FRAGMENTS INÉDITS d'ATALA

"D' un commun accord, nous décidâmes, Atala et moi, de nous installer en ce doux lieu afin d' y mener la vie sereine et féconde des enfants de la nature convertis aux vertus d' une vie sédentaire bien remplie par les tâches agricoles et les devoirs domestiques propres à tout foyer... "

SUITES ci-dessous ...

 

Variante 1 ( Courriel Dim 16 déc 2007 00:51:57 US/Pacific )

De rudes et nombreux hivers étaient passés, quand, ce matin-là, le soleil essayait de se faufiler entre les plis de la hutte pour venir chatouiller mon visage. Je me réveillai, paisiblement. A mes côtés, Atala, mon épouse, ma chère, profitait des dernières joies du sommeil. Je la contemplai. Avec les rayons de l'astre du jour qui se reflétaient sur son visage, elle semblait comme touchée par la grâce divine. A cet instant, je me rendis compte que je l'aimais plus que toute autre chose en ce monde. Elle était la réponse à toutes mes interrogations et comblait tous mes désirs, pour mon plus grand plaisir.

Lentement, je m'extirpai de la couche encore tiède et me levai, pour partir en quête de quelque nourriture. En sortant de la hutte, des cris d'enfant parvinrent à mes oreilles. J'aperçus notre fils au loin, essayant tant bien que mal d'attraper un papillon bleuté, qui virevoltait bien au-dessus de lui pourtant... Ah, jeunesse naïve et innocente !... Je me mis donc en quête du festin matinal. Sur le chemin, j'éprouvais un réel plaisir à marcher sur la mousse fraîche et humide ; chaque pore de ma peau se gorgeait de cette rosée matinale.

Pour mon plus grand bonheur, je découvris, dissimulé entre deux cyprès, un buisson plein de baies rougeoyantes et gorgées de sucre... Je pris donc le chemin du retour, pour partager avec ma famille ces trouvailles abondantes. Le soleil n'était pas encore bien haut dans le ciel lorsque j'atteignis la hutte.

En pénétrant dans la cabane, je vis que toute ma progéniture était là. Mes deux filles, pas encore en âge de se marier et leur frère, légèrement plus mûr, mais qui n'a pas encore connu assez de printemps pour comprendre la dureté de cette vie. Ils entouraient ma douce Atala. Je me rendis compte de la chance que j'avais d'être au coeur de tant d'amour. Nous nous installâmes pour remercier le Seigneur de nous accorder une nourriture quotidienne. Une partie des baies fut donnée à Mère Nature, en reconnaissance de son abondance.

Après le repas, les enfants s'en allèrent flâner et s'amuser au dehors. La joie qui se reflétait sur leurs visages lorsqu'ils riaient suffisait à mon bonheur. Avec Atala, nous décidâmes d'aller nous baigner dans la rivière, alors que le soleil se faisait de plus en plus pesant. Nous courûmes jusqu'au point d'eau, main dans la main, comme deux jeunes adolescents amoureux.

Une fois sur la berge, je la vis dégrafer sa robe et la contemplai dans sa nudité. Elle était resplendissante. Nous nous baignâmes jusqu'à l'épuisement de nos corps, jusqu'à ce que nos peaux deviennent plus molles, comme gorgées d'eau. C'est là que nous nous allongeâmes à l'ombre d'un saule, qui, comme avec Zeus et Europe, nous recouvrit de ses longues branches pour nous cacher au monde extérieur. A cet instant, nous étions seuls au monde, il n'y avait qu'elle et moi... Nous nous endormîmes, blottis l'un contre l'autre, nos coeurs battant à l'unisson. Nous étions si heureux à cet instant !

Lorsque nous nous réveillâmes, le soleil commençait déjà à s'évanouir dans l'horizon si lointain. L'air s'était adouci et les prémices de la nuit étaient perceptibles. Nous rentrâmes au foyer pour retrouver les enfants et les nourrir. Au premier abord, ils n'étaient pas là. Mais après un moment de flottement, nous nous rendîmes compte qu'ils étaient simplement allés nourrir les bêtes à l'arrière des huttes.

Dédaignant le repas du soir en famille, nous nous dirigeâmes directement vers la hutte. La lumière disparut complètement lorsque nos corps s'enlacèrent. L'astre de la nuit était le témoin de nos émois, à présent. Son frère du jour ne pourrait-il pas retarder son arrivée, pour que ce moment dure éternellement ?

Germain DE RICILY

 

 

Variante 2 (Courriel Sam 15 déc 2007 11:32:58 US/Pacific)

 

L'astre du jour allait bientôt faire place à sa soeur de la nuit et mes yeux fatigués devinaient au loin la hutte de paille où nous vivions, heureux, depuis douze ans déjà. Le sourire aux lèvres, je humais le plaisir de revoir ma bien-aimée, mon labeur achevé. Naskaz, premier fruit de nos amours, courut à ma rencontre et posa ses lèvres sur la joue paternelle : " Père, la fatigue transparaît dans vos yeux, vos membres se font las et, vous embrassant, je sens sous mes lèvres chaque sacrifice consenti pour le bien-être des vôtres. Ô père comment puis-je laisser celui qui m'a créé travailler chaque jour, quand je me laisse aller à de futiles plaisirs, amusements enfantins dignes du nouveau né ? Ô père, encore une fois, je vous en fais la demande, permettez moi de vous accompagner aux champs. Je ne puis même plus prier le Seigneur tant le remords m'accable. "

Les mots de l'enfant et son abnégation m'attendrirent mais je l'assurai que, quand j'étais au champ, mon coeur était tranquille à l'idée qu'il veillait sur Atala, sa mère, et lui promis que le Seigneur ne lui en tiendrait pas rigueur lors du Jugement Dernier.

