( Stockfeld signifie «champ gagné sur la forêt» )

 Photos .. Yves Clady..©.Copyright juillet-août 2004

La Cité - Jardin du Stockfeld

Introduction ... Stockfeld 1 ...Stockfeld 2 ...Safari .. "Indiens" et bâtisseurs ...Ecologie .. Architecture et habitat .. Galerie d'art ..Flâneries photographiques ...Plans .. Transports

Ignace d'Antioche .. Thomas More .. Richardson ...Jules Verne .. William Morris .. Ebenezer Howard ...F.L Wright... Documentation ....Restauration
Photos / montages / peintures et dessins numériques ..... Yves Clady.©.Copyright juillet-août 2004

Indiens et bâtisseurs

La cité-jardin du Stockfeld, inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, c'est, dans la banlieue de Strasbourg (Neuhof), un quartier où chaque logement a son jardin potager. La campagne à la ville, la ville à la campagne.

L'urbanisation précédant la seconde guerre mondiale marquait le passage d'une ville forteresse à une ville polynucléaire grâce à la restructuration des quartiers périphériques. Elle produisit des cités d'habitations à vocation sociale dont le caractère philanthropique est imprégné dans l'architecture et la composition de l'espace (ex : Cité Jardin du Stockfeld 1910-1914, Cité Ungemach 1924-1926...).

Le "faubourg Jardin du Stockfeld" a été construit entre 1910 et 1914 au sud de la ville de Strasbourg, sur une vingtaine d'hectares, à proximité immédiate de la forêt du Neuhof. Ce fut la plus grande réalisation péri-urbaine de Strasbourg en période allemande, mais c'était aussi une des premières " Cités-Jardins " du continent européen, regroupant plus de 400 logements, répartis dans 225 constructions de six modèles différents.

À la fin du XIXè siècle, en Europe, des voix s'élevèrent contre les villes tentaculaires et les industries polluantes. L'anglais Ebenezer Howard proposa une ville idéale en cercle, à mi-chemin entre la ville et la campagne, cumulant des activités agricoles et des activités de transformation. Il s'agissait donc de réunir les modes de vie campagnards et urbains en un même lieu. Cet idéal sera adopté très infidèlement au début du XXè siècle et jusque dans les années 1930, par les cités-jardins, dont la plupart adoptèrent plutôt la ligne courbe que le cercle (cf. NOTE 1, en bas de page).

Les cités-jardins de demain, tel est le titre de l'ouvrage, paru en 1898, où Ebenezer Howard expose son projet de "cité-jardin": il va inspirer bien des urbanistes et architectes, notamment à Strasbourg... On dit même que la cité-jardin du Stockfeld, à Strasbourg, est l'un des rares endroits dans le monde qui soit né dans un livre... En effet, le chantier de la "grande percée", à l'origine de l'actuel axe rue du 22 Novembre - Francs-Bourgeois - Division Leclerc, à Strasbourg, allait donner l'occasion de faire l'expérience de cette utopie née dans l'esprit de Howard. Commencé en 1909, ce chantier se traduit en effet par l'expulsion des familles ouvrières qui habitaient le secteur vers cette fameuse cité-jardin créée juste pour eux, avec ses maisons genre "sept petits nains". 461 logements et autant de jardins potagers, pour 2600 habitants. De leur délogement, dû à la conquête de l'ouest strasbourgeois, leur vient leur surnom d'"Indiens".

 

Situation du territoire des " Indiens " : Strasbourg, à l'extrémité du quartier du Neuhof, rue de la Breitlach et transversales... en bordure de la forêt du Rhin. Plans / Cartographie

"La cité-jardin du Stockfeld, créée selon des plans architecturaux modernes et novateurs, est restée, au moins jusqu'à la seconde guerre mondiale, fidèle à sa vocation qui était de loger les populations laborieuses les plus démunies de Strasbourg. Mal conçue au départ pour développer les éléments fonctionnels indispensables à la vie urbaine en termes de commerce, travail, transports, éducation et échanges culturels, elle apparaît aujourd'hui comme un ensemble vieilli et sans dynamisme, n'ayant jamais constitué une communauté économique et sociale vraiment autonome.

Néanmoins, depuis les années 1960 est née, avec "l'association des locataires" et le classement de la cité sur la liste supplémentaire des monuments historiques, une nouvelle conscience patrimoniale et communautaire, et l'on peut considérer que le schéma idéal d'une organisation spatiale spécifique et d'un "chez soi" conçus comme instruments de régénération des classes populaires a, dans ce cas, parfaitement réussi." ( cf. NOTE 2, en bas de page, à propos d'une " communication " universitaire dont sont extraites les quelques lignes qui précèdent )...

