Le Secret des Signes

Pie XII

Paul VI

Jean-Paul 1er

Benoît XVI

Election d'un Pontife Romain

Jean XXIII

L'élection d'un pape : le rituel

Jean-Paul II

Fiche technique

Conclave 2005

Les fumées du Vatican

Petite A N T H O L O G I E ..journalistico-littéraire

Introduction..Le rituel

Ce qui touche à l'éternel est toujours actuel.


Comment "se fait" un pape ?

Après la mort d'un pape, les cardinaux élisent le nouveau pontife... A la Chapelle Sixtine, coeur du Conclave*, puisque c'est là que se déroulent les scrutins, l'austérité du mobilier tranche avec la magnificence architecturale du lieu : une moquette de laine beige, quatre rangées de trois longues et étroites tables, des chaises usées recouvertes à la hâte de feutre violet, une atmosphère lourde et moite, en somme un extraordinaire dépouillement, qui fait ressortir à la fois l'humilité et la sévérité de l'événement. Et, dans un coin, le fameux poêle pour brûler les bulletins de vote avec son interminable tuyau adossé à un échafaudage protégeant les fresques de Michel-Ange. Fumée noire après un scrutin négatif, fumée blanche si le nouveau pape est élu : c'est par ces signaux évanescents, empruntés à la tradition indienne, que la foule massée sur la place Saint-Pierre est informée du déroulement des opérations.... Ainsi, à l'heure d'Internet, le monde apprend que l'Eglise catholique a ou n'a pas encore un nouveau chef en décryptant une fumée dans le ciel... La poésie est partout... et ce n'est pas la toute récente innovation, datant du 5 avril 2005, trois jours après le décès de Jean-Paul II ( annoncé par SMS à la presse ), qui va ternir cette pittoresque tradition : en effet, les cardinaux présents à Rome, juste avant le 54è conclave du Vatican, ont décidé que l'élection du successeur de Jean-Paul II serait annoncée non seulement par une fumée blanche mais aussi par le chant des cloches... Signes célestes - et séculaires - pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles... En fait, plus prosaïquement, le recours aux cloches s'explique par la nécessité de pallier les éventuelles défaillances de la fumée... Déjà en 1958, lors de l'élection de Jean XXIII, une fumée grisâtre censée être blanche plongea le monde entier dans la perplexité... Mais quand, peu après, la fenêtre de la Bénédiction pontificale s'illumina, chacun comprit que la fumée était "blanche", contre toute apparence... ( cf. notre page consacrée à Jean XXIII. )

Titre d'un article paru dans le quotidien Libération du Mercredi 6 avril 2005

 

Schéma d'une cloche

Pour s'en tenir à la fumée, on sait qu'après le dépouillement d'un scrutin, quel qu'en soit le résultat, on brûle les bulletins de vote, ainsi que toute feuille écrite, dans le poêle dévolu à cet effet. Les cardinaux scrutateurs mêlent au premier paquet de documents de la paille mouillée ou un colorant chimique - ingrédients

destinés à noircir la fumée au cas où aucune majorité ne s'est portée sur le nom d'un "papabile". Les préposés au feu ont fort à faire pour brûler le tout et doivent parfois s'y prendre à plusieurs reprises.

After the votes are counted each time, the ballots are burned. If there has been no winner, a chemical is mixed with the ballots to produce black smoke when they are burned. Sight of the black smoke emerging from the roof of the Vatican Palace tells those waiting in St. Peter's Square that a pope has not yet been selected. When a winner has been selected, the ballots are burned alone, and the white smoke indicates there is a new pope.

 

* Au fait, qu'est-ce qu'un Conclave ?

Dans l`'Eglise catholique romaine, le conclave est l`'assemblée des cardinaux (120 en 1996) qui se réunissent au Vatican, 18 jours après le décès du pape, pour en élire un nouveau. Le mot conclave vient du latin «cum» (ensemble) et «clavis» (clé), car les cardinaux ne peuvent sortir de leur logement que pour s'enfermer à la chapelle Sixtine. Là se déroulent, dans le secret, les votes successifs par lesquels les cardinaux élisent l`un d`'entre eux au pontificat. Les règles du conclave, définies par le pape Grégoire X en 1274, sont restées valables, tout en subissant diverses retouches au cours des temps.

Extrait du roman de Morris West, Les Souliers de Saint-Pierre, 1963, p. 34-35

Un poêle rustique et ventru

" Le lendemain matin, de bonne heure, les cardinaux se retrouvèrent dans la Chapelle Sixtine pour le premier vote. Chacun d'eux prit place sur un trône surmonté d'un dais de soie. Les sièges s'alignaient le long des murs de la chapelle ; et devant chaque siège une petite table portait un tapis au nom latin du cardinal et à ses armes. La tapisserie qui couvrait l'autel montrait l'image brodée du Saint-Esprit planant au-dessus des premiers Apôtres. Devant l'autel, une grande table supportait un calice et une patène d'or ; près de la table, se voyait un poêle rustique et ventru, dont le tuyau traversait une petite fenêtre qui donnait sur la place Saint-Pierre.

Le vote commencé, chaque cardinal inscrivait le nom de son candidat sur un bulletin, qu'il posait d'abord sur la patène d'or, puis dans le calice, pour signifier qu'il avait bien accompli l'acte sacré. Une fois les votes dénombrés, les bulletins étaient brûlés dans le poêle et la fumée s'échappait sur la place Saint-Pierre. Le Pape devait être élu à la majorité des deux tiers. Si la majorité était insuffisante, on ajoutait aux bulletins de la paille mouillée et la fumée sortait noire ; mais, lorsque le vote était positif, seuls les papiers se consumaient, et leur fumée blanche apprenait aux foules, qui attendaient à l'extérieur, l'élection d'un Pontife. La coutume pouvait sembler archaïque à l'âge de la radio, mais elle soulignait la gravité de l'événement et la continuité de deux mille ans d'histoire.

Lorsque tous les cardinaux furent assis, les Maîtres de cérémonies passèrent devant les trônes et remirent à chaque votant un seul bulletin, puis ils quittèrent la chapelle et les portes furent verrouillées pour laisser les princes de l'Eglise, seuls avec eux-mêmes, élire le successeur de Pierre."

Fumée, n.f. ( XIIè; de fumer ). Produit gazeux plus ou moins dense et de couleur variable qui se dégage de corps en combustion ou portés à haute température. Fumée du feu, d'une bougie. Fumée qui sort de la cheminée d'une locomotive, d'un paquebot. Fumée épaisse, opaque légère ; blanche, noire. Fumée âcre, étouffante. Nuage, panache de fumée. Du noir de fumée.

Petit Robert 1, éd. Le Robert 1983

DOCUMENT Extrait de l'ouvrage de Geo LONDON et Charles PICHON,

LE VATICAN ET LE MONDE MODERNE, Editions des Portiques, Paris 1933, pages 150-151

"Lorsque tous les cardinaux ont voté, le premier scrutateur saisit le calice où ont été déposés les bulletins et l'agite pour bien les mélanger, puis le troisième scrutateur prend les bulletins, un par un, et les compte en les déposant dans un second calice. Si, par hasard, le nombre des bulletins ne coïncidait pas avec celui des électeurs, les bulletins seraient tous brûlés, et le vote immédiatement recommencé.

(...) Quand tous les bulletins ont été lus et pointés, le troisième scrutateur les met en liasse, les perce d'une grosse aiguille enfilée d'un cordonnet de soie, à l'endroit du mot Eligo, et, cela fait, attache ensemble les deux bouts du cordonnet. Puis il pose cette liasse sur la table.

Enfin, si le vote a donné un résultat, c'est-à-dire s'il a permis d'atteindre la majorité réglementaire, on procède à un nouveau tirage au sort pour désigner trois réviseurs parmi les cardinaux. Ces trois cardinaux ont pour fonction de contrôler le dépouillement tel qu'il a été fait par les scrutateurs et de faire brûler ensuite les bulletins. C'est ce qu'on appelle le post-scrutin.

Image captée sur la chaîne TV KTO, catholique et française...

Pour brûler ces bulletins, on fait usage d'une petite cheminée, une sorte de poêle noir haut et étroit, qui est installé dans l'un des angles de la Sixtine, à gauche de la porte d'entrée, et dont la fumée trouve son issue au moyen d'un interminable tuyau de tôle, aussi laid que la cheminée elle-même, lequel émerge sans grâce du toit de la chapelle, à un endroit que l'on voit parfaitement bien de la place Saint-Pierre. Tout le monde sait que, tant qu'il n'y a pas de résultat, les bulletins sont brûlés avec un peu de paille mouillée, ce qui donne une fumée lourde et noire. Au contraire, lorsque, selon l'expression romaine, "le Pape est fait", les bulletins sont brûlés tels quels, et la sfumata fait apparaître des volutes légères et sensiblement blanches, qui annoncent à la foule massée sur la place que l'Eglise a de nouveau un Pape.(...) "

Geo LONDON et Charles PICHON,

LE VATICAN ET LE MONDE MODERNE, Editions des Portiques, Paris 1933, pages 150-151


Cocktail de brefs extraits d'articles de presse ( réécrits et mélangés ) à propos du Conclave d'avril 2005...

