Autobiographie de Mme S.
La
vie à la ferme, le travail en librairie, les parties de
pêche
et le tricot...
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Ma vie ?... je n'ai pas grand
chose à raconter... Tout ce que je peux dire, c'est
que tout était différent d'aujourd'hui... Mes
souvenirs sont vagues ; je crois que j'ai toujours
été toute seule... Maman travaillait et
j'étais donc souvent toute seule à la maison.
D'ailleurs les moments qui m'ont le plus marquée
étaient les vacances, quand je m'en allais. Maman
m'envoyait chez ses parents qui habitaient en Normandie...
enfin à la limite entre la Normandie et la Bretagne,
à 50 km du Mont St Michel, en "montagne".
Naturellement, dans le temps,
il n'y avait pas de voitures comme il y en a maintenant ;
alors mon grand-père ou ma grand-mère ou
même mon oncle venait me chercher à la gare qui
était à 5 km de là où ils
habitaient. Ils venaient avec le cheval et la carriole.
Maman me confiait toujours à quelqu'un parce que,
dans le temps, les gens se rendaient beaucoup plus service
que de nos jours. Alors on pouvait trouver une personne qui
voulait bien s'occuper d'un petit enfant qui allait dans la
même direction. J'étais donc à
côté de ces "accompagnateurs" et, quand je
descendais du train, mon oncle ou ma grand mère me
ramenait à la maison.
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La première
chose que je faisais alors, c'était de
descendre de la carriole et d'aller voir les
bêtes... même avant d'entrer dans la
ferme. J'aimais passer ma tête au bord de
l'étable pour voir les vaches, puis je
passais à la niche aux lapins... Il y en
avait toujours qui se promenaient dehors... Enfin,
c'était mon premier souci ! Et à la
campagne - j'y pense encore maintenant très
souvent - mon oncle était chasseur et je me
rappelle très bien la fois où un
chien s'était égaré et qu'il
avait suivi mon oncle. Dans le temps, on battait
tambour dans le village pour annoncer qu'un chien
avait été retrouvé mais
celui-ci n'a jamais été
réclamé : mon oncle l'a donc
gardé.
Ce chien et moi
étions amoureux l'un de l'autre. Tous les
matins, il venait me réveiller quand je
dormais encore... Il s'asseyait à
côté du lit et me regardait. Alors,
moi, au début, franchement, je ne m'en
étais pas rendue compte, mais au bout de
trois ou quatre jours, je ne bougeais toujours pas
: alors il mettait sa patte sur moi et me
secouait... Cela voulait donc dire :
"ben lève-toi,
fais quelque chose"...
et quand je me levais, c'étaient les
embrassades avec ce toutou et on ne se quittait
jamais...
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Il y avait aussi une mère
chatte et ses petits chatons. Quand mon grand père
partait très tôt le matin faucher l'herbe pour
les bêtes, il trouvait des nids de souris et les
rapportait à la ferme. La chatte le savait
très bien. Le grenier était doté d'une
lucarne par laquelle elle penchait la tête afin de
voir grand-père arriver... Je vois encore mon
grand-père descendre de la charrette et lui montrer
les nids...
Elle, toute fière,
apportait les souris à ses chatons.
Et plus tard,
même quand je me suis mariée, avec mon
mari, nous sommes retournés à la
ferme. Bien sûr, mon grand-père et ma
grand-mère n'étaient plus là,
mais l'oncle qui s'était marié avait
hérité du bâtiment. Là
encore, c'était mon habitude d'aller voir
les bêtes... Dans le temps, le sol à
la campagne était de la terre battue...
Alors mon mari, qui lui aussi aimait beaucoup les
animaux, s'asseyait au bas de la porte, sur la
pierre, pour appeler les poules. Il leur donnait du
pain ou du blé... ça
dépendait, et la poule laissait les petits
poussins seuls. Alors mon mari se baissait et en
prenait deux ou trois sur ses genoux. Il aimait
beaucoup les voir picorer... et j'ai toujours
beaucoup été avec les
animaux...
Pareil chez mon autre
oncle : il y avait une jument d'un certain
âge... Elle avait travaillé dans le
temps avec des carriers ... c'est à dire
que, dans la contrée, ils extrayaient le
grès et ils chargeaient des chariots
tirés par des chevaux... Mon oncle avait
donc acheté un cheval là-bas et cet
animal avait l'habitude d'être toute la
journée avec des êtres humains...
