| Le "nouveau" quartier juif, à Jérusalem-Est, affiche d'emblée un étonnant modernisme qui a su respecter l'environnement de la Vieille Ville... Ayant été complètement détruit par la Légion arabe au cours de la guerre de 1948, il a été rénové à la fin des années 60, après la réunification de la ville sous le drapeau israélien. Ce quartier domine l'esplanade du Mur Occidental ( Kotel en hébreu ), que les chrétiens appellent Mur des Lamentations ... La beauté de Jérusalem a la clarté et l'étrangeté des rochers qui l'entourent. Sa couleur est celle de la pierre calcaire du pays. De nos jours encore, cette harmonie est préservée car l'utilisation du calcaire est obligatoire pour toutes les réparations et toutes les constructions neuves. La réussite architecturale du nouveau quartier juif est en partie liée à ce choix. La géométrie des ombres portées, au gré de la course du soleil, sur les sobres façades des immeubles modernes rivalise avec l'éclat cru et laiteux de la pierre du pays, que la lumière plus chaleureuse du couchant vient adoucir en y répandant la teinte chatoyante et dorée du miel... Le bleu du ciel, entrevu çà et là, semble lui-même découpé par les courbes et les droites d'une architecture qui marie avec bonheur la diversité des formes et le style traditionnel, mais renouvelé, des constructions de la Vieille Ville, toute en dômes et en terrasses... Il ne reste qu'à laisser la végétation investir les espaces disponibles et courir le long des murs percés de fenêtres parfois rares, souvent étroites, pour compléter ce tableau à la tonalité proprement orientale ... ( cf. La Pierre qui fleurit ). Y.C. Avertissement : les photos de ce dossier, prises à Jérusalem en décembre 1999, ont presque toutes subi les transformations répondant au principal objectif de ce travail, à savoir construire une ville imaginaire en se servant du tremplin original que représente le très réel et très suggestif quartier juif de Jérusalem-Est, restauré dans un alliage heureux de modernisme audacieux et de respect de la tradition... Et comme le christianisme s'enracine profondément dans le judaïsme, la dernière page de cette errance méditative nous transporte dans le quartier chrétien tout proche pour d'autres audaces minérales... et spirituelles. Y.C. Accès à la Cité idéale... | Le piéton de Jérusalem franchit insensiblement les frontières invisibles qui partagent la Vieille Ville en quatre secteurs "confessionnels"... Que l'on vienne du quartier chrétien ou du quartier arménien, l'accès au quartier juif est essentiellement marqué par un certain renouveau du tableau urbain et de sa géographie... La clarté d'une pierre plus récente ou "rajeunie"et les lignes novatrices d'une tradition revisitée intriguent, éveillent, interrogent le visiteur, qui prend peu à peu conscience d'avoir changé de "territoire", dépassé une limite imperceptible, investi un nouvel espace socioculturel... Dans l'apparente fantaisie de ses ramifications comme dans la forte physionomie de son habitat, cette partie reconstruite de l'antique cité est riche d'un héritage irriguant l'innovation à longueur de ruelles enchevêtrées, à grandes volées d'escaliers plus ou moins dérobés, qui tantôt débouchent sur l'intimité verdoyante des cours, terrasses, placettes et autres recoins, tantôt s'engouffrent dans l'énigme de ces sombres passages voûtés où "le pavé rampe" sous les bâtisses... Y.C. "Ville austère et silencieuse. On se perd dans un labyrinthe de ruelles étroites. Elles montent et descendent en zigzag, entre des maisons hautes où les fenêtres sont des trous, des lucarnes barrées ou des judas. Les pierres romaines s'encastrent dans ces murs avec les pierres chrétiennes et musulmanes. On a démoli souvent, mais on a rebâti avec les ruines, dans le même style de poterne et de forteresse. A chaque instant des passages où le pavé rampe sous les maisons."................ Edouard Schuré, Sanctuaires d'Orient, Livre IV ... 1898 | La propreté des lieux, l'harmonie du paysage architectural, l'originalité de cette écriture de pierre dont le style surprenant n'en arbore pas moins le petit air familier du "déjà vu", jusqu'à l'atmosphère feutrée de ce labyrinthe minéral - tout concourt au calme et à la sérénité, même si, çà et là, quelque vague soupçon d'inquiétude affleure aux abords d'une fenêtre grillagée ou d'une porte blindée dont les verrous ne dépareraient pas la Citadelle de David... Y.C. Loin de l'uniformité des tours sans âme et des barres en béton qui placent "haut" la barre de la laideur et de l'absurde, les maisons du quartier juif de Jérusalem, à taille humaine, alignent avec harmonie des formes variées, des volumes diversifiés, des visages aux traits originaux mais au tracé proche : à chaque maison sa personnalité, qui souscrit cependant, dans sa modernité même, aux exigences d'un style millénaire, d'une culture partagée, d'un patrimoine commun... Souplesse et faculté d'adaptation d'un habitat capable d'évoluer sans trahir ses origines... Y.C. | La Chambre Haute POINT DE VUE : " Les maisons de Jérusalem sont de lourdes masses carrées, fort basses, sans cheminées et sans fenêtres ; elles se terminent en terrasses aplaties ou en dômes et elles ressemblent à des prisons ou à des sépulcres. Tout serait à l'oeil d'un niveau égal, si les clochers des églises, les minarets des mosquées, les cimes de quelques cyprès et les buissons de nopals ne rompaient l'uniformité du plan. A la vue de ces maisons de pierres, renfermées dans un paysage de pierres, on se demande si ce ne sont pas là les monuments confus d'un cimetière au milieu d'un désert ? "... Chateaubriand, Itinéraire de Paris à Jérusalem... 1811 | | | ... Le quartier juif de Jérusalem-Est... Au nord-est de la ville, bordé par le quartier arménien, le mur des Lamentations et la rue Hashalshelet, le réseau de ruelles du quartier juif, habité depuis le VIIIè siècle av. J.C., a été détruit à plusieurs reprises. Aujourd'hui, le site, qui abrite en grande partie des juifs religieux, mais aussi des laïcs, est une oasis de paix où se côtoient boutiques de luxe, synagogues, terrasses de café et immeubles, à quelques mètres du quartier arabe, beaucoup plus mouvementé... | Jérusalem / Carte de Medeba A 6th c. church floor in Medeba, Jordan, has a mosaic map of the land of Israel with numerous place names in Greek. The center of the map is an open-faced depiction of Jerusalem with the city walls, gates, churches (with red roofs), and the Cardo. This main street of the city is depicted with two rows of colonnades running the length of the city from north to south. | Jérusalem céleste... Anonyme Liber Floridus par Lambert de Saint-Omer | " La Cité céleste que décrit saint Jean dans l'Apocalypse repose sur douze fondements de pierres précieuses. Les pierres précieuses sont l'aboutissement de tout un travail de transformation réalisé par l'Intelligence de la nature sur la matière brute que la terre porte en son sein ; comme si la terre voulait non seulement refléter, mais concrétiser la lumière et les splendeurs du Ciel. Dans toutes les religions, les pierres précieuses sont considérées comme les symboles des vertus divines, et si elles forment les assises de la Cité céleste, la Nouvelle Jérusalem, c'est parce que ces vertus sont les véritables assises de la vie spirituelle. » Omraam Mikhaël AÏVANHOV, Approche de la Cité céleste, éd. Prosveta, collection Izvor, 1991 | | Yves Clady © Copyright 1998 - 2009 Photos et montages Pléiade Atelier 7 / Jérusalem 2000 - Strasbourg 2009 / Contact : PLÉIADE | |