A son tour, Atala, courut à ma rencontre et me prit dans ses bras : " Ô toi, mon jeune ami, toi fils de la nature, toi enfant du désert, chaque matin mon coeur saigne à l'idée de ne pas voir ton visage aimé avant le coucher du Soleil, au point de ressentir pour l'astre du jour, qui m' éloigne de toi, une haine profonde et pour la Lune, pour ses soeurs les étoiles, qui scintillent chaque nuit où mon corps est contre le tien, un amour infini.

- Non, mon Atala, ma douce, ma bien-aimée, chasse de ton coeur ces vils sentiments, car haïssant Frère Soleil, tu hais le Seigneur qui l'a créé, qui m'a créé, qui t'a créé, qui a créé chacun des fruits de notre amour."

Un sourire illumina son visage de mère que ni douze années, ni la dureté, parfois, de notre vie commune n'étaient parvenues à souiller, à faner. Ses yeux, pleins de fierté, se posèrent sur les trois membres de sa progéniture, Naskaz, Djakatez et le petit Outalissi, qui la regardèrent, conscients de l'extraordinaire beauté de leur mère.

Mon épouse me prit par la main, m'ordonna de m'asseoir et rapporta bien vite une nourriture saine, chaude et délicieuse qu'elle partagea en cinq parts égales. Nous récitâmes une rapide mais fervente prière et aussitôt, cette dernière achevée, mes trois fils sautèrent tels des sauvages et malgré les protestations amusées de leur mère, sur leur plat préféré. Je savourai, moi, mon repas, gardant dans mon coeur chaque doux moment, chaque délicieux instant, chaque succulente seconde : "Ô toi, Dieu d'Atala, toi Seigneur de mon aimée, toi, Créateur du monde, suspends les heures propices au bonheur d'une famille. Eloigne la souffrance que causerait la mort de l'un de ceux que j'aime."

Outalissi s'était endormi ; je le pris dans mes bras et le déposai sur sa couche de paille.

P.S.

 

Variante 3 (Courriel Sam 15 déc 2007 07:21:46 US/Pacific)

 

Quelques années plus tard, je rentrais des champs quand une petite voix lança un cri perçant : " Père ! ". Depuis toutes ces lunes, notre progéniture avait poussé. Du haut de sa petite taille, Plume avançait fièrement vers moi. La récolte fut bonne. J'attrapai d'un bras le bambin et me dirigeai vers notre foyer, à la rencontre de ma bien-aimée, Atala. Elle besognait toujours avec passion, alternant les travaux domestiques et jetant de temps en temps un coup d'oeil sur notre enfant bien occupé à s'amuser.

Le déjeuner fin prêt, nous nous mîmes à table et entamâmes le maïs fraîchement récolté au petit matin.

Soudain, dehors, des cailloux s'entrechoquèrent. Je sortis précipitamment, laissant mon ventre à demi rassasié. Et je vis, gisant sur les pierres, un homme blanc très mal en point. J'appelai ma femme qui accourut aussi vite que possible, tenant dans ses bras Plume qui gesticulait en tous sens.

Après maints efforts, nous réussîmes à déplacer l'homme jusqu'à notre domicile. Il avait dû marcher durant de longues journées, ses pieds étaient ensanglantés et il paraissait affaibli. Atala entama un rite religieux Indien pour protéger la victime pendant que je préparais un remède à base de plantes médicinales pour ses multiples plaies. L'inconnu remuait ses membres par petits à coups, sans jamais se réveiller.

La petite famille continua son déjeuner. Atala semblait troublée, elle paraissait gênée. Elle ne quittait plus du regard cet inconnu. Elle me dit : " Je connais ce visage. ". Nous décidâmes de le laisser se reposer dans notre humble foyer.

Puis notre lune reprit sa routine habituelle.

La lumière commençait à s'affaiblir. Nous nous préparions à souper, quand un gémissement plaintif retentit. Atala accourut, je la talonnais de près tandis que Plume trottinait gaiement derrière moi. L'inconnu se réveilla. Il paraissait désorienté.

Après quelques instants il reprit ses esprits. Il fit un bond en arrière face à ces trois regards qui le dévisageaient. Il se sentait mieux. Atala contemplait ce visage avec amour et adoration. Je m'attendris moi-même face à ce si doux regard empli d'incompréhension. Tout à coup, Atala se souvint, dans un de ses souvenirs d'enfance, du visage de son père civilisé et adoré. Ses traits correspondaient à ceux de l'inconnu.

Atala, dans une bouffée de joie, murmura d'une voix douce : " Père ? ". Et Lopez acquiesça : " Oui, ma chère et tendre Atala."

M.N.

 

Variante 4 ( Courriel Sam 15 déc 2007 08:40:57 US/Pacific )

 

"Un matin, je sortis de notre cabane, faite de terre cuite et de feuilles. L'aurore paraissait derrière les montagnes. Tout était d'or et de rose. Le village commençait lentement à s'éveiller et déjà nous entendions les premiers cris d'enfants. J'allai me rafraîchir dans la petite source se trouvant non loin de là. L'eau claire et douce, j'entrai avec plaisir dans l'onde limpide. Des faisceaux de lumière paraissaient entre les arbres ! La journée s'annonçait d'une grande joie !

De retour au village avec quelques plantes médicinales, je vis ma femme. Sa beauté resplendissait tel un rayon de lumière dans mon coeur ! Derrière elle courait notre fille aînée âgée de sept feuilles d'automne. La ressemblance entre les deux êtres était flagrante ; le même nez se laissait apercevoir, droit et fin ; les mêmes yeux perçants, tels ceux d'un hibou surveillant la pénombre de la nuit. J'entrai dans notre cabane où flottaient des odeurs délicieuses. Puis je me penchai sur le berceau de notre sixième enfant, dormant sur sa couche, calme et paisible !