Quand il a été pris comme
ça... être enfermé dans
l'écurie, il ne ne le supportait pas... Il
voulait toujours être avec mon oncle et le
suivre... Alors mon oncle, en voyant cela, le
laissait et je me rappelle toujours, quand on
déjeunait, le midi, à la ferme, il y
avait des portes avec deux battants, le haut
s'ouvrait et on pouvait donc l'ouvrir et laisser
fermer le bas et ça faisait comme une
fenêtre : alors, souvent, quand on mangeait,
le cheval venait et mettait sa tête pour nous
regarder...
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Ce sont des souvenirs qui me
reviennent toujours...
Comme quand on allait chercher
les animaux, après qu'ils eurent été
pâturer, on les emmenait aux champs d'abord et puis on
les laissait pendant peut-être une heure, je ne sais
plus très bien, et on allait les rechercher, et
dès qu'on s'approchait de la barrière, ils
approchaient tout de suite afin que nous puissions ouvrir la
porte. Alors là, on ouvrait la barrière et les
bêtes trottaient devant nous et puis elles
rentraient...
Ce sont des tas et des tas de
souvenirs qui me reviennent... Ce sont ces souvenirs que je
peux voir... des souvenirs d'enfance... Ça ne se
passe pas à l'école, bien sûr... c'est
comme ça.
A l'école... je ne sais
plus, j'ai étudié bien sûr, j'ai appris
tout ce qu'on peut apprendre dans la vie, écrire,
lire, mais très tôt, dans le temps, quand on
entrait à l'école maternelle, on savait
déjà lire et écrire et même
parfois compter... J'ai toujours été
obéissante, je n'ai jamais eu à subir des
remontrances pour quoi que ce soit et dans les classes il ne
s'est jamais produit ce qui peut se produire de nos jours,
enfin ce que l'on entend dire à la télé
ou à la radio, mais n'ayant jamais eu d'exemple sous
les yeux, je ne peux pas vraiment comparer... La seule
différence, c'est que ça ne se passait pas
comme maintenant... je ne le pense pas... seulement, nous,
on apprenait la politesse, le respect, car il fallait qu'on
soit poli, et surtout l'entraide... : savoir donner de soi,
parce que je pense que si l'on veut recevoir, il faut savoir
donner... et respecter, toujours respecter la parole qu'on a
donnée... C'est sacré.
Je suis restée toute
seule avec Maman, à l'âge de 9 ans... Papa nous
avait quittées, et maman, voyant que j'en avais la
possibilité, a voulu me faire continuer mes
études. Elle a beaucoup beaucoup travaillé et
papa n'a jamais payé de pension alimentaire. Elle
était donc toute seule pour m'élever... Nous
n'avons néanmoins jamais manqué de rien...
sauf, à mon point de vue, j'ai manqué
peut-être d'affection, c'est-à-dire, j'avais
l'affection, mais sans la démonstration...
Evidemment, quand mon papa est parti, j'ai été
extrêmement malheureuse parce qu'il était
très affectueux et montrait son affection... alors
que maman la gardait pour elle et avait ce caractère
qu'il faut, quand on travaille en chirurgie et qu'on a des
malades très difficiles en psychiatrie ou n'importe :
il ne faut pas être "mollasson" ni comme moi trop
sensible, ça ne va pas ... Je n'ai pas le
caractère pour ça... J'en ai souffert un
peu... mais après je m'y suis faite...
J'ai donc continué mes
études et après, je voulais devenir
institutrice... D'ailleurs, mon grand plaisir, quand
j'étais jeune et que je n'allais pas à
l'école le jeudi, c'était de jouer à la
maîtresse d'école... Naturellement je n'avais
pas de vrais élèves, alors je prenais mes
poupées et mon nounours... j'en avais un, je crois...
Ils étaient comme ça devant moi... sur des
chaises et je leur faisais l'école... je m'amusais
comme ça... c'était mon plaisir... et puis
après j'ai donc eu mon brevet et je voulais devenir
institutrice ou docteur comme maman voulait... Seulement,
docteur, j'en étais incapable... alors maman m'a
proposé de soigner les bébés... Mais
pour moi, c'était encore pire et je lui ai dit :
"les bébés,
ça pleure tout le temps et en plus ça ne peut
même pas dire où ça a
mal...."... Maman s'est donc
résignée à me faire choisir
l'enseignement... Nous avons fait les démarches...
