... revue et corrigée au Liban...

Seconde A et B, Collège Notre-Dame de la Délivrance, ZALKA / BEYROUTH


FRAGMENTS INÉDITS d'ATALA

"D' un commun accord, nous décidâmes, Atala et moi, de nous installer en ce doux lieu afin d' y mener la vie sereine et féconde des enfants de la nature convertis aux vertus d' une vie sédentaire bien remplie par les tâches agricoles et les devoirs domestiques propres à tout foyer... "

SUITES ci-dessous ...

 

Suite 1

Dans la nature pittoresque que la main du créateur a façonnée avec tant de charme, où les montagnes cousues d'une verdure étincelante saluaient le galet doré du ciel qui éclairait le monde avec d'interminables fils d'or, où la rivière serpentait mollement, où les oiseaux gazouillaient pacifiquement et égayaient le paysage, où les papillons voltigeaient librement étendant leurs ailes tachetées des diamants de la rosée, nous décidâmes, Chactas et moi, de nous installer, " pour y mener la vie sereine et féconde des enfants de la nature convertis aux vertus d' une vie sédentaire bien remplie par les tâches agricoles et les devoirs domestiques propres à tout foyer "...

Chactas embrassa la religion chrétienne et le père Aubry bénit notre union. Notre vie était merveilleuse. Mon mari allait, chaque jour,  chercher la nourriture dans la forêt généreuse, parfois il rentrait avec des truites qu'il pêchait dans la rivière ou des animaux qu'il chassait avec ses propres moyens. Quelle que fût la récolte, notre table était toujours exquise. On passait de bons moments ensemble, les après-midi, on parlait de notre avenir, de nos enfants. Le père Aubry, nous rendait visite de temps en temps. Et le soir, sous la lueur argentée de la lune, on assistait à la danse des perles dans la rivière et nos deux âmes chantaient à l'unisson l'hymne de l'amour.

Qu'elle était grande ma joie quand je portais une âme angélique dans mes entrailles. A minuit, mon cÏur songeait à mon enfant et mes lèvres fredonnaient des chants du bonheur. Notre petite Angela faisait la joie de notre foyer.

Mais un jour, Chactas fut malade et il refusait de se reposer. Son visage était pâle et ses lèvres aspiraient inutilement la vie. Deux jours passèrent et son état ne faisait que se dégrader; d'une voix suppliante, j' appelai le Père Aubry qui me demanda de me confier au Seigneur, médecin de nos coeurs et de nos corps. Il s'approcha de Chactas, lui appliqua de l'huile sur les tempes et se mit à prier. J'étais debout, attendant le miracle qui allait éventuellement se produire. Le prêtre me demanda de prier avec une foi fervente. Quelques jours après, Chactas ouvrit ses yeux et progressivement, il reprit des forces, son regard se chargea d'espoir et notre vie retrouva son rythme habituel.

 

 

Suite 2

Atala et Chactas décidèrent de vivre dans la nature, dans le calme et la sérénité. Et pour que rien ne trouble leur union, Chactas retrouva le P. Aubry et reçut le baptême. Les deux époux s'entraidèrent pour construire leur maison où ils vécurent des jours inoubliables. Atala était toujours à côté de son conjoint et l'aidait avec amour à surmonter les difficultés. Ils étaient mutuellement fascinés et vivaient l'un pour l'autre.

Un jour, pendant que Chactas était en train de cueillir les fruits, sur un arbre, une chute soudaine lui causa une fracture au dos et au bras, ce qui l'obligea à garder le lit pendant des mois. Atala, pour assurer la nourriture, devait travailler la terre, s'occuper de la maison et surtout de son mari. Chactas, voyant sa femme accablée de lourdes charges, fut pris d'une profonde tristesse. Il était noyé dans ses larmes et pleurait comme un enfant, quand sa femme rentra des champs. Elle se précipita vers lui, s'agenouilla devant son matelas, se pencha sur lui, essuya ses larmes puis, très tendrement, l'embrassa et lui demanda:

- Chactas, mon amour, que se passe-t-il ?