Entrèrent Atala et nos cinq autres enfants ! Nous mangeâmes notre festin avec bonheur ! Mes deux garçons, turbulents, accoururent près de Chabi, notre dernier ! Ils le regardèrent avec étonnement, puis le plus âgé, Merkash, déposa un baiser sur son front ! Le dernier commença à pleurer ! Atala courut à sa couche pour le prendre et lui donner le sein !

A l'extérieur, nous entendîmes des bruits d'enfants, des rires, des cris, des petites voix qui discutaient ! Chabi alla me voir et me demanda d'une voix suppliante :

Père, puis-je aller jouer avec les autres enfants ? "

Je lui répondit d'un hochement de tête et lui dis " va " avec un large sourire !

Le soir tombait quand, autour d'un feu, tout le village se ressembla pour fêter l'été. Toutes sortes de mets étaient disposés : du gibier, des fruits de la saison et des légumes de notre potager. Le Père Aubry était présent pour donner la bénédiction de la nouvelle saison !

Nous fêtâmes avec joie cette nouvelle année de bonheur qui s'annonçait. Le soir même, de retour dans notre cabane, Atala, ma femme, m'annonça qu'elle était enceinte !"...

M.H.

 

Variante 5 ( Courriel Sam 15 déc 2007 05:56:01 US/Pacific )

 

Nous nous installâmes dans le paisible village du père Aubry. Une vie simple et heureuse nous attendait dans ces terres fertiles où l'amour nous guidait comme un berger. Je construisis notre hutte aux abords de la Mission du Père. Atala et moi, dans ce contexte d'apogée de l'amour et de la joie, nous nous mariâmes dans la chapelle en bois du village. Et d'un commun accord, ce jour là, nous décidâmes de ne plus jamais nous quitter...  

C'est alors, René, que notre vie sédentaire commença.

 Nous fîmes le voeu de donner la vie. C'est ce qui arriva neuf pleines lunes plus tard. Des centaines de lunes passèrent... Notre progéniture grandit. Nous le baptisâmes du nom de Tawodi - qui signifie faucon en langue des anciens, était le nom d'un courageux chasseur indien. Un soir comme les autres, j'entendis le doux nom de " père " résonner dans mon oreille. Il était venu me retrouver pour prier la Providence, ce que je faisais chaque soir. J'aimais me retirer sur la colline pour me recueillir et remercier le Seigneur pour cette vague de bonheur. La colline était verdoyante, pleine de vie. C'était mon petit jardin. Lorsque commencèrent à briller les étoiles, je me retirai avec Tawodi dans notre logis. Atala avait préparé du riz au lait. Le dîner était le moment où l'on échangeait, se racontait nos aventures, nos découvertes du jour, un moment pour s'exprimer. Notre cabane était faite en chêne, un bois dur et résistant ; elle était assez grande pour trois personnes. Une peau d'ours s'étendait au centre de la pièce, où se dégustait le dîner sur une table basse. Atala cuisinait très bien, sa mère lui avait appris cet art lorsqu'elle était jeune. Je racontai des légendes Indiennes à mon fils Tawodi. La nuit était calme et paisible sous ce croissant de lune.

Chaque lever de soleil était salué par une messe commune dans la chapelle du Père Aubry. Ce jour là avait lieu un mariage. Je ne pus qu'être tout à la fois nostalgique et heureux durant cette cérémonie.

Après cet événement, les plus jeunes ainsi que notre fils, se mirent en route vers la forêt pour y chercher le bois précieux nécessaire au feu continu qui trône au milieu de la Mission. Les autres allaient au champ : à l'entrée de la Mission se trouvaient des cultures de toutes sortes nécessaires aux villageois. Des femmes y plantaient des graines ou y recueillaient les fruits de leurs cultures. Les hommes labouraient les champs et y prenaient plaisir. Ces cultures étaient au coeur même de la vie du village car elles servaient à alimenter les fils spirituels du Père Aubry.

La Mission était l'Eden de tous les Indiens. Un lieu d'amour guidé par les paroles bienfaisantes de l'Ermite. Tawodi put 'y épanouir. Atala était tout simplement heureuse et chantait la vie au quotidien.

Et moi, je remercie la Providence d'avoir, un jour, croisé un homme au coeur bon : le Père Aubry. 

Maintenant que tu connais mon histoire, René, je voudrais en savoir plus sur toi.

G.M.

 

Variante 6 ( Courriel Fri, 14 Dec 2007 21:48:27 +0100 )

 

 "  Ainsi je me fis chrétien, et ma belle Atala et moi nous mariâmes. Ce fut là un mariage magnifique, car il était fait du plus pur des amours. Pendant neuf mois, Atala porta en son sein le fruit de notre passion. Notre garçon naquit un jour ensoleillé et parfumé par le magnolia, derrière notre cabane. Nous l'appelâmes Lopez, en hommage et en mémoire du père d'Atala, mon protecteur. Cette naissance nous emplit d'un bonheur sans pareil.

 Aujourd'hui, notre enfant a deux printemps et ma douce Atala lui donne toujours le sein. Elle entretient notre logis et éduque notre garçon. Nous l'avons fait baptiser, car c'est notre Dieu qui l'a sauvé à sa naissance et qui nous a permis de nous marier, Atala et moi. Ma douce épouse lui enseigne donc la culture chrétienne et lui apprend à prier Dieu. Ma femme bien-aimée est féconde : elle porte en son sein, depuis plusieurs lunes, un deuxième enfant.Je m'occupe de la chasse et de la culture : chaque jour nous avons droit au repas que nous prépare Atala, et il n'est pas rare que le soir je ramène du poisson ou du gibier.

 J'entends ma femme qui crie :

''Chactas, ô mon mari, accours je t'en prie !

- Qu'y a-t-il, ma douce Atala ? Pourquoi donc cries-tu d'un air épouvanté ?

- Chactas, notre enfant est en train de naître ! me répondit-elle.

