aux plus précieux usages.
Pourquoi ne réunirions-nous pas toutes les
forces de notre imagination pour tracer le plan d'une
cité-modèle sur des données
rigoureusement scientifiques ? (
Oui ! Oui !
c'est vrai ! )
Pourquoi ne consacrerions-nous pas ensuite le
capital dons nous disposons à édifier
cette ville et à la présenter au
monde comme un enseignement pratique... ?
"
|
Un article de l' "UNSERE
CENTURIE", revue allemande
"Le comité
directeur de Franceville s'était contenté de
poser un certain nombre de règles fixes, auxquelles
les architectes étaient tenus de se plier
:
1° - Chaque maison
sera isolée dans un lot de terrain planté
d'arbres, de gazon et de fleurs. Elle sera affectée
à une seule famille.
2° - Aucune maison
n'aura plus de deux étages ; l'air et la
lumière ne doivent pas être accaparés
par les uns au détriment des autres.
3° - Toutes les
maisons seront en façade, à dix mètres
en arrière de la rue.
4° - Les murs
seront faits de briques tubulaires brevetées,
conformes au modèle.
5° - Les toits
seront en terrasse, légèrement inclinés
dans les quatre sens, couverts de bitume, bordés
d'une galerie assez haute pour rendre les accidents
impossibles, et soigneusement canalisés pour
l'écoulement immédiat des eaux de
pluie.
6° - Toutes les
maisons seront construites sur une voûte de
fondations, ouverte de tous côtés, et formant
sous le premier plan d'habitation un sous-sol
d'aération en même temps qu'une halle. Les
conduits d'eau et les décharges y seront à
découvert, appliqués au pilier central de la
voûte, de telle sorte qu'il soit toujours aisé
d'en vérifier l'état et, en cas d'incendie,
d'avoir immédiatement l'eau nécessaire. L'aire
de cette halle, élevée à cinq ou six
centimètres au-dessus du niveau de la rue, sera
proprement sablée. Une porte et un escalier
spécial la mettront directement en communication avec
les cuisines.
7° - Les cuisines,
officines ou dépendances seront, contrairement
à l'usage ordinaire, placées à
l'étage supérieur et en communication directe
avec la terrasse, qui en deviendra ainsi la large annexe en
plein air.
8° - Le plan des
appartements est laissé à la fantaisie
individuelle. Mais deux dangereux éléments de
maladie, véritables nids à miasmes et
laboratoires de poisons, en sont impitoyablements proscrits
: les tapis et les papiers peints. (Les) murs (sont)
revêtus de briques vernies. On les lave comme on lave
les glaces et les vitres, comme on frotte les parquets et
les plafonds. Pas un germe morbide ne peut s'y mettre en
embuscade.
9° - Chaque chambre
à coucher est distincte du cabinet de toilette. On ne
saurait trop recommander de faire de cette pièce
où se passe un tiers de la vie, la plus vaste, la
plus aérée et, en même temps, la plus
simple. Elle ne doit servir qu'au sommeil.
10° - Chaque
pièce a sa cheminée. Quant à la
fumée, au lieu d'être expulsée par les
toits, elle s'engage à travers des conduits
souterrains qui l'appellent dans des fourneaux
spéciaux établis aux frais de la ville.
Là, elle est dépouillée des particules
de carbone qu'elle emporte, et déchargée
à l'état incolore, à une hauteur de
trente-cinq mètres dans
l'atmosphère.
Telles sont les dix
règles fixes imposées pour la construction de
chaque habitation particulière.
Les dispositions
générales ne sont pas moins soigneusement
étudiées."
|
La ville orthogonale
"Et
d'abord, le plan de la ville est essentiellement simple et
régulier, de manière à pouvoir se
prêter à tous les développements. Les
rues, croisées à angle droit, sont
tracées à distances égales, de largeur
uniforme, plantées d'arbres et
désignées de numéros d'ordre.
De
demi-kilomètre en demi-kilomètre, la rue, plus
large d'un tiers, prend le nom de boulevard ou avenue, et
présente sur un de ses côtés une
tranchée à découvert pour les tramways
et les chemins de fer métropolitains. A tous les
carrefours, un jardin public est réservé.
Pour
obtenir le droit de résidence à
France-Ville, il est nécessaire de donner de
bonnes références, être apte à
exercer une profession utile ou libérale, dans
l'industrie, les sciences ou les arts, de s'engager à
observer les lois de la ville. Les existences oisives n'y
seraient pas tolérées.
Les
édifices publics sont déjà en grand
nombre. Les plus importants sont la cathédrale, un
certain nombre de chapelles, les musées, les
bibliothèques, les écoles et les gymnases,
aménagés avec un luxe et une entente des
convenances hygiéniques véritablement dignes
d'une grande cité.
Inutile de
dire que les enfants sont astreints dès l'âge
de quatre ans, à suivre les exercices intellectuels
et physiques, qui peuvent seuls développer leurs
forces cérébrales et musculaires. On les
habitue tous à une propreté si rigoureuse,
qu'ils considèrent une tache sur leurs simples habits
comme un déshonneur véritable."
L'hygiène
en détail
"Cette
question de la propreté individuelle et collective
est du reste la préoccupation capitale des fondateurs
de France-Ville. Nettoyer, nettoyer sans cesse,
détruire et annuler, aussitôt qu'ils sont
formés, les miasmes qui émanent constamment
d'une agglomération humaine, telle est l'oeuvre
principale du gouvernement central. A cet effet, les
produits des égouts sont centralisés hors de
la ville, traités par des procédés qui
en permettent la condensation et le transport quotidien dans
les campagnes.
L'eau coule
partout à flots. Les rues pavées de bois
bitumé, et les trottoirs de pierre sont aussi
brillants que le carreau d'une cour hollandaise. Les
marchés alimentaires sont l'objet d'une surveillance
incessante. Cette police sanitaire, si nécessaire et
si délicate, est confiée à des hommes
expérimentés, à de véritables
spécialistes, élevés à cet effet
dans les écoles normales.
Leur
juridiction s'étend jusqu'aux blanchisseries. Aucun
linge de corps ne revient à son propriétaire
sans avoir été véritablement blanchi
à fond.
Les
hôpitaux sont peu nombreux, car le système de
l'assistance à domicile est général. Il
est à peine besoin d'ajouter que l'idée de
faire d'un hôpital un édifice plus grand que
tous les autres et d'entasser dans un même foyer
d'infection sept à huit cents malades, n'a pu entrer
dans la tête d'un fondateur de la cité
modèle.
On ne
finirait pas si l'on voulait citer tous les
perfectionnements hygiéniques que les fondateurs de
la ville ont inaugurés. Chaque citoyen reçoit,
à son arrivée, une petite brochure où
les principes les plus importants d'une vie
réglée selon la science sont exposés
dans un langage simple et clair."
Jules VERNE, Les cinq cents millions de la
Bégum, Ed. J. Hetzel, Paris 1879 ( pages 25-26,
100-103.)
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