FRAGMENTS INÉDITS d'ATALA
"D' un commun
accord, nous décidâmes, Atala et moi, de nous
installer en ce doux lieu afin d' y mener la vie sereine et
féconde des enfants de la nature convertis aux vertus
d' une vie sédentaire bien remplie par les
tâches agricoles et les devoirs domestiques propres
à tout foyer... "
SUITES ci-dessous ...
Variante
1
( Courriel Dim 16
déc 2007 00:51:57 US/Pacific )
De rudes et
nombreux hivers étaient passés, quand, ce
matin-là, le soleil essayait de se faufiler entre les
plis de la hutte pour venir chatouiller mon visage. Je me
réveillai, paisiblement. A mes côtés,
Atala, mon épouse, ma chère, profitait des
dernières joies du sommeil. Je la contemplai. Avec
les rayons de l'astre du jour qui se reflétaient sur
son visage, elle semblait comme touchée par la
grâce divine. A cet instant, je me rendis compte que
je l'aimais plus que toute autre chose en ce monde. Elle
était la réponse à toutes mes
interrogations et comblait tous mes désirs, pour mon
plus grand plaisir.
Lentement, je
m'extirpai de la couche encore tiède et me levai,
pour partir en quête de quelque nourriture. En sortant
de la hutte, des cris d'enfant parvinrent à mes
oreilles. J'aperçus notre fils au loin, essayant tant
bien que mal d'attraper un papillon bleuté, qui
virevoltait bien au-dessus de lui pourtant... Ah, jeunesse
naïve et innocente !... Je me mis donc en
quête du festin matinal. Sur le chemin,
j'éprouvais un réel plaisir à marcher
sur la mousse fraîche et humide ; chaque pore de
ma peau se gorgeait de cette rosée
matinale.
Pour mon plus
grand bonheur, je découvris, dissimulé entre
deux cyprès, un buisson plein de baies rougeoyantes
et gorgées de sucre... Je pris donc le chemin du
retour, pour partager avec ma famille ces trouvailles
abondantes. Le soleil n'était pas encore bien haut
dans le ciel lorsque j'atteignis la hutte.
En
pénétrant dans la cabane, je vis que toute ma
progéniture était là. Mes deux filles,
pas encore en âge de se marier et leur frère,
légèrement plus mûr, mais qui n'a pas
encore connu assez de printemps pour comprendre la
dureté de cette vie. Ils entouraient ma douce Atala.
Je me rendis compte de la chance que j'avais d'être au
coeur de tant d'amour. Nous nous installâmes pour
remercier le Seigneur de nous accorder une nourriture
quotidienne. Une partie des baies fut donnée à
Mère Nature, en reconnaissance de son
abondance.
Après
le repas, les enfants s'en allèrent flâner et
s'amuser au dehors. La joie qui se reflétait sur
leurs visages lorsqu'ils riaient suffisait à mon
bonheur. Avec Atala, nous décidâmes d'aller
nous baigner dans la rivière, alors que le soleil se
faisait de plus en plus pesant. Nous courûmes jusqu'au
point d'eau, main dans la main, comme deux jeunes
adolescents amoureux.
Une fois sur
la berge, je la vis dégrafer sa robe et la contemplai
dans sa nudité. Elle était resplendissante.
Nous nous baignâmes jusqu'à l'épuisement
de nos corps, jusqu'à ce que nos peaux deviennent
plus molles, comme gorgées d'eau. C'est là que
nous nous allongeâmes à l'ombre d'un saule,
qui, comme avec Zeus et Europe, nous recouvrit de ses
longues branches pour nous cacher au monde extérieur.
A cet instant, nous étions seuls au monde, il n'y
avait qu'elle et moi... Nous nous endormîmes, blottis
l'un contre l'autre, nos coeurs battant à l'unisson.
Nous étions si heureux à cet
instant !
Lorsque nous
nous réveillâmes, le soleil commençait
déjà à s'évanouir dans l'horizon
si lointain. L'air s'était adouci et les
prémices de la nuit étaient perceptibles. Nous
rentrâmes au foyer pour retrouver les enfants et les
nourrir. Au premier abord, ils n'étaient pas
là. Mais après un moment de flottement, nous
nous rendîmes compte qu'ils étaient simplement
allés nourrir les bêtes à
l'arrière des huttes.
Dédaignant le repas du soir en
famille, nous nous dirigeâmes directement vers la
hutte. La lumière disparut complètement
lorsque nos corps s'enlacèrent. L'astre de la nuit
était le témoin de nos émois, à
présent. Son frère du jour ne pourrait-il pas
retarder son arrivée, pour que ce moment dure
éternellement ?