Inscrit en 1997 à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, ce patrimoine architectural urbanistique et social exceptionnel cherche aujourd'hui la place qu'il mérite dans le projet urbain du Strasbourg des années 2000...

C'est ainsi que le quartier du Stockfeld bénéficie d'aides du Conseil général pour la revalorisation du patrimoine qu'il constitue et la réhabilitation de ses logements sociaux : 765000 euros au total pour 2001.

Réhabilitation

Depuis sa création, cette cité-jardin a gardé l'apparence d'un village de près de 1 500 habitants, avec des immeubles en bandes ou des maisons individuelles jumelées. Les logements ont conservé le confort très sommaire du début du siècle dernier : pas de salle de bains, cuisine intégrée à la salle commune, plomberie et électricité vite devenues vétustes.

La réhabilitation remettra aux normes de confort et de sécurité l'ensemble des 461 logements, ce qui permettra d'attirer les jeunes ménages et ainsi de rajeunir la population de la cité. Toutefois, la SO.CO.LO.PO. a voulu rester fidèle à l'esprit des fondateurs et par le biais d'une étude patrimoniale, la société a pu déterminer les éléments architecturaux les plus importants de ce patrimoine à conserver ou à restituer afin de respecter l'identité d'origine de la cité.

Une politique concertée de réhabilitation avec les locataires a permis l'approbation d'un programme de travaux par 97% d'entre eux en juin 2000. Ainsi, malgré l'introduction du confort moderne, les immeubles et pavillons conserveront les caractéristiques de l'époque, fenêtres en bois à petits carreaux, volets en bois peint refaits à l'identique, crépi à l'ancienne, toitures à deux et quatre pans avec tuiles plates alsaciennes, restauration des éléments de décoration, des cheminées, des tonnelles etc..., des clôtures en bois et des jardins.

Au total la réhabilitation coûtera 18 172 000 euros TTC (TVA à 5,5%), soit un peu plus de 39 400 euros par logement. Son financement exceptionnel est composé des subventions de l'État pour 2 371 916 euros, de la Communauté Urbaine de Strasbourg pour 1 756 975 euros, du Conseil Général du Bas-Rhin pour 1 878 418 euros , de la Région Alsace pour 381 122 euros et du Ministère de la Culture pour 640 286 euros , d'un prêt du 1% patronal de 4 116 123 euros sur 25 ans à 1% d'intérêt, d'un prêt renouvellement urbain de la C.D.C. de 5 030 818 euros sur 25 ans à 3% d'intérêt et de 1 996 342 euros d'apport de fonds propres de la société.
Le chantier se déroule en trois tranches fonctionnelles de 14 mois chacune, la première ayant démarré en octobre 2001, la troisième devant se terminer en décembre 2004.


NOTE 1 : dès la fin des années 1930, le principe de la cité-jardin est abandonné, parce que trop coûteux. Les quartiers d'immeubles en périphérie urbaine (les barres, les HLM, les zones, etc.) ont permis de répondre à la nécessité de loger les masses. Aujourd'hui, il est moins évident que changer l'espace puisse contribuer à changer les hommes, dès l'instant que la population a des origines différentes et que les besoins autres que le logement (éducation, santé, loisirs) ne sont pas pris en compte. Les logiques de l'espace habité seraient plutôt porteuses d'effroi, comme dans le film Metropolis (cliquez), de Fritz Lang, ou, plus récemment, Batman. Dans la ville du futur, hostile et inhumaine, l'individu se perd. L'utopie est devenue une contre-utopie...

NOTE 2 : M.N. Denis a présenté, sur ce sujet, une communication à un congrès sur "Les pathologies urbaines" (Rouen, déc. 2002) : "Une utopie au service d'une politique municipale du logement populaire : la cité-jardin du Stockfeld à Strasbourg de 1911 à nos jours". Ce texte doit être publié dans un ouvrage commun par la Délégation Interministérielle à la Ville. Elle a aussi participé à la réalisation d'un film sur le Stockfeld pour la chaîne régionale Alsatic, avril 2002.

L'intervention de M.N. DENIS était organisée autour de deux axes :

* composition sociale du Stockfeld à son origine (1911) et évolution jusqu'à nos jours...

* appropriation des lieux par les habitants, mobilité résidentielle, répartition des familles par types de logements, sociabilité et vie associative.

Vers le...

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