Seulement, j'apprends que je ne suis pas française !
Alors je ne peux pas entrer dans l'administration
française... Maman prenait cela comme une
injustice... J'étais en effet née à
Paris et j'avais fait ma première communion en
France... Je suis donc parisienne... Le problème
était que maman s'était mariée à
un belge et elle avait pris sa nationalité... En ce
temps là, les enfants issus du mariage prenaient la
nationalité du papa. Moi qui étais née
à Paris... j'étais belge ! Il fallait donc dix
ans de naturalisation... Alors, pour savoir si mon
père s'était fait naturaliser, comme il
était parti... ce fut très dur... nous avons
demandé un peu partout et avons appris que oui, il
s'était fait naturaliser, mais il y a seulement neuf
ans... Or j'avais un an à perdre... Ma mère
avait tellement travaillé pour moi que j'ai
décidé d'abandonner mon idée de devenir
institutrice pour un autre métier afin de l'aider
financièrement...
Une vie peut changer du jour
au lendemain... Maman connaissait quelqu'un qui travaillait
à la préfecture de Paris, et lui en avait donc
parlé... Il lui a proposé de parler de moi
à la poste à Paris et de s'arranger pour que
je ne passe pas d'examen afin de pouvoir quand même
entrer dans cette institution... J'avais donc écrit
une lettre de motivation accompagnée de la photocopie
de mon brevet et l'ai remise à un monsieur dont je me
rappellerai toujours le nom... Il s'appelait en effet
monsieur Cochonnet... je ne sais pas si c'était un nom
prédestiné, enfin c'est comme ça que
ça m'est toujours resté... Ce monsieur devait
donc partir à Bordeaux pour affaire avec la poste et
je lui ai donné la lettre afin qu'il la transmette...
et ce monsieur, malheureusement, s'est tué en
voiture, alors tout a été coupé... Je
n'avais plus de filon pour entrer... sinon il fallait
attendre un an de nouveau...
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Alors maman est
allée revoir le premier monsieur qui m'a
trouvé une place à la librairie Flammarion en face du Sénat et j'y ai donc
été engagée... J'étais
à la caisse, à la papeterie... J'ai
passé là un an puis je suis partie
à la succursale, boulevard des Italiens
où j'ai travaillé comme
secrétaire, et je m'occupais des
mémoires à envoyer aux cliniques et
aux privés... Je m'occupais aussi des
commandes des livres de médecine,
français et étrangers, et des
abonnement pour les docteurs... Voilà ce que
j'y ai fait. Et cette librairie restait ouverte
toute la journée... même
jusqu'à minuit, mais il y avait
différentes équipes... et à la
déclaration de la guerre, mon mari n'est pas
parti au front... Il travaillait déjà
à Flammarion... J'ai une anecdote avec lui,
car j'avais un camarade de classe qui me disait
toujours : "c'est un
homme comme ça qu'il te faudrait... il est
travailleur et tu le connais..." ...Moi, je n'en voulais pas...
premièrement je n'aime pas les hommes blonds
qui frisent un peu ...je n'en veux pas ... bon, il
n'était pas blond mais châtain un peu
clair ... Et exprès pour me taquiner, il me
le répétait sans cesse... Mon mari
n'avait pas changé de succursale en
même temps que moi, mais, lors de la
déclaration de la guerre, il a
été appelé Boulevard des
Italiens pour remplacer un vendeur et c'est comme
cela que j'ai fait carrément sa connaissance
et qu'il est devenu mon mari en 1942... Eh oui,
j'ai tout de même épousé un
châtain qui frisait... Cela me fait toujours
rire !
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Et après, j'ai toujours
travaillé dans les livres. On a reçu de grands
auteurs, des artistes de cinéma et de
théâtre... On ne se trouvait pas loin de
l'opéra... C'était très bien et on
avait également un gérant qui était
très sévère... Enfin, quand on
travaillait, il ne disait rien, mais il fallait toujours
bien travailler, et quand on arrivait, il fallait toujours
regarder si les livres étaient bien en ordre... Les
clients n'étaient pas les rois du rangement et les
sciences se retrouvaient parfois au beau milieu des
mathématiques...