Ne voulant pas lui révéler les causes de son malheur, Atala insista en ces termes :

- Nous sommes deux époux unis par la grâce du Seigneur, ta souffrance est mienne ainsi que ta joie.

- Pardonne-moi, ma chérie, c'est bien à cause de moi, j'ai dû être plus attentif sur l'arbre ; je t'ai infligé tant de peine et de fatigue. Je t'aime Atala, tu es la sève de mes veines, comment vivrais - je sans toi ?

Atala l'écoutait et portait sur lui le regard tendre de la femme amoureuse. Elle lui rappela qu'ils ss'étaient engagés à vivre dans la joie les moments de détresse et les moments d'allégresse. "Je t'aime, tu es le coeur qui me fait vivre, tu es l'air que je respire, sans toi ma vie n'aurait pas de sens", finit-elle par dire.

- Je suis fier de celle que mon coeur a choisie, je suis fou de toi Atala. Tu es dotée d'une force surnaturelle, tu es ma force et ma fortune".

Quand Chactas a été complètement guéri, il a repris son travail. Et le jour où Atala sentit qu'elle est enceinte, elle courut dire sa joie à son mari qui l'a prise entre ses bras et ensemble, ils ont remercié le ciel. C'était le début du printemps où tout grouille de vie dans la nature.

Les neuf mois passèrent en un clin d'Ïil. Une nuit, alors que tout était endormi, un cri de vie jaillit : le premier fils de Atala et de Chactas était né.

Le père Aubry vint le baptiser ; Joan vécut heureux dans sa famille et eut plusieurs frères et soeurs.

Quand Dieu créa la femme, il était satisfait de son chef-d'oeuvre. Grâce à la douceur d' Atala, la vie de cette famille fut agréable et harmonieuse comme à l'aube de la création.

 

 

SUITE 3

Enveloppés par la fraîcheur de la verdure et éblouis par les charmes de la nature, nous décidâmes, Chactas et moi, d'y  mener la vie sédentaire.

Le temps passait et notre amour s'approfondissait. Notre modeste vie était tranquille, paisible, rien que nous, rien que nos âmes uniesÉ La nuit, on se reposait sur une couche de feuilles d'arbres et nous nous réchauffions avec la chaleur procurée par la terre-mère. Rien ne nous était difficile ou impossible, on trouvait dans la nature tout ce dont on avait besoin. On voulait juste être heureux. Je sentais que j'étais la plus heureuse file au monde : je suis avec l'homme que j'aime et qui me respecte.

Notre vie était ordinaire jusqu'au jour où notre amour irrésistible m'a conduit à renoncer au voeu fait par ma mère. La décision était difficile et l'angoisse profonde. "Que pensera ma mère de moi ?"... Mille idées me troublaient mais je savais que mon amour allait triompher et que j'avais le droit de faire ma vie, d'aimer et de me faire aimer par Chactas,  mon prince charmant.

Une année plus tard, notre petite Tala est venue au monde ; sa présence a multiplié notre bonheur. Nous nous sommes engagés à bien protéger notre fille, à lui assurer la meilleure éducation et à lui transmettre notre foi chrétienne.

"Pardonne-moi, mère, parce que je n'ai pas respecté le voeu, mais je suis certaine que si tu devines la béatitude qui m'enveloppe avec mon partenaire et le fruit de mes entrailles, tu m'en féliciteras".

Assise sous un arbre, je regardais Chactas ramasser le bois et Tala prendre son lait quand nous fumes surprises par l'arrivée d'un groupe d'indiens. Ils s'approchèrent de mon mari, le tirèrent violemment par les bras, lui lancèrent des injures, l'accusèrent d'être un traître et le forcèrent à les accompagner, sinon il serait mort...

"Tuez-moi ! Je préfère mourir et passer aux cieux d'où je pourrai voir ma famille au lieu de vivre en enfer !", cria-t-il.

J'ai fait l'impossible pour le maintenir avec nous mais en vain. Chactas est parti après nous avoir donné un baiser d'adieuÉ Notre souffrance était mortelle.

Ainsi, j'ai dû continuer ma vie  seule avec Tala sous le regard et la bénédiction de Dieu.

A

S U I V R E ...


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