Album de famille 1 . Album de famille 2 . La mémoire partagée Galerie de portraits .. 14 - 18 . 39 - 45 ...Huguette . Irène . Lucie . Odile . Madame St. . Madame S. . Mme H.

Souvenirs d'une Alsace reconnaissante ... Les aquarelles de Ferdinand ... Les greniers de la mémoire ... Galerie photos "LECLERC" ... Le métier de BIOGRAPHE

Rencontre collective

Les souvenirs, un patrimoine unique


M et L rencontrent huit pensionnaires de la maison de retraite Les Pâquerettes, à Schiltigheim... Tout le monde est réuni autour d'une même table...

La mémoire est un trésor. Elle vous suit toute une vie, partout, à chaque instant. Peut-être garde-t-elle encore plus les moments intenses et délicats que les peines, les souvenirs de gloire et de victoire plutôt que les deuils. Elle chante la vie, simplement, elle narre aventures et déboires, elle transmet aux nouvelles générations les richesses du passé.

Elle est un outil inestimable, pour qui sait l'utiliser.

C'est ce qu'ont compris les huits femmes et hommes qui ont répondu présents à notre appel, le temps d'une matinée, et qui se sont replongés dans leur longue expérience afin de nous relater leurs plus marquants souvenirs... Après une brève présentation de notre projet - rédiger un recueil de souvenirs , nos aînés prirent la parole , à tour de rôle...


La place de l'objet dans le souvenir... La bague, l'anneau, l'alliance...

 

LES AVENTURES D'UNE BAGUE... et de son propriétaire...

"J'habitais à Stutzheim, où l'on avait une maison individuelle, avec un très grand parc. Un jour, en tondant le gazon, j'ai perdu mon alliance. Le soir, quand je suis rentré, je m'en suis aperçu... Comment retrouver une alliance dans un terrain aussi grand et aussi vaste ? J'ai dit à mon épouse ( désignant celle-ci de la tête ): "Je ne sais pas quoi faire... je... je vais m'adresser à Saint Antoine." Alors je me suis couché et, dans la nuit, Saint Antoine m'a dit : "Là, tu trouveras la bague." Le lendemain matin, quand je me suis levé, j'ai annoncé : "Je sais où est la bague... hein ?"... ( le narrateur désigne à nouveau son épouse qui rit... et répond : " Oui, oui, hmm..." ) Je suis sorti dans le jardin pour me rendre à la place indiquée et j'ai ramassé la bague. ( Je prends quelques notes. Voyant que nous sommes intriguées, il nous propose une deuxième histoire avec la même alliance, après avoir fait passer fièrement une photo de son jardin ).

( Avec un grand sourire )..." J'étais incorporé de force dans les armées allemandes. Alors, on allait en Russie et on revenait en Allemagne, et à l'endroit où l'on se croisait, les rails des Allemands étaient relayés par ceux des Russes, beaucoup plus larges... c'était à... réfléchissant... puis, sans plus aucune hésitation... Breslitovská ! Un jour, étant blessé, j'ai eu une permission : j' ai donc repassé par là. Je m'y suis également lavé : tous les soldats, qui revenaient de Russie et d'autres endroits se retrouvaient au seul point d'eau où l'on pouvait se laver les mains ! ... ce que j'ai donc fait... J'ai alors constaté que j'avais encore une fois perdu l'alliance... ( amusé )... Je suis retourné au wagon et j'ai commencé à chercher dans la paille, en vain. Alors le lieutenant est venu me demander : "qu'est-ce que tu cherches ?"... J'ai répondu : "mon alliance" ... Puis ( en mimant ) le lieutenant a sifflé toute la compagnie qui est venue et on a tous cherché ma bague, mais on ne l'a pas trouvée ! Alors on s'est couché, on est allé dormir et, le matin, vers quatre ou cinq heures, j'entends quelqu'un frapper à la porte du wagon. Le visiteur demande : "qu'est-ce qu'il y avait hier soir, pour que toute la compagnie soit là, à chercher quelque chose ?"... L'un de nous lui ayant répondu qu'un soldat avait perdu son alliance, il ajoute : "c'est celle-là ?" ( Toute l'assemblée est médusée... ) En fait , il s'était passé la chose suivante : à l'endroit où on se lavait, l'eau était sale... Lorsque tout le monde eut fini la toilette, après dix heures, la saleté est descendue. Et la bague, qui était jaune, brillait dans l'eau décantée...