 

"L'élection requiert la majorité des deux tiers. On vote deux fois le matin et deux fois le soir sur un bulletin rectangulaire qui porte l'inscription Eligo in summum pontificem ( "J'élis au pontificat suprême" ), que chaque votant fait suivre du nom de son candidat "dans une calligraphie la moins reconnaissable possible" afin que son vote reste anonyme. Selon un ordre de préséance, les cardinaux se dirigent un à un vers l'autel en tenant le bulletin bien visible dans leur main et en déclarant en latin : "Je prends à témoin le Seigneur qui me jugera que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu.". Avant de voter, ils prennent à témoin le Christ Seigneur et déposent leur bulletin dans l'urne. Trois scrutateurs attablés devant l'autel contrôlent le dépouillement et l'un d'entre eux lit "à haute et intelligible voix, de façon à ce que les électeurs présents puissent prendre des notes," les noms des cardinaux pour qui on a voté. Si le quorum des deux tiers n'est pas obtenu , les bulletins sont brûlés dans le poêle situé à l'entrée de la Sixtine. Des fumigènes sont ajoutés pour que la fumée soit bien noire en cas de vote nul. Et blanche en cas d'élection. Sans fumigènes, il arrivait que la fumée fût grise, et la fumée grise est signe de mauvais présage pour le pontificat. Les scrutins se poursuivent ainsi pendant trois jours. Le quatrième jour est consacré aux prières. Puis suivent encore sept scrutins et encore un jour de prières. On procède alors à une élection à la majorité absolue, ou à un dernier scrutin de ballottage entre ceux qui ont recueilli le plus de voix.

17 avril 2005


Images captées sur

la chaîne TV KTO,

catholique et française...

...le Mardi 19 avril 2005...


Image "live" captée sur la chaîne américaine CNN dans la journée du 18 avril 2005


"
Sous les fresques du Jugement dernier de Michel-Ange, les cardinaux électeurs déposeront dans une urne d'argent le nom de leur candidat écrit à la main sous la formule imprimée "Eligo Summum Pontificem" ( "Je choisis comme souverain pontife". )"... " Conformément à la tradition, l'issue des scrutins sera annoncée deux fois par jour, à midi et 19 heures, par la combustion des bulletins. Toutes les télévisions ont déjà pris place sur les toits alentours pour filmer la fumée blanche qui annoncera l'élection. Le Vatican a toutefois préféré installer un nouveau poêle dans la chapelle Sixtine pour ajouter des colorants à la fumée. Grise plutôt que franchement blanche ou noire, les fidèles avaient jadis tendance à y perdre leur latin. Pour exclure tout dérapage, le maître de cérémonie du Vatican, monseigneur Marini, a par ailleurs annoncé que les cloches de Saint-Pierre sonneront à toute volée en cas d'élection."

18 avril 2005



"L'élection du successeur de Jean Paul II sera annoncée par une
fumée blanche, accompagnée pour la première fois par les cloches de la basilique Saint-Pierre. La seule manifestation visible des délibérations du conclave sera la fumée noire s'échappant deux fois par jour du toit de la chapelle en cas de scrutin sans résultat. La fumée blanche annoncera l'élection du nouveau souverain pontife. Cette fumée reste le seul lien des cardinaux avec le monde extérieur...

Un quorum des deux tiers est nécessaire pour être élu, du moins pour les 33 premiers scrutins (quatre par jour), mais nul n'ose imaginer que le conclave puisse durer aussi longtemps. Le premier acte public du pape nouvellement élu sera une bénédiction "urbi et orbi" (à la ville et au monde) du balcon de la basilique vaticane où il apparaîtra un peu moins d'une heure après la fumée blanche. Tout est déjà prêt sur ce balcon dont les fenêtres ont déjà été drapées de lourdes tentures de velours cramoisi."

19 avril 2005



Image "live" captée sur la chaîne américaine CNN dans la journée du 18 avril 2005


Image "live" captée sur la chaîne américaine CNN dans la journée du 18 avril 2005


"Après les votes du matin et de l'après-midi, qui s'achèveront vers 12 heures et vers 19 heures, les bulletins de vote et les notes prises par les cardinaux sont brûlés dans le poêle à l'intérieur de la chapelle Sixtine. Si le pape était élu à l'issue d'un premier vote en début de matinée ou en début d'après-midi, la fumée serait bien sûr anticipée. Pour la première fois, les cloches de Saint-Pierre sonneront en même temps que s'élèvera la fumée blanche. Un intervalle de quarante à quarante-cinq minutes sera observé entre l'annonce de l'élection par le premier cardinal-diacre, le Chilien Jorge Medina Estevez, et la première bénédiction du successeur de Jean Paul II à la loggia de la basilique, qui est déjà ornée de rideaux pourpres..."

19 avril 2005


Conclave d'avril 2005

Signaux de fumée sur fond de ciel nuageux

( cliquez )



TABLEAU D'ORIENTATION vers différentes élections papales, par ordre chronologique ou dans le désordre

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