Notre directeur
était assez taquin et il n'aimait pas qu'on
fasse des chichis... Et la caissière
était ce qu'on appelle un peu
"chichiteuse"... Elle était toujours
préparée et quand elle avait
été chez le coiffeur, elle
s'arrangeait toujours ... Or, au dessus de sa
tête, il y avait toujours des
étagères sur lesquelles des
collections de livres étaient
entreposées... Alors mon gérant
demandait à un vendeur de passer le plumeau
et la poussière tombait sur la tête de
la caissière... C'est pour dire à
quel point il était taquin !
Ce sont des choses
comme ça, des petites réminiscences
qui me restent...
Et après, je
n'ai pas voulu redevenir institutrice... J'avais
travaillé pendant un an en librairie et j'y
suis restée... Puis mon mari a
été appelé au travail
obligatoire et il a été muté
sur Paris pour nettoyer les fours ... ce qui lui a
contaminé les poumons. Et à ce
moment-là le docteur lui a demandé de
revenir dans sa région natale, s'il en avait
la possibilité... J'en ai parlé
à Maman qui soignait à domicile en
Normandie. Elle était en somme de toutes
façons tout le temps partie et ne
résidait jamais avec nous à Paris.
Elle m'a donc dit que je pouvais partir, faire ma
vie...
C'est comme cela que
je suis arrivée à
Strasbourg.
Ma belle-mère
n'avait pas perdu de vue son amie de Strasbourg. Or
cette femme connaissait très bien le
directeur d'une chemiserie qui a fait entrer mon
mari à la librairie de la Mésange,
où il est rapidement devenu le bras droit du
patron. Et c'est là que nous avons
travaillé tous les deux... Seulement moi
j'ai eu des calculs rénaux et je ne pouvait
pas travailler, c'est -à-dire pas comme je
le voulais et après j'ai toujours eu les
reins sensibles et je travaillais au noir...
Malheureusement, pour la Sécurité
Sociale, ça ne marchait pas... Mais enfin
nous travaillions tous les deux... J'ai
travaillé également à la
librairie, mais à un moment j'ai dû
m'arrêter et là le patron me donnait
du travail à la maison : je faisais les
mémoires... Ce que j'ai fait avant, je l'ai
fait également après... mais je ne
suis pas restée cette année
là...
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Publicité 1947
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Alors après,
j'ai fait ma vie, je me suis adaptée,
c'est-à-dire que j'ai aussi un
caractère extrêmement souple...
ça m'a fait une très grande
différence... ça, il faut avouer que
le caractère alsacien et le
caractère" de l'intérieur" comme on
dit, ne sont pas tout à fait les
mêmes, enfin c'est une chose que l'on sent.
Même si l'on ne peut expliquer pourquoi, on
le ressent différemment : chaque
contrée est comme ça, et chaque pays
limitrophe avec un autre pays est comme ça,
c'est naturel. Mais du fait que la grand
mère de mon mari et sa tante avaient
été pendant la guerre à
Périgueux, ils avaient appris quelques mots
de français... Ils savaient se
débrouiller, alors je pouvais parler avec
eux, et je dois dire que pour les langues
étrangères, après j'ai
regretté : j'aurais du être
interprète, j'aurais eu une certaine
facilité. D'ailleurs, quand j'ai
été dans une école
supérieure, quand j'ai continué mes
études, on avait l'anglais qui était
obligatoire, enfin obligatoire, on nous donnait des
cours, donc on les prenait. Alors j'avais un
correspondant anglais et puis après j'ai
tout laissé, je l'avoue, mais je me suis
mise assez vite à l'alsacien : ça ne
me dérange pas, je ne le parle jamais ou si
je le parle, j'hésite toujours car j'ai peur
de me tromper, encore actuellement, mais ça
ne me gêne pas... Je peux aussi bien entendre
l'alsacien que le français ou l'allemand,
ça ne me dérange pas du tout. Je n'ai
pourtant jamais voyagé...