Alors j'ai demandé au visiteur quelle récompense il désirait. Il m'a dit : "est-ce que tu es heureux dans ton mariage ?" J'ai dit : "oui". "Eh bien, souhaite-moi la même chose !" ( Et la tablée s'esclaffe... Heureusement que l'histoire se termine bien. Mais... )

Je peux encore raconter une histoire à propos de cette bague ! ( Nous nous taisons, impressionnés... ) J'étais, avec d'autres, prisonnier des Canadiens, qui nous ont pris toutes nos affaires : livrets militaires, tout ce qu'on avait, et il fallait le mettre par terre, devant eux. Les bagues, tout, tout ! ... Levant la main ... Les Canadiens, hein, c'étaient des étudiants. Ils nous ont dit de nous mettre en rangs, et j'ai vu que les soldats ramassaient tout ça pour l'empocher ! Alors moi je me suis précipité sur mes affaires, j'ai pris ma bague, ma montre et tout... et ( en insistant ) heureusement qu'un lieutenant est passé par là, sans ça ils m'auraient fusillé, parce que j'avais repris mes affaires, et je ne serais plus là... Il a demandé ce qui se passait... Moi, j'ai dit : "on m'a pris mon livret militaire et mes affaires. Je pense que les Canadiens sont des hommes civilisés, alors je ne vois pas pourquoi ils nous prennent ces affaires ! "... Et il a sanctionné le militaire responsable. Heureusement qu'on est partis la nuit suivante dans un autre camp de prisonniers, sans ça je ne sais pas ce qu'ils auraient fait de moi... pensif ... Voilà, c'était la troisième affaire avec la bague !"... A nouveau, la tablée soupire de soulagement... Puis, fier d'avoir allumé toutes ces petites étincelles dans nos yeux, il laisse la parole aux autres pensionnaires...

Les souvenirs suivants, pour leur part, sont plus simples dans la forme, mais tout aussi marquants dans le fond...

 

LA GRANDE LESSIVE

" Dans le temps, il n'y avait pas de machines à laver, mais des lavoirs, établis à la Petite France. Ils étaient au nombre de cinq ou six. Tout le monde s'y rencontrait pour laver son linge. Et la foule chantait en choeur, riait, s'amusait..."

 

TRADITIONS, FÊTES et CADEAUX

"Une des traditions , en Alsace, était de grimper tout en haut de la cathédrale de Strasbourg, pour admirer la ville, lors de la communion des jeunes. Chaque fille ou garçon devait monter sur la plate - forme de la cathédrale pour pouvoir être confirmé.

A ma première communion, je reçus un rosaire, un livre de messe, des crayons, une plume et une règle. A l'époque, on offrait des cadeaux utilitaires. Et on n'avait pas le courage de demander à nos parents un cadeau précis. De toute manière, on n'y pensait même pas.

En 1920, les oranges étaient des fruits rares. C'est pour cela qu'à Noël, on en recevait souvent, avec, parfois, des chocolats. Et puis au Nouvel An, si on avait acheté 12 oranges et autre chose chez l'épicier, il nous en offrait une treizième pour nous remercier d'avoir été clients chez lui toute l'année.

Le mariage à la campagne était grandiose ! Tout le village se rassemblait à l'occasion de cette grande fête. Le repas était énorme et les restes duraient une semaine tellement les différents plats étaient nombreux et copieux. En fait, le village entier était une famille, une vraie. Tout le monde s'entraidait... Personne ne se haïssait. Lorsqu'un de mes voisins était plus riche que nous, ça m'était égal... Je n'étais pas jaloux du tout.

Il y avait aussi le bal des conscrits. Les jeunes de 18 ans qui allaient entrer dans l'armée fêtaient cet événement. Ils passaient de maison en maison et on leur donnait du pain, de la farine, des Šufs ou des fruits. Avec tout ce qu'ils avaient reçu, ils préparaient eux-mêmes leur fête, animée par un orchestre et à laquelle tout le village était convié. Il fallait demander aux filles l'autorisation de danser avec elles. Et si leurs parents étaient présents, il fallait d'abord s'adresser à eux !"

 

L'EDUCATION

"Les parents fournissaient une éducation plus stricte à leurs enfants. Et je pense que c'est pour cela que tout le monde, y compris les gens issus de la basse société, est arrivé à quelque chose dans la vie.

La mère était à la maison pour éduquer les enfants, qui étaient tous bien élevés. De nos jours, les deux parents travaillent, donc ils n'ont plus le temps d'éduquer leurs enfants correctement... Et puis, aujourd'hui, il n'y a plus de communication dans les familles. En conclusion, à mon époque, c'étaient les parents qui éduquaient les enfants. De nos jours, ce sont les enfants qui éduquent les parents...

A l'âge de 14 ans, je venais de terminer mes études à l'école de l'Ill : j'ai eu mon certificat d'étude et le "complémentaire". Et avec ça, vous pouviez presque tout faire, exercer presque tous les métiers."

 

RIVALITÉ SENTIMENTALE

Je vais vous raconter une petite histoire : dans mon village, il y avait un Franz et un Robert. Tous les deux voulaient la Philomène. Alors, un jour, ils se sont bagarrés. Et Franz s'est retrouvé à l'hôpital pour se faire recoudre. Tout à coup, le médecin a ri.

" Pourquoi riez-vous donc ?

- Il faut bien que je rigole : j'ai la moitié de votre " spatz " dans la main ! "

Album de famille 1

Odile

Lucie

Galerie de portraits

Madame St.

Album de famille 2

Mme H.

Irène

14 - 18

...Les greniers de la mémoire

La mémoire partagée

Madame S.

Huguette

39 - 45

Galerie photos "LECLERC" 

Les aquarelles de Ferdinand

Souvenirs d'une Alsace reconnaissante

Le métier de BIOGRAPHE

Accueil

 

courriel clady@noos.fr