C'est merveilleux ! m'extasiai-je. Je vais chercher le Solitaire, afin qu'il bénisse le nouveau-né ! ''... 

Je courus donc, cherchant partout celui qui nous avait mariés. On m'apprit qu'il était parti au sommet de la montagne, se retirant pour prier. N'ayant pas le temps de m'y rendre, je regagnai donc notre hutte. En entrant, je découvris Atala allongée sur la natte de mousse de notre couche, serrant sur son coeur l'enfant, qu'elle baignait de ses larmes. Un rayon de soleil, passant par la porte, vint courir sur son visage. Elle me parut plus belle que jamais, là, épuisée, étreignant notre deuxième enfant. Mais plus je m'émerveillais devant ce tendre et émouvant spectacle, et plus ma femme bien-aimée versait de larmes. Je lui demandai donc :

 ''Ma tendre Atala, est-ce de joie que tu pleures tant ?  

- Ô mon Chactas, dit-elle en se redressant, si au début c'était de bonheur que je pleurais, c'est maintenant de tristesse et de douleur, car notre enfant, que tu vois ici, ne bouge plus ; et dans son sommeil son coeur ne se soulève plus. Cette promesse que nous attendions tant, je crains qu'elle ne soit morte. Moi qui neuf mois durant ai porté la vie, je n'ai maintenant été capable que de lui donner la mort.

 - Ne pleure pas tant, s'il te plaît. Dieu ne laissera pas ainsi notre deuxième enfant mourir à sa naissance. Prions-le, maintenant.''   

Et je tombai à genoux, levant les mains au ciel et implorant Dieu de sauver le nouveau-né. Soudain, les petits doigts potelés se détendirent et un cri emplit notre maison.

Atala, ébahie, remercia le Ciel et la Providence d'avoir sauvé a fille et lui donna son lait pour la faire vivre. Le Solitaire, mon instructeur, arriva alors dans notre hutte. Il se réjouit de notre bonheur et bénit puis baptisa notre enfant. C'était une fille ; nous lui donnâmes le même nom que la mère d'Atala, qu'elle aimait plus que tout. Puis je réveillai Lopez et lui montrai sa soeur. Ce jour là fut merveilleux. "

A.K.

 

Variante 7 ( Courriel Dim 16 déc 2007 01:40:54 US/Pacific )

 

Quelques années plus tard...

Atala n'était pas encore éveillée que je revenais déjà des champs. Je m'assis à son côté tandis qu'elle dormait du sommeil de l'innocence ; un rayon de soleil transperça la fenêtre et fit briller à son doigt l'éclat d'or qui nous unissait. J'entendis des pleurs lointains... D'un mouvement brusque, Atala se leva, tous les sens en alerte, pour se diriger vers la chambre voisine. Tel est l'instinct maternel conservé par les femmes de tous horizons, dont chacune abrite une lionne toujours là pour ses petits.

Notre fille, Céluta, avait vu le jour il y a quelques mois à peine : ce fut un moment de bonheur absolu, le deuxième, à vrai dire, car le premier fut celui d'Adam dont le nom fut choisi par ma tendre épouse il y a maintenant six années. Ce petit garçon robuste et vif, qui parlait déjà fort bien, était très actif. Il aidait sa mère à accomplir les tâches qu'elle avait du mal à réaliser lorsqu'elle fut en attente de la nouvelle vie qui surgirait bientôt.

Il fallait à présent que je coupe du bois pour chauffer notre doux habitat, car la saison des neiges approchait à grands pas. Pendant que je fendais le bois avec ma hache, je vis ma bien-aimée consolant notre fille dans ses bras, notre fils courant tout autour, émoustillé à l'idée de dire bonjour à sa soeur. J'empilais la matière sur une brouette pour l'apporter à la réserve quand Atala me pria de bien vouloir venir à sa table recouverte de mets Indiens et Européens.

Quelles senteurs raffinées, mon amie ! J'ai hâte d'y goûter...

- Bonjour mon cher et tendre, installe-toi et mange tant que c'est chaud.

- Père, aujourd'hui, j'ai appris un nouveau proverbe : "L'amour d'un père est plus haut que les montagnes, l'amour d'une mère est plus profond que l'océan".

- Ceci est fort aimable, mon fils... " 

Il était temps de prier comme un bon chrétien le ferait et de rendre grâce au Seigneur pour ce nouveau festin. Je me chargeai, après le repas, de coucher Céluta dans son berceau et restai avec elle jusqu'au moment où le monde des rêves l'emporterait dans un profond sommeil. Cette après-midi de dimanche, Atala et moi nous mîmes en route pour rejoindre l'église, le lieu sacré auquel nous accordions tant d'importance, endroit où deux belles civilisations se réunissent dans une même pensée, en harmonie. J'écoutai, friand d'un nouvel enseignement qui m'aiderait tous les jours un peu plus. Mon épouse était fière de moi : j'en fus convaincu lorsqu'elle m'adressa son plus beau sourire à la sortie. Il m'était impossible d'oublier les génies qui peuplaient ma vie d'antan, les rites, les chansons... Mais à présent, j'entrais dans une nouvelle compréhension du monde.

La fatigue me prit bien vite ce jour là : après un dernier repas et les enfants couchés, je pus enfin m'allonger auprès d'Atala. La seule pensée de la savoir à mon côté me rendait heureux : cette belle sensation de plénitude m'envahit en un instant, et je souhaitai de tout mon coeur qu'elle ait une longue vie. Le sommeil me gagna enfin et je quittai ce monde avec l'image d'un visage inestimablement précieux..."

M.R.

 

 

Variante 8 ( Courriel Dim 16 déc 2007 01:59:16 US/Pacific )

 

Le sauveur des "sauvages"...

Quelques croissants de lune plus tard, une petite voix, une voix enfantine résonna dans notre cabane : au milieu de la pièce, nous avions bâti un parc, un parc en bois. Et dans ce parc se tenait, accroché aux barreaux, un petit enfant, un certain Yackary. Et ce petit indien venait de prononcer un mot... un mot très simple pour désigner sa mère : " mère ". Nous remerciâmes Dieu d'avoir exaucé notre prière : notre fils parlait ! Une prière plus tard et " Amen " eut un écho : encore une fois, Yackary avait répété nos paroles. Les jours suivants, Yackary révisait les quelques mots qu'il connaissait. Il en apprenait de nouveaux très rapidement.

Un matin, nous nous en vantâmes auprès d'une voisine : elle aussi avait un fils de l'âge du nôtre. Ce que nous ignorions, c'était que cette voisine révélait de nombreux " secrets ". Et nous le sûmes lorsque le chef du village pénétra dans notre humble logis. A sa droite se tenait un petit homme, un Peau-Rouge : je reconnus immédiatement le médecin... Quelle était donc la raison de cette visite ? Personne n'était souffrant !...

Le médecin se dirigea vers notre fils Yackary qui salua aussitôt ! C'était la première fois ! Je ne lui avais jamais appris à s'incliner ! Le médecin examina notre fils et donna son diagnostic : Yackary souffrait de "précocité aiguë"... Les yeux ébahis, nous fixâmes notre fils. Il semblait avoir pris trois années de plus en seulement quelques jours. Le chef du village nous pria de le suivre :

Votre enfant est né précoce ! Vous l'avez bien éduqué ! Je continuerai cette éducation avec vous : je lui apprendrai à monter à cheval. Je souhaiterais que qu'il accompagne un " blanc " : celui-ci pourchasse certains d'entre nous depuis quelque temps. Une complicité entre des peaux blanches et des peaux rouges rétablirait nos relations ! Si vous refusez cette opportunité de sauver ce camp, nous devrons fuir définitivement ! A vous de décider maintenant ! "

Quelques battements de tambour plus tard, nous prîmes notre décision : notre fils contribuerait à la meilleure entente entre nos deux camps.

En effet, les menaces du blanc s'estompèrent quelques années plus tard...

Broca Die Alerny

 

 

Variante 9 ( Courriel Dim 16 déc 2007 11:02:00 US/Pacific )

 

Nous passâmes, ainsi, cinq année de notre vie en amants amoureux et heureux de vivre. La compagnie de l'Ermite nous rassurait et nous unissait au village des indiens reconvertis.

Durant ce court laps de temps sous les auspices de notre mère "Nature", le Père Aubry célébra nos noces et baptisa l'enfant sorti du corps d'Atala, notre fils. Ce petit être au corps rosé, aux cheveux noir ardents et bouclés, fut la création d'une union sincère et amoureuse. Nous pûmes fêter son apparition le printemps suivant notre union par les mains de Dieu, notre Père.

Nos jours en famille se passèrent, tour à tour, en grande simplicité.

A l'aube, le Solitaire m'accompagna dans les bois aux senteurs fraîches et délicates déposéespar la rosée matinale. Nous allâmes bien souvent chercher du bois pour permettre la cuisson des aliments par ma femme, Atala. Il fut fort probable que nous chassâmes certains lièvres courant devant nous. Atala les déshabilla de leur soyeuse fourrure et les enduisit d'huile et d'herbes sèches. La fourrure constitua les lits et les couvertures que nous utilisions par temps de grand froid et de gelées.

Atala, ma douce et tendre, mon coeur et mon amour de toujours, ma beauté vivante et éternelle, se réveilla peu après mon départ en forêt. Elle commença sa journée par une prière au Dieu chrétien. Souvent, elle lui demandait de bénir nos vies, voeu constamment exaucé. Par la suite, elle prépara le déjeuner de notre petite et active progéniture. Elle nettoya notre linge lorsqu'il n'était plus en état de nous servir et le suspendit à un arbre à de multiples branches. Lorsqu'elle en eut encore le temps, elle s'assit sur un rocher en bordure du lac que notre grotte surplombait. Elle chanta des paroles indiennes et cousit les peaux des animaux ensemble afin de fabriquer une couverture.

Notre fils aux cheveux nuit se leva bien après sa mère, lorsque le soleil eut séché la rosée du matin. Après avoir déjeuné, le Père Aubry lui inculqua des bases du savoir-vivre et de l'éducation. A la fin de ses cours. il cueillit des fleurs des plaines pour composer un bouquet dédié à sa mère bien aimée. Il lui en posa dans sa chevelure d'or et de bronze.

Je vécus heureux, durant ces belles années, à contempler les êtres les plus chers de mon existence, à les aimer, à les protéger. Le Solitaire m'aida dans cette tâche de mari amoureux et de père compréhensif...

FOYEF-SOTH Gabriel

 

 

Variante 10 ( Courriel Dim 16 déc 2007 02:44:45 US/Pacific )

 

Une naissance

Le soleil finissait sa course aux confins des collines vertes du Meschacébé. Un ruisseau parcourait les monts jusqu'à un village érigé sous l'impulsion d'un ermite que les fils de la nature appelaient " le Solitaire " en raison de son goût pour le recueillement et la prière dans le silence des montagnes. Des champs cultivés s'ordonnaient autour d'humbles maisons. La paix, la prospérité et le bonheur semblaient imprégner chaque parcelle de ce lieu.

Et pourtant, des sentiments contraires s'agitaient en mon sein. L'inquiétude m'oppressait car Atala, mon épouse était sur le point de me donner un fils. Ne pouvant supporter ses souffrances et sachant ma douleur lors de ces moments là, elle m'avait demandé - chère fleur ! - de m'en aller de notre demeure, le temps de me donner cet enfant, fruit de notre amour. Ces sentiments bouillonnaient en moi lorsque mon fils aîné, Lopez, arriva essoufflé auprès de la haie de jasmins bordant le champ. Il avait vu huit printemps déjà et je nourrissais de grands espoirs pour lui. Il hérita de la finesse de sa mère et de ma forte sève. Instruit par le Solitaire, son esprit s'ouvrait aux secrets des langues des hommes et de la nature. L'astre du jour faisait miroiter ses derniers rayons dans sa chevelure ondoyante et réchauffait sa peau cuivrée : qui d'autre que mon fils pourrait être le témoin du parfait amour m'unissant à Atala ?