Germain DE
RICILY
Variante
2 (Courriel Sam 15 déc 2007
11:32:58 US/Pacific)
L'astre du
jour allait bientôt faire place à sa soeur de
la nuit et mes yeux fatigués devinaient au loin la
hutte de paille où nous vivions, heureux, depuis
douze ans déjà. Le sourire aux lèvres,
je humais le plaisir de revoir ma bien-aimée, mon
labeur achevé. Naskaz, premier fruit de nos amours,
courut à ma rencontre et posa ses lèvres sur
la joue paternelle : " Père, la fatigue transparaît
dans vos yeux, vos membres se font las et, vous embrassant,
je sens sous mes lèvres chaque sacrifice consenti
pour le bien-être des vôtres. Ô
père comment puis-je laisser celui qui m'a
créé travailler chaque jour, quand je me
laisse aller à de futiles plaisirs, amusements
enfantins dignes du nouveau né ? Ô père,
encore une fois, je vous en fais la demande, permettez moi
de vous accompagner aux champs. Je ne puis même plus
prier le Seigneur tant le remords m'accable.
"
Les mots de
l'enfant et son abnégation m'attendrirent mais je
l'assurai que, quand j'étais au champ, mon coeur
était tranquille à l'idée qu'il
veillait sur Atala, sa mère, et lui promis que le
Seigneur ne lui en tiendrait pas rigueur lors du Jugement
Dernier.
A son tour,
Atala, courut à ma rencontre et me prit dans ses bras
: " Ô toi,
mon jeune ami, toi fils de la nature, toi enfant du
désert, chaque matin mon coeur saigne à
l'idée de ne pas voir ton visage aimé avant le
coucher du Soleil, au point de ressentir pour l'astre du
jour, qui m' éloigne de toi, une haine profonde et
pour la Lune, pour ses soeurs les étoiles, qui
scintillent chaque nuit où mon corps est contre le
tien, un amour infini.
-
Non, mon Atala, ma
douce, ma bien-aimée, chasse de ton coeur ces vils
sentiments, car haïssant Frère Soleil, tu hais
le Seigneur qui l'a créé, qui m'a
créé, qui t'a créé, qui a
créé chacun des fruits de notre amour."
Un sourire
illumina son visage de mère que ni douze
années, ni la dureté, parfois, de notre vie
commune n'étaient parvenues à souiller,
à faner. Ses yeux, pleins de fierté, se
posèrent sur les trois membres de sa
progéniture, Naskaz, Djakatez et le petit Outalissi,
qui la regardèrent, conscients de l'extraordinaire
beauté de leur mère.
Mon
épouse me prit par la main, m'ordonna de m'asseoir et
rapporta bien vite une nourriture saine, chaude et
délicieuse qu'elle partagea en cinq parts
égales. Nous récitâmes une rapide mais
fervente prière et aussitôt, cette
dernière achevée, mes trois fils
sautèrent tels des sauvages et malgré les
protestations amusées de leur mère, sur leur
plat préféré. Je savourai, moi, mon
repas, gardant dans mon coeur chaque doux moment, chaque
délicieux instant, chaque succulente seconde :
"Ô toi, Dieu
d'Atala, toi Seigneur de mon aimée, toi,
Créateur du monde, suspends les heures propices au
bonheur d'une famille. Eloigne la souffrance que causerait
la mort de l'un de ceux que j'aime."
Outalissi
s'était endormi ; je le pris dans mes bras et le
déposai sur sa couche de paille.
P.S.
Variante 3
(Courriel Sam 15 déc 2007
07:21:46 US/Pacific)
Quelques
années plus tard, je rentrais des champs quand une
petite voix lança un cri perçant :
" Père ! ". Depuis toutes ces lunes, notre
progéniture avait poussé. Du haut de sa petite
taille, Plume avançait fièrement vers moi. La
récolte fut bonne. J'attrapai d'un bras le bambin et
me dirigeai vers notre foyer, à la rencontre de ma
bien-aimée, Atala. Elle besognait toujours avec
passion, alternant les travaux domestiques et jetant de
temps en temps un coup d'oeil sur notre enfant bien
occupé à s'amuser.
Le
déjeuner fin prêt, nous nous mîmes
à table et entamâmes le maïs
fraîchement récolté au petit
matin.
Soudain,
dehors, des cailloux s'entrechoquèrent. Je sortis
précipitamment, laissant mon ventre à demi
rassasié. Et je vis, gisant sur les pierres, un homme
blanc très mal en point. J'appelai ma femme qui
accourut aussi vite que possible, tenant dans ses bras Plume
qui gesticulait en tous sens.
Après
maints efforts, nous réussîmes à
déplacer l'homme jusqu'à notre domicile. Il
avait dû marcher durant de longues journées,
ses pieds étaient ensanglantés et il
paraissait affaibli. Atala entama un rite religieux Indien
pour protéger la victime pendant que je
préparais un remède à base de plantes
médicinales pour ses multiples plaies. L'inconnu
remuait ses membres par petits à coups, sans jamais
se réveiller.
La petite
famille continua son déjeuner. Atala semblait
troublée, elle paraissait gênée. Elle ne
quittait plus du regard cet inconnu. Elle me
dit :
" Je connais ce visage. ". Nous décidâmes de
le laisser se reposer dans notre humble foyer.
Puis notre
lune reprit sa routine habituelle.
La
lumière commençait à s'affaiblir. Nous
nous préparions à souper, quand un
gémissement plaintif retentit. Atala accourut, je la
talonnais de près tandis que Plume trottinait
gaiement derrière moi. L'inconnu se réveilla.
Il paraissait désorienté.
Après
quelques instants il reprit ses esprits. Il fit un bond en
arrière face à ces trois regards qui le
dévisageaient. Il se sentait mieux. Atala contemplait
ce visage avec amour et adoration. Je m'attendris
moi-même face à ce si doux regard empli
d'incompréhension. Tout à coup, Atala se
souvint, dans un de ses souvenirs d'enfance, du visage de
son père civilisé et adoré. Ses traits
correspondaient à ceux de l'inconnu.
Atala, dans
une bouffée de joie, murmura d'une voix douce :
" Père ? ". Et Lopez acquiesça :
" Oui, ma
chère et tendre Atala."
M.N.
Variante
4
( Courriel Sam 15
déc 2007 08:40:57 US/Pacific )
"Un matin, je
sortis de notre cabane, faite de terre cuite et de feuilles.
L'aurore paraissait derrière les montagnes. Tout
était d'or et de rose. Le village commençait
lentement à s'éveiller et déjà
nous entendions les premiers cris d'enfants. J'allai me
rafraîchir dans la petite source se trouvant non loin
de là. L'eau claire et douce, j'entrai avec plaisir
dans l'onde limpide. Des faisceaux de lumière
paraissaient entre les arbres ! La journée
s'annonçait d'une grande joie !
De retour au
village avec quelques plantes médicinales, je vis ma
femme. Sa beauté resplendissait tel un rayon de
lumière dans mon coeur ! Derrière elle
courait notre fille aînée âgée de
sept feuilles d'automne. La ressemblance entre les deux
êtres était flagrante ; le même nez
se laissait apercevoir, droit et fin ; les mêmes
yeux perçants, tels ceux d'un hibou surveillant la
pénombre de la nuit. J'entrai dans notre cabane
où flottaient des odeurs délicieuses. Puis je
me penchai sur le berceau de notre sixième enfant,
dormant sur sa couche, calme et paisible !
Entrèrent Atala et nos cinq autres
enfants ! Nous mangeâmes notre festin avec
bonheur ! Mes deux garçons, turbulents,
accoururent près de Chabi, notre dernier ! Ils
le regardèrent avec étonnement, puis le plus
âgé, Merkash, déposa un baiser sur son
front ! Le dernier commença à
pleurer ! Atala courut à sa couche pour le
prendre et lui donner le sein !
A
l'extérieur, nous entendîmes des bruits
d'enfants, des rires, des cris, des petites voix qui
discutaient ! Chabi alla me voir et me demanda d'une
voix suppliante :
"
Père,
puis-je aller jouer avec les autres enfants ? "
Je lui
répondit d'un hochement de tête et lui dis
" va " avec un large
sourire !
Le soir
tombait quand, autour d'un feu, tout le village se ressembla
pour fêter l'été. Toutes sortes de mets
étaient disposés : du gibier, des fruits
de la saison et des légumes de notre potager. Le
Père Aubry était présent pour donner la
bénédiction de la nouvelle
saison !
Nous
fêtâmes avec joie cette nouvelle année de
bonheur qui s'annonçait. Le soir même, de
retour dans notre cabane, Atala, ma femme, m'annonça
qu'elle était enceinte !"...
M.H.
Variante
5 ( Courriel
Sam 15 déc 2007 05:56:01 US/Pacific )
Nous nous
installâmes dans le paisible village du père
Aubry. Une vie simple et heureuse nous attendait dans ces
terres fertiles où l'amour nous guidait comme un
berger. Je construisis notre hutte aux abords de la Mission
du Père. Atala et moi, dans ce contexte
d'apogée de l'amour et de la joie, nous nous
mariâmes dans la chapelle en bois du village. Et d'un
commun accord, ce jour là, nous
décidâmes de ne plus jamais nous quitter...
C'est alors,
René, que notre vie sédentaire
commença.
Nous
fîmes le voeu de donner la vie. C'est ce qui arriva
neuf pleines lunes plus tard. Des centaines de lunes
passèrent... Notre progéniture grandit. Nous
le baptisâmes du nom de Tawodi - qui signifie faucon
en langue des anciens, était le nom d'un courageux
chasseur indien. Un soir comme les autres, j'entendis le
doux nom de " père " résonner dans mon oreille. Il
était venu me retrouver pour prier la Providence, ce
que je faisais chaque soir. J'aimais me retirer sur la
colline pour me recueillir et remercier le Seigneur pour
cette vague de bonheur. La colline était verdoyante,
pleine de vie. C'était mon petit jardin. Lorsque
commencèrent à briller les étoiles, je
me retirai avec Tawodi dans notre logis. Atala avait
préparé du riz au lait. Le dîner
était le moment où l'on échangeait, se
racontait nos aventures, nos découvertes du jour, un
moment pour s'exprimer. Notre cabane était faite en
chêne, un bois dur et résistant ; elle
était assez grande pour trois personnes. Une peau
d'ours s'étendait au centre de la pièce,
où se dégustait le dîner sur une table
basse. Atala cuisinait très bien, sa mère lui
avait appris cet art lorsqu'elle était jeune. Je
racontai des légendes Indiennes à mon fils
Tawodi. La nuit était calme et paisible sous ce
croissant de lune.
Chaque lever
de soleil était salué par une messe commune
dans la chapelle du Père Aubry. Ce jour là
avait lieu un mariage. Je ne pus qu'être tout à
la fois nostalgique et heureux durant cette
cérémonie.
Après
cet événement, les plus jeunes ainsi que notre
fils, se mirent en route vers la forêt pour y chercher
le bois précieux nécessaire au feu continu qui
trône au milieu de la Mission. Les autres allaient au
champ : à l'entrée de la Mission se
trouvaient des cultures de toutes sortes nécessaires
aux villageois. Des femmes y plantaient des graines ou y
recueillaient les fruits de leurs cultures. Les hommes
labouraient les champs et y prenaient plaisir. Ces cultures
étaient au coeur même de la vie du village car
elles servaient à alimenter les fils spirituels du
Père Aubry.
La Mission
était l'Eden de tous les Indiens. Un lieu d'amour
guidé par les paroles bienfaisantes de l'Ermite.
Tawodi put 'y épanouir. Atala était tout
simplement heureuse et chantait la vie au
quotidien.
Et moi, je
remercie la Providence d'avoir, un jour, croisé un
homme au coeur bon : le Père
Aubry.
Maintenant que
tu connais mon histoire, René, je voudrais en savoir
plus sur toi.
G.M.
Variante 6
( Courriel Fri, 14 Dec 2007
21:48:27 +0100 )
"
Ainsi je me fis chrétien, et ma belle Atala et moi
nous mariâmes. Ce fut là un mariage magnifique,
car il était fait du plus pur des amours. Pendant
neuf mois, Atala porta en son sein le fruit de notre
passion. Notre garçon naquit un jour
ensoleillé et parfumé par le magnolia,
derrière notre cabane. Nous l'appelâmes Lopez,
en hommage et en mémoire du père d'Atala, mon
protecteur. Cette naissance nous emplit d'un bonheur sans
pareil.
Aujourd'hui, notre enfant a deux
printemps et ma douce Atala lui donne toujours le sein. Elle
entretient notre logis et éduque notre garçon.
Nous l'avons fait baptiser, car c'est notre Dieu qui l'a
sauvé à sa naissance et qui nous a permis de
nous marier, Atala et moi. Ma douce épouse lui
enseigne donc la culture chrétienne et lui
apprend à prier Dieu. Ma femme bien-aimée est
féconde : elle porte en son sein, depuis plusieurs
lunes, un deuxième enfant.Je m'occupe de la chasse et
de la culture : chaque jour nous avons droit au repas
que nous prépare Atala, et il n'est pas rare que le
soir je ramène du poisson ou du gibier.
J'entends ma femme qui
crie :
''Chactas, ô mon mari, accours je t'en
prie !
- Qu'y a-t-il, ma douce Atala ?
Pourquoi donc cries-tu d'un air
épouvanté ?
- Chactas, notre enfant est en train de
naître ! me répondit-elle.
- C'est merveilleux ! m'extasiai-je. Je vais chercher le Solitaire,
afin qu'il bénisse le nouveau-né
! ''...
Je courus
donc, cherchant partout celui qui nous avait mariés.
On m'apprit qu'il était parti au sommet de la
montagne, se retirant pour prier. N'ayant pas le temps de
m'y rendre, je regagnai donc notre hutte. En entrant, je
découvris Atala allongée sur la natte de
mousse de notre couche, serrant sur son coeur l'enfant,
qu'elle baignait de ses larmes. Un rayon de soleil, passant
par la porte, vint courir sur son visage. Elle me parut plus
belle que jamais, là, épuisée,
étreignant notre deuxième enfant. Mais plus je
m'émerveillais devant ce tendre et émouvant
spectacle, et plus ma femme bien-aimée versait de
larmes. Je lui demandai donc :
''Ma tendre Atala, est-ce de joie que tu
pleures tant ?
-
Ô mon
Chactas, dit-elle en se redressant, si au début
c'était de bonheur que je pleurais, c'est
maintenant de tristesse et de douleur, car notre enfant, que
tu vois ici, ne bouge plus ; et dans son sommeil son
coeur ne se soulève plus. Cette promesse que nous
attendions tant, je crains qu'elle ne soit morte. Moi qui
neuf mois durant ai porté la vie, je n'ai maintenant
été capable que de lui donner la
mort.
- Ne pleure pas tant, s'il te plaît.
Dieu ne laissera pas ainsi notre deuxième enfant
mourir à sa naissance. Prions-le,
maintenant.''
Et je tombai
à genoux, levant les mains au ciel et implorant Dieu
de sauver le nouveau-né. Soudain, les petits doigts
potelés se détendirent et un cri emplit notre
maison.
Atala,
ébahie, remercia le Ciel et la Providence d'avoir
sauvé a fille et lui donna son lait pour la faire
vivre. Le Solitaire, mon instructeur, arriva alors dans
notre hutte. Il se réjouit de notre bonheur et
bénit puis baptisa notre enfant. C'était une
fille ; nous lui donnâmes le même nom que
la mère d'Atala, qu'elle aimait plus que tout. Puis
je réveillai Lopez et lui montrai sa soeur. Ce jour
là fut merveilleux. "
A.K.
Variante
7
( Courriel Dim 16 déc
2007 01:40:54 US/Pacific )
Quelques
années plus tard...
Atala
n'était pas encore éveillée que je
revenais déjà des champs. Je m'assis à
son côté tandis qu'elle dormait du sommeil de
l'innocence ; un rayon de soleil transperça la
fenêtre et fit briller à son doigt
l'éclat d'or qui nous unissait. J'entendis des pleurs
lointains... D'un mouvement brusque, Atala se leva, tous les
sens en alerte, pour se diriger vers la chambre voisine. Tel
est l'instinct maternel conservé par les femmes de
tous horizons, dont chacune abrite une lionne toujours
là pour ses petits.
Notre fille,
Céluta, avait vu le jour il y a quelques mois
à peine : ce fut un moment de bonheur absolu, le
deuxième, à vrai dire, car le premier fut
celui d'Adam dont le nom fut choisi par ma tendre
épouse il y a maintenant six années. Ce petit
garçon robuste et vif, qui parlait déjà
fort bien, était très actif. Il aidait sa
mère à accomplir les tâches qu'elle
avait du mal à réaliser lorsqu'elle fut en
attente de la nouvelle vie qui surgirait bientôt.
Il fallait
à présent que je coupe du bois pour chauffer
notre doux habitat, car la saison des neiges approchait
à grands pas. Pendant que je fendais le bois avec ma
hache, je vis ma bien-aimée consolant notre fille
dans ses bras, notre fils courant tout autour,
émoustillé à l'idée de dire
bonjour à sa soeur. J'empilais la matière sur
une brouette pour l'apporter à la réserve
quand Atala me pria de bien vouloir venir à sa table
recouverte de mets Indiens et Européens.
- Quelles senteurs raffinées, mon
amie ! J'ai hâte d'y
goûter...
- Bonjour
mon cher et tendre, installe-toi et mange tant que c'est
chaud.
-
Père,
aujourd'hui, j'ai appris un nouveau proverbe : "L'amour
d'un père est plus haut que les montagnes, l'amour
d'une mère est plus profond que
l'océan".
-
Ceci est fort
aimable, mon fils... "
Il
était temps de prier comme un bon chrétien le
ferait et de rendre grâce au Seigneur pour ce nouveau
festin. Je me chargeai, après le repas, de coucher
Céluta dans son berceau et restai avec elle jusqu'au
moment où le monde des rêves l'emporterait dans
un profond sommeil. Cette après-midi de dimanche,
Atala et moi nous mîmes en route pour rejoindre
l'église, le lieu sacré auquel nous accordions
tant d'importance, endroit où deux belles
civilisations se réunissent dans une même
pensée, en harmonie. J'écoutai, friand d'un
nouvel enseignement qui m'aiderait tous les jours un peu
plus. Mon épouse était fière de
moi : j'en fus convaincu lorsqu'elle m'adressa son plus
beau sourire à la sortie. Il m'était
impossible d'oublier les génies qui peuplaient ma vie
d'antan, les rites, les chansons... Mais à
présent, j'entrais dans une nouvelle
compréhension du monde.
La fatigue me
prit bien vite ce jour là : après un
dernier repas et les enfants couchés, je pus enfin
m'allonger auprès d'Atala. La seule pensée de
la savoir à mon côté me rendait
heureux : cette belle sensation de plénitude
m'envahit en un instant, et je souhaitai de tout mon coeur
qu'elle ait une longue vie. Le sommeil me gagna enfin et je
quittai ce monde avec l'image d'un visage inestimablement
précieux..."
M.R.
Variante
8 ( Courriel Dim 16 déc 2007 01:59:16
US/Pacific )
Le sauveur des
"sauvages"...
Quelques
croissants de lune plus tard, une petite voix, une voix
enfantine résonna dans notre cabane : au milieu
de la pièce, nous avions bâti un parc, un parc
en bois. Et dans ce parc se tenait, accroché aux
barreaux, un petit enfant, un certain Yackary. Et ce petit
indien venait de prononcer un mot... un mot très
simple pour désigner sa mère :
" mère ". Nous remerciâmes Dieu
d'avoir exaucé notre prière : notre fils
parlait ! Une prière plus tard et
" Amen " eut un écho : encore une
fois, Yackary avait répété nos paroles.
Les jours suivants, Yackary révisait les quelques
mots qu'il connaissait. Il en apprenait de nouveaux
très rapidement.
Un matin, nous
nous en vantâmes auprès d'une voisine :
elle aussi avait un fils de l'âge du nôtre. Ce
que nous ignorions, c'était que cette voisine
révélait de nombreux " secrets ". Et
nous le sûmes lorsque le chef du village
pénétra dans notre humble logis. A sa droite
se tenait un petit homme, un Peau-Rouge : je reconnus
immédiatement le médecin... Quelle
était donc la raison de cette visite ? Personne
n'était souffrant !...
Le
médecin se dirigea vers notre fils Yackary qui salua
aussitôt ! C'était la première
fois ! Je ne lui avais jamais appris à
s'incliner ! Le médecin examina notre fils et
donna son diagnostic : Yackary souffrait de
"précocité aiguë"... Les yeux
ébahis, nous fixâmes notre fils. Il semblait
avoir pris trois années de plus en seulement quelques
jours. Le chef du village nous pria de le
suivre :
" Votre enfant est né
précoce ! Vous l'avez bien
éduqué ! Je continuerai cette
éducation avec vous : je lui apprendrai à
monter à cheval. Je souhaiterais que qu'il accompagne
un " blanc " : celui-ci pourchasse
certains d'entre nous depuis quelque temps. Une
complicité entre des peaux blanches et des peaux
rouges rétablirait nos relations ! Si vous
refusez cette opportunité de sauver ce camp, nous
devrons fuir définitivement ! A vous de
décider maintenant ! "
Quelques
battements de tambour plus tard, nous prîmes notre
décision : notre fils contribuerait à la
meilleure entente entre nos deux camps.
En effet, les
menaces du blanc s'estompèrent quelques années
plus tard...
Broca Die
Alerny
Variante
9
( Courriel Dim 16
déc 2007 11:02:00 US/Pacific )
Nous
passâmes, ainsi, cinq année de notre vie en
amants amoureux et heureux de vivre. La compagnie de
l'Ermite nous rassurait et nous unissait au village des
indiens reconvertis.
Durant ce
court laps de temps sous les auspices de notre mère
"Nature", le Père Aubry célébra nos
noces et baptisa l'enfant sorti du corps d'Atala, notre
fils. Ce petit être au corps rosé, aux cheveux
noir ardents et bouclés, fut la création d'une
union sincère et amoureuse. Nous pûmes
fêter son apparition le printemps suivant notre union
par les mains de Dieu, notre Père.
Nos jours en
famille se passèrent, tour à tour, en grande
simplicité.
A l'aube, le
Solitaire m'accompagna dans les bois aux senteurs
fraîches et délicates déposéespar
la rosée matinale. Nous allâmes bien souvent
chercher du bois pour permettre la cuisson des aliments par
ma femme, Atala. Il fut fort probable que nous
chassâmes certains lièvres courant devant nous.
Atala les déshabilla de leur soyeuse fourrure et les
enduisit d'huile et d'herbes sèches. La fourrure
constitua les lits et les couvertures que nous utilisions
par temps de grand froid et de gelées.
Atala, ma
douce et tendre, mon coeur et mon amour de toujours, ma
beauté vivante et éternelle, se
réveilla peu après mon départ en
forêt. Elle commença sa journée par une
prière au Dieu chrétien. Souvent, elle lui
demandait de bénir nos vies, voeu constamment
exaucé. Par la suite, elle prépara le
déjeuner de notre petite et active
progéniture. Elle nettoya notre linge lorsqu'il
n'était plus en état de nous servir et le
suspendit à un arbre à de multiples branches.
Lorsqu'elle en eut encore le temps, elle s'assit sur un
rocher en bordure du lac que notre grotte surplombait. Elle
chanta des paroles indiennes et cousit les peaux des animaux
ensemble afin de fabriquer une couverture.
Notre fils aux
cheveux nuit se leva bien après sa mère,
lorsque le soleil eut séché la rosée du
matin. Après avoir déjeuné, le
Père Aubry lui inculqua des bases du savoir-vivre et
de l'éducation. A la fin de ses cours. il cueillit
des fleurs des plaines pour composer un bouquet
dédié à sa mère bien
aimée. Il lui en posa dans sa chevelure d'or et de
bronze.
Je
vécus heureux, durant ces belles années,
à contempler les êtres les plus chers de mon
existence, à les aimer, à les protéger.
Le Solitaire m'aida dans cette tâche de mari amoureux
et de père compréhensif...
FOYEF-SOTH
Gabriel
Variante 10
( Courriel Dim 16 déc 2007
02:44:45 US/Pacific )
Une
naissance
Le soleil
finissait sa course aux confins des collines vertes du
Meschacébé. Un ruisseau parcourait les monts
jusqu'à un village érigé sous
l'impulsion d'un ermite que les fils de la nature appelaient
" le Solitaire " en raison de son goût pour
le recueillement et la prière dans le silence des
montagnes. Des champs cultivés s'ordonnaient autour
d'humbles maisons. La paix, la prospérité et
le bonheur semblaient imprégner chaque parcelle de ce
lieu.
Et pourtant,
des sentiments contraires s'agitaient en mon sein.
L'inquiétude m'oppressait car Atala, mon
épouse était sur le point de me donner un
fils. Ne pouvant supporter ses souffrances et sachant ma
douleur lors de ces moments là, elle m'avait
demandé - chère fleur ! - de m'en aller
de notre demeure, le temps de me donner cet enfant, fruit de
notre amour. Ces sentiments bouillonnaient en moi lorsque
mon fils aîné, Lopez, arriva essoufflé
auprès de la haie de jasmins bordant le champ. Il
avait vu huit printemps déjà et je nourrissais
de grands espoirs pour lui. Il hérita de la finesse
de sa mère et de ma forte sève. Instruit par
le Solitaire, son esprit s'ouvrait aux secrets des langues
des hommes et de la nature. L'astre du jour faisait miroiter
ses derniers rayons dans sa chevelure ondoyante et
réchauffait sa peau cuivrée : qui d'autre
que mon fils pourrait être le témoin du parfait
amour m'unissant à Atala ?
-
Père !
Père ! La dame guérisseuse m'envoie vous
dire qu'au début du règne de l'astre de cette
nuit, vous aurez un enfant ! Hâtez-vous de
venir ! Maman vous attend !
-
J'arrive, mon
sucre d'érable !Va dire à ta mère
que mes pensées ne cessent d'être avec elle et
que j'accours !
Il repartit
aussitôt avec l'agilité du chevreuil dans la
plaine, porteur de joyeuses nouvelles, telle la pluie
après une longue sécheresse. Je ramassai mon
outil et me dirigeai vers ma demeure. Je me remémorai
alors notre belle histoire.
Te
souviens-tu, René, mon fils, lorsque je te racontais
les débuts de notre histoire ?
Peu
après avoir échoué dans la grotte du
saint homme, suite à notre long périple, Atala
sut qu'elle pourrait être relevée de ses voeux.
Je posai alors un grand nombre de questions auxquelles le
prêtre répondit avec tant de sagesse que mon
âme était prête à embrasser sur le
champ cette religion !
Commença alors une période
éprouvante pour nous deux... La vierge attendait une
lettre de l'évêque qui la relèverait de
ses voeux et moi, j'approfondissais mes connaissances
chrétiennes en vue de mon baptême proche. La
chasteté imposée n'augmentait en nous que le
désir : je savais que notre amour était
véritable, le seul que l'on puisse vivre dans sa
vie.
Mon
baptême se fit le jour de mon mariage. Le ciel bleu
sans nuage se reflétait dans l'étang
bordé de magnolias en fleurs. C'est dans cette
cathédrale de verdure que nos vies furent unies. Le
colibri et les oiseaux louaient le Créateur, les
fleurs aux couleurs resplendissantes témoignaient de
sa bonté pour nous, pauvres sauvages. La
cérémonie fut belle, simple et profonde. Dans
l'intimité de nos coeurs, nous savions qu'aucune
issue de notre histoire n'aurait pu être plus
heureuse.
Je poussai le
portail en bois et courus sur le sentier sablonneux, avant
de découvrir un joli garçon dans le berceau en
osier. J'embrassai ma femme avec effusion, la remerciant
d'avoir donné la vie une troisième fois. Je
soulevai le bébé dan mes bras et le reconnus
comme mon fils.
Ma petite
Mila, âgée de quatre printemps, tapait dans ses
mains et dansait de joie. Elle me ressemblait
beaucoup : très aimante, vive et charmante, elle
était aussi serviable et savait aider sa maman
lorsqu'elle en avait besoin. Je m'occupai du repas de mes
enfants, je leur servis le fruit de la nature et de mon
labeur. Puis, je les laissai sombrer dans des songes heureux
après avoir invoqué et remercié le
Grand Esprit de nous protéger.
Je retournai
dans la chambre d'Atala. Elle dormait, son nouveau-né
dans les bras. Elle avait quelques printemps de plus mais
elle était toujours aussi belle. Ses
maternités n'avaient pas grossi sa taille, ses traits
n'avaient pas vieilli, son amour pour moi était
inaltérable et le temps de la tristesse était
révolu. Elle pourrait toujours compter sur son
Chactas qui veillait sur elle.
Atala ouvrit
les yeux, vit son mari et lui sourit. Il lui rendit son
sourire et tous deux s'endormirent...
M. L.
Variante
11
( courriel Sam 15
déc 2007 05:34:16 US/Pacific )
" Ce coin du
désert est très paisible ; le climat y est
clément, nous pouvons donc cultiver et
récolter la nourriture pour survivre car nous n'avons
pas d'argent, Atala et moi. Nous vivons dans la solitude,
avec nos enfants, fruits de nos entrailles. La nature est
très bénéfique pour le
développement des enfants !
Mais, avant de
profiter de cette vie paisible, j'ai dû tout
construire de mes mains pour pouvoir nous établir ici
! Lorsque nous arrivâmes, mon épouse et moi,
nous découvrîmes une vaste étendue
vierge du passage de l'homme, une nature encore abondante et
florissante. Et, tout près de l'emplacement de notre
habitation, un carré de terre suffisamment grand pour
y cultiver des céréales et autres
légumes dont nous aurions besoin ; sans doute un don
du ciel."
Chactas
s'essuie les yeux, des larmes ruissellent sur son visage,
abîmé par le temps et par toutes les
souffrances qu'il a vécues.
"
Tout cela me rappelle les durs moments qu'Atala et moi avons
endurés avant de pouvoir nous épanouir,
à l'abri de l'homme et de ses méfaits... "
René
prend alors la parole.
" Je
comprends mon ami... