BERTRAND
Bertrand est grand. Son âge, proche de
la cinquantaine, peut expliquer l'embompoint qu'il a pris au
fil des ans. Son physique n'est plus ce qu'il était
et sa jeunesse est loin derrière lui. Après
avoir reçu la lettre envoyée par l'entreprise
de caoutchouc, il a rédigé un petit mot
d'excuses... Il ne peut pas accepter de reprendre un poste
où la vigueur est nécessaire. A
présent, il compense un physique affaibli par
l'esprit vif qui le caractérise...
Il porte souvent des pulls en laine
teintée brune, de vieux habits qui ont fait leurs
preuves. Il a de courts cheveux argentés. La chaleur
que dégage le caoutchouc fondu et le travail qu'il a
constamment fourni ont creusé des rides profondes sur
son visage. Ses yeux, d'un vert rare, brillent
d'intelligence. Au vu des lettres qu'il a écrites, on
peut remarquer qu'il aime faire de belles phrases et que son
argumentaire est des plus persuasifs. Il aime mettre sa
sagesse au service des autres, ce qui prouve qu'il est
généreux. Son humour, subtil, ne
l'empêche pas d'être sérieux et de savoir
se mettre au travail.
Son domaine de prédilection est le
travail manuel mais, à présent, les travaux
intellectuels le passionnent, peut-être parce que
l'âge l'a affaibli physiquement... Il ne connaît
rien en technologie ni en mécanique...
Elouan
JOSEPH
Joseph devait venir tous les matins à
huit heures à la fabrique de caoutchouc située
sur le bord de la nationale traversant le village. Il
partait de sa maison le ventre vide et la faim le guettait.
Mais, arrivé à la fabrique, il prenait le
café avec des amis, dans la salle de repas...
Les traits de son visage se détendaient
sous l'influence de la bonne humeur qui règnait au
sein du groupe de travailleurs. Lors de l'étape de
modelage du caoutchouc, ses gros doigts noircis par la
matière caoutchoucteuse étaient un atout pour
faciliter cette fabrication. Sa petite taille et ses
épaules musclées lui permettaient de
transporter des charges souvent lourdes. Ses cheveux clairs
le distinguaient des autres salariés à la
chevelure teintée par la matière qu'ils
travaillaient quotidiennement... Il portait de grandes
blouses le protégeant contre les projections de
caoutchouc brûlant au sortir du four.
A cinq heures, il quittait l'atelier, heureux
car il était persuadé d'avoir fourni du bon
travail et de participer ainsi au bon développement
de cette petite entreprise... Arrivé chez lui, il
appréciait particulièrement le café
amoureusement préparé par sa femme...
Nicolas
JOSEPH bis
Joseph paraissait avoir
40 ans à cette époque. L'âge
n'était pas visible sur ses traits usés par la
fatigue dont on voyait bien, dans ses yeux, qu'elle avait
soufflé de bonne heure...
Je le voyais, je le
voyais bouger et gesticuler dans le spectacle qu'il
présentait avec sa troupe. Par chance, il avait
trouvé ce job à petit salaire.
Nez vert, cheveux
violets et joues blanches cachaient cet homme grand et
maigre, surchargé d'ennuis... et pourtant
tolérant, gentil et généreux. Ses
gestes impressionnaient car ils étaient
réguliers et précis. Je devinais pourquoi il
avait obtenu le rôle principal dans le spectacle qui,
sans lui, ne marcherait pas.
Dynamique mais doux,
tendre et sensible, toutes les qualités
étaient de son côté.
Quant à cette
réembauche qui l'avait tant perturbé, il n'y
pensait plus...
Joseph quitta la salle
sous les applaudissements...
Pierre
Vers les autres
romans... : EMPLOI,
RÉEMBAUCHE, LE FILS,
SARDOU, TROUCYBOEUF, RETROUVAILLES , BRICE
MARIGNAN
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