- Père ! Père ! La dame guérisseuse m'envoie vous dire qu'au début du règne de l'astre de cette nuit, vous aurez un enfant ! Hâtez-vous de venir ! Maman vous attend !

- J'arrive, mon sucre d'érable !Va dire à ta mère que mes pensées ne cessent d'être avec elle et que j'accours !

Il repartit aussitôt avec l'agilité du chevreuil dans la plaine, porteur de joyeuses nouvelles, telle la pluie après une longue sécheresse. Je ramassai mon outil et me dirigeai vers ma demeure. Je me remémorai alors notre belle histoire.

Te souviens-tu, René, mon fils, lorsque je te racontais les débuts de notre histoire ?

Peu après avoir échoué dans la grotte du saint homme, suite à notre long périple, Atala sut qu'elle pourrait être relevée de ses voeux. Je posai alors un grand nombre de questions auxquelles le prêtre répondit avec tant de sagesse que mon âme était prête à embrasser sur le champ cette religion !

Commença alors une période éprouvante pour nous deux... La vierge attendait une lettre de l'évêque qui la relèverait de ses voeux et moi, j'approfondissais mes connaissances chrétiennes en vue de mon baptême proche. La chasteté imposée n'augmentait en nous que le désir : je savais que notre amour était véritable, le seul que l'on puisse vivre dans sa vie.

Mon baptême se fit le jour de mon mariage. Le ciel bleu sans nuage se reflétait dans l'étang bordé de magnolias en fleurs. C'est dans cette cathédrale de verdure que nos vies furent unies. Le colibri et les oiseaux louaient le Créateur, les fleurs aux couleurs resplendissantes témoignaient de sa bonté pour nous, pauvres sauvages. La cérémonie fut belle, simple et profonde. Dans l'intimité de nos coeurs, nous savions qu'aucune issue de notre histoire n'aurait pu être plus heureuse.

Je poussai le portail en bois et courus sur le sentier sablonneux, avant de découvrir un joli garçon dans le berceau en osier. J'embrassai ma femme avec effusion, la remerciant d'avoir donné la vie une troisième fois. Je soulevai le bébé dan mes bras et le reconnus comme mon fils.

Ma petite Mila, âgée de quatre printemps, tapait dans ses mains et dansait de joie. Elle me ressemblait beaucoup : très aimante, vive et charmante, elle était aussi serviable et savait aider sa maman lorsqu'elle en avait besoin. Je m'occupai du repas de mes enfants, je leur servis le fruit de la nature et de mon labeur. Puis, je les laissai sombrer dans des songes heureux après avoir invoqué et remercié le Grand Esprit de nous protéger.

Je retournai dans la chambre d'Atala. Elle dormait, son nouveau-né dans les bras. Elle avait quelques printemps de plus mais elle était toujours aussi belle. Ses maternités n'avaient pas grossi sa taille, ses traits n'avaient pas vieilli, son amour pour moi était inaltérable et le temps de la tristesse était révolu. Elle pourrait toujours compter sur son Chactas qui veillait sur elle.

Atala ouvrit les yeux, vit son mari et lui sourit. Il lui rendit son sourire et tous deux s'endormirent...

M. L.

 

 

Variante 11 ( courriel Sam 15 déc 2007 05:34:16 US/Pacific )

 

" Ce coin du désert est très paisible ; le climat y est clément, nous pouvons donc cultiver et récolter la nourriture pour survivre car nous n'avons pas d'argent, Atala et moi. Nous vivons dans la solitude, avec nos enfants, fruits de nos entrailles. La nature est très bénéfique pour le développement des enfants !

Mais, avant de profiter de cette vie paisible, j'ai dû tout construire de mes mains pour pouvoir nous établir ici ! Lorsque nous arrivâmes, mon épouse et moi, nous découvrîmes une vaste étendue vierge du passage de l'homme, une nature encore abondante et florissante. Et, tout près de l'emplacement de notre habitation, un carré de terre suffisamment grand pour y cultiver des céréales et autres légumes dont nous aurions besoin ; sans doute un don du ciel."

Chactas s'essuie les yeux, des larmes ruissellent sur son visage, abîmé par le temps et par toutes les souffrances qu'il a vécues.

" Tout cela me rappelle les durs moments qu'Atala et moi avons endurés avant de pouvoir nous épanouir, à l'abri de l'homme et de ses méfaits... "

René prend alors la parole.

" Je comprends mon ami... Si tu le désires, prions ensemble, afin de remercier Dieu de t'avoir épargné la mort, car, après les événements tragiques qui te sont arrivés, je ne pensais pas que tu puisses retourner à ne vie pleine d'amour et de bonheur.

- Je voudrais continuer à te conter mon histoire, si cela ne te dérange pas, car cela me fait du bien.

- Très bien, continue alors. Et surtout hâte-toi ! Rappelle-toi que je suis arrivé ici à l'aube et que le soleil est en train de disparaître ; je ne resterai pas pour la nuit...

- Si tel est ton désir ! Les premières lunes après notre arrivée furent rudes ! La cabane que j'avais construite n'était que de bois et la nuit, nous étions transpercés par le froid et la faim ! Ensuite, j'étoffais la cabane de jour en jour et nos récoltes étaient de plus en plus abondantes ! Une année après, deux jumeaux virent le jour ; c'était un signe du Ciel car Atala et moi n'étions plus si jeunes et ce fut une véritable chance d'avoir des enfants ! Ce fut l'un des plus beaux jours de ma vie ! "

A ce moment là, Atala et ses deux enfants, Will et George, reviennent des plantations, les bras chargés de céréales et de légumes. Atala prend alors la parole :

" Chactas, René, le repas sera prêt d'ici peu ; Will vous apporte le thé pour patienter. "

Le regard de Chactas s'illumine tandis que celui de René s'assombrit ; ce dernier prend alors la parole avec regret :

" J'en ai déjà parlé à Chactas ; je suis vraiment désolé mais je ne peux pas rester pour le repas...

- C'est vraiment dommage. Tu as fait tout ce chemin à travers ces montagnes et forêts pour nous voir et tu ne restes même pas une journée entière... dit Atala avec tristesse.

- Si notre invité ne souhaite pas partager le repas de Dieu avec nous, il faut respecter son choix, Atala. De plus, en ce moment, les temps sont durs et la nourriture n'est pas aussi abondante que les années précédentes, réplique Chactas à sa femme. souffrante et je vais la visiter ; j'ai concocté un petit remède à base de paprika en poudre et de menthe séchée, soupire René.

- Très bien, mon ami, va en paix et souhaite une bonne guérison à ta soeur de notre part, répond Chactas.

- Prends quelques provisions, René, tu en auras besoin, dit Atala en apportant à René un panier d'osier rempli de céréales et de légumes.

- Je vous remercie de tout mon coeur et de toute mon âme, humbles laboureurs, mes frères, s'écrie René, qui charge son dos avec le panier et embrasse un à un les membres de la famille. Après s'être fait saluer, Will adresse une dernière parole au visiteur :

" Retourne - toi et marche... "

C'est alors que la famille réunie devant sa maison voit l'ombre d'un homme s'éloigner dans la nature, avant de disparaître, tel un esprit amical et bienveillant.

Après le départ de son ami, Chactas s'assoit sur son siège d'ébène, repense à la vie qu'il a menée jusqu'ici, toutes ces souffrances endurées, finalement reconverties en bonheur depuisje jour de son mariage avec Atala, sa bien-aimée, sa sauveuse, sa vie...

Encore une journée écoulée, une journée comme les autres, faite de bonheur, de solitude et d'amour.

Néné Melckilt.

 

 

Variante 12 ( Courriel Dim 16 déc 2007 04:34:55 US/Pacific )

 

On percevait, au loin, les premières lueurs rougeoyantes se découpant derrière les arbres, le soleil se parant de ses plus beaux voiles d'or, en ce début de journée.

Cinq neiges avaient passé depuis ma rencontre avec Atala et mon arrivée sur ces terres fertiles habitées par une communauté de laboureurs dirigée par un vieil ermite.

Ma paisible petite famille s'était agrandie avec les naissances successives de mes deux enfants, éduqués par nos soins, tant dans l'esprit indien que chrétien.

La nuit était à présent dissipée et j'entendais les cris joyeux annonçant l'éveil de mes enfants. J'éprouvai soudain un immense bonheur et même la satisfaction d'avoir enfin atteint un but dans mon existence, d'avoir enfin réussi, loin de tout ce que j'avais pu éprouver dans ma vie passée, le sentiment d'avoir construit une vie stable et prospère aux côtés de ma chère épouse, Atala...

Atala... elle était et elle est encore mon seul point de repère dans ce monde brutal, dans lequel j'avais pris tellement de risques et dont elle m'a toujours tiré. Je n'imagine à présent pas un seul instant de ma vie sans penser à ma bien-aimée.

Me dirigeant vers mon lopin de terre, où je moissonnais, je me rendis compte à quel point tous les habitants du village partageaient ma joie de vivre en ces lieux enchantés par la philosophie du vieux Sage.

Mais un long gémissement, bientôt noyé dns des sanglots, m'arracha à mes rêveries. Me dirigeant rapidement en direction de la plainte évanouie, j'aperçus alors un attroupement devant la maison du vieux prêtre.

<< Le Père est souffrant ...! Il dit dans ses délires qu'il va rejoindre les cieux... >> criait-on en tous sens.... Il ne m'en fallut pas plus pour me précipiter au chevet du vieillard.

Je fus alors saisi : jamais je ne l'avais vu aussi ridé, le visage creusé, tant d'habitude il débordait de vitalité. Jamais je n'aurais songé que, lui, puisse mourir un jour, tant il avait arraché des gens de l'abîme de la solitude ou de la mort...!

Ses lèvres remuaient ; je m'approchai:

<< Je vais Le rejoindre, Chactas, souffla-t-il.

- Non, criai-je, tel un enfant apeuré, mon père !...

- Je lis en toi la pureté et le désir du bonheur, Chactas. Guide ces enfants de Dieu vers la sérénité et le goût de la vie,comme je l'ai fait. Ne proteste pas, Chactas. Je sais à présent qu'en chacun de nous sommeille cette capacité, ce désir du Bien. Désormais, c'est à toi de me remplacer en tant que serviteur de notre Seigneur en ces lieux...

- Vous n'allez pas mourir, tentai-je, d'une voix qui se voulait sûre d'elle.

- Guide les vers Lui ...! Amen. >>

Ce furent ses derniers mots : des mots que je n'oublierai jamais, car, depuis ce jour funeste, ils sont mon énergie, mon second but dans l'existence après celui du bonheurd'Atala à qui je dois tout.

M.F.

 

Variante 13 ( Courriel Sun, 16 Dec 2007 14:32:45 +0100 )

 

" De nombreux printemps de vie commune plus tard, je me levai calmement, comme à mon habitude. La lumière chaleureuse du Soleil réchauffait lentement mon corps refroidi par une nuit entière d'inactivité. Un sentiment intense de force m'envahit tout à coup, et, revigoré, je me mis en quête de ma bien-aimée. Mais en vain. Je ne la trouvai nulle part. Je me dressai alors et pris la route pour la falaise, dans le seul but de la retrouver...

En cette période de la lune de fleur, je humais avec plaisir une odeur de renouveau, de renaissance. Faune et flore s'accordaient et murmuraient en choeur. Leurs silhouettes se mouvaient , leurs ombres s'élançaient au loin, tandis que le Soleil, généreux , distribuait lumière et chaleur à tous, et apparaissait, paisible, à l'horizon.

Une matinée idyllique, un réel cadeau de Dieu.

Poursuivant mon chemin, je gravis la colline, escaladai la roche quand, enfin, je l'aperçus. Elle se tenait là, devant moi, tel un ange enveloppé de son drap blanc immaculé. Les courbes de son corps se dessinaient peu à peu. La blanche lueur de l'aube se reflétait sur son doux visage. Ses traits harmonieux se précisaient au fur et à mesure de mon avancée. Je percevais son timbre de voix mélodieux alors que je m'approchais discrètement : elle priait.

Après l'avoir observée longuement, je me rendis compte de la faveur que Dieu m'avait accordée en plaçant Atala sur mon chemin. Nos chemins s'étaient croisés, et plus jamais ils ne se sépareraient . Chaque instant que nous partagions nous rapprochait un peu plus du Seigneur. Et je l'en remerciai pronfondément pour ce divin présent.

Une fois arrivé à sa hauteur, je plongeai mon regard dans le sien, puis elle me prit dans ses bras sans le moindre mot. Toute parole était inutile. Sa présence illuminait ma vie : mon bonheur, ma joie étaient à leur paroxysme... Ainsi, nous jouîmes de cet instant privilégié, admirant nos silhouettes qui miroitaient sur l'onde. Bercés par la douce mélodie des vagues assiegeant la falaise , nous priâmes... Mais cette délicieuse atmosphère de paix et de sérénité fut soudain troublée par des cris stridents :

" Père, Mère, nous sommes affamés ! "

Relâchant non sans regret Atala de mon étreinte passionnée, je pris mon équipement de chasse et me mis en devoir de subvenir aux besoins alimentaires de nos deux enfants.

Les heures avaient passé et le Soleil était à son zénith lorsque je revins, accompagné de ma progéniture, le buste fièrement bombé, une biche au creux des bras. Atala s'était, quant à elle, occupée des tâches agricoles et avait collecté un plein panier du fruit de nos récoltes. Un festin s'annonçait...

Atala se chargea alors de préparer le gibier tandis que je m'occupais des enfants. Nous jouions aux osselets et dansions autour des flammes crépitantes, quand je m'arrêtai un instant pour observer la femme qui me comblait de bonheur : occupée à une tâche fastidieuse, elle n'en conservait pas moins une élégance extraordinaire. Ses longs doigts fins s'affairaient, agiles, à dépecer l'animal. Ses longs cheveux de soie descendaient jusqu'à sa taille. Ses prunelles vertes ne quittaient pas l'animal de vue. Ses lèvres délicates remuaient et prononçaient faiblement quelques paroles que je ne perçus pas. Son nez aquilin et son noble front rendaient son visage si agréable à regarder que je ne pus m'en détacher. Sa beauté me laissait bouche bée.

Sa capacité de concentration, son abnégation et son efficacité étaient réellement remarquables. Je détournai une seconde le regard et son oeuvre était déjà achevée. Son travail ainsi accompli, elle le bénit. Puis nous remerciâmes Dieu pour cette magnifique journée et ce cadeau de la nature. Enfin, nous savourâmes ce festin... Repus , nous rentrâmes directement dans notre hutte et nous couchâmes. La tête contre mon sein , elle ferma les yeux et se blottit auprès de moi.

A ce moment, nous éprouvâmes un sentiment si intense de joie et d'allégresse que nous décidâmes, d'un commun accord, de le concrétiser par la conception d'un troisième enfant."

V. M.

 

Variante 14 ( Courriel Dim 16 déc 2007 06:33:47 US/Pacific )

"D'un commun accord, nous décidâmes, Atala et moi, de nous installer en ce doux lieu et d'y mener la vie sereine et féconde des enfants de la nature convertis aux vertus d'une vie sédentaire bien remplie par les tâches agricoles et les devoirs domestiques propres à tout foyer...

Trois printemps passèrent. Je m'étais établi dans une modeste cabane avec mon aimée Atala. Peu de biens nous étaient nécessaires ; nous vivions avec le village et la forêt. Notre demeure était humble et la fille de Lopez y mit au monde un petit garçon au cours de la neuvième lune. Au matin d'un jour ensoleillé, je menai mon épouse et mon fils au pied de la grande croix. Mêlés aux villageois, nous célébrâmes les mystères de notre religion. Nous nous prosternâmes avec ferveur et acceptâmes le sacrifice de Jésus-Christ.

Ô René, ô mon fils, imagine la joie d'un homme qui, uni à sa femme, peut célébrer son Dieu et voir son enfant faire de même... Ces jours furent les plus beaux de mon infortunée existence.

A midi, nous partîmes admirer la beauté de la nature offerte par Dieu et le Génie duDésert, sous l'arche du pont naturel. C'est en cet endroit resplendissant que nous célébrâmes les deuxièmes neiges d'Eothan, notre fils.

A la tombée de la nuit, je retournai avec ma famille dans notre cabane. Atala alluma un feu avec des lianes sèches et vint s'appuyer sur mon épaule en souriant. Notre fils dormait déjà sur la natte que nous lui avions tressée. Les mots n'étaient pas utiles : le silence nocturne exprimait à lui seul notre bonheur.

Ô René, vois comment un vieil homme s'attarde sur les beaux jours passés, pour sa plus grande joie comme pour sa plus grande peine..."

Celine Favora


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Qu'est-ce que l'INCULTURATION ?... et l'ACCULTURATION ?