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Mon mari était
grand pêcheur : dès qu'il avait dix
minutes, c'était pour partir à la
pêche... Je l'ai toujours suivi, mais il me
mettait dans un coin... Alors bon, j'emportais mon
tricot et je tricotais en écoutant de la
musique. J'aime le tricot, surtout les points
difficiles. Si c'est facile, ça ne me
plaît pas et pourtant je n'ai pas un esprit
compliqué. Mais mon mari, lui, aimait la
pêche, surtout la pêche sportive : il
aimait partir avec sa canne à lancer le
matin et je ne le revoyais que l'après
midi... Et l'on a fait ça toute notre vie...
Naturellement il a fait également partie
d'une société de pêcheurs... A
ce moment-là, la société avait
loué un étang et les hommes se
réunissaient, tandis que les femmes
bavardaient. Et le soir, avant de rentrer, on
allait manger un morceau à la Wantzenau,
dans un restaurant, tous ensemble.
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Je ne vous ai pas dit le plus
grave : un certain temps, nous avons travaillé
à la Mésange
(librairie) et puis après, nous avons appris que la
Mésange allait être vendue. Alors ça a
donné un coup à mon mari : je ne sais pas ce
qui lui est passé par la tête, mais il s'est
mis en tête de fonder une librairie. Il a donc
été trouver une cliente, la femme de monsieur
B. qui travaillait au théâtre de Strasbourg et
qui désirait travailler dans le livre. Sa femme lui
avait trouvé une librairie, place Saint-Etienne. Mon
mari a commencé à travailler là-bas. Il
a parlé de son projet à des clients et
finalement nous avons ouvert une librairie à
côté de la Faculté de Médecine.
Il a débuté sur les chapeaux de roue, tout
était bien et mon mari était, sans vouloir le
vanter, un très très bon vendeur...Il
était très aimé... D'ailleurs on
connaissait mon mari mieux que le patron. Bref, il
était très travailleur aussi et cette
librairie a très bien marché jusqu'au jour
où des difficultés financières nous ont
obligés à renoncer...
Alors, mon mari est
allé travailler à Schiltigheim jusqu'au jour
où son ancien patron (de la Mésange) vient
me voir et me dit : " Pourquoi
vous ne m'aviez rien dit ?" ...
Alors je lui ai répondu : "
Je n'aurais jamais osé vous dire ça ! C'est
une affaire très gênante... " ...et ce monsieur s'est arrangé pour
trouver à mon mari un emploi à la librairie
Oberlin... Il y a travaillé quelques années et
il a pris sa retraite, sa pré-retraite
!
Ce que mon mari a aimé,
dans le temps, à la librairie de la Mésange,
c'étaient les expositions qu'on organisait, de
peintures ...etc... et il nous est même arrivé
d'exposer des tapisseries de Lurçat, des tapisseries
magnifiques et mon mari avait à coeur de les vendre.
Il est venu aussi de grandes personnalités à
la librairie de la Mésange pour signer leurs
volumes.
Après, la
retraite venue, on partait
régulièrement à la pêche
: le grand péché de monsieur,
c'était la pêche... On allait souvent
pêcher la truite dans la vallée de la
Bruche et on se levait vers 3 ou 4 heures du matin
pour y aller.Mais j'ai surtout des souvenirs de
pêche au château de Pourtalès.
Dans le temps, il y avait un immense parc devant le
château et des étangs avec de nombreux
poissons. Le régisseur du château
était client de la Mésange et mon
mari le connaissait bien. Ainsi il avait obtenu le
droit d'aller pêcher dans les étangs
du parc de Pourtalès. Je me rappelle que
dans les bois environnants, j'ai vu des lapins
jouer. Ces lapins me rappelaient des enfants jouant
à cache-cache. J'en ai vu un qui avait
quitté sa troupe pour se cacher
derrière un arbre : il restait là,
immobile, et attendait que ses compagnons le
trouvent. Les autres se rendant compte de son
absence partaient à sa recherche et une fois
qu'ils l'avaient trouvé, il s'en allaient
gaiement tous ensemble. Puis des biches venaient se
désaltérer au bord de l'étang
où mon mari et moi avions l'habitude de
pêcher. C'était magnifique
!
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Je regrette que le parc ait tant
changé. Récemment des bénévoles
m'avaient emmenée au parc de Pourtalès et je
n'ai plus reconnu le parc d'antan, celui où mon mari
venait pêcher. Ça m'a laissé un
goût amer.
C'était si bien
autrefois...
Souvenirs recueillis par C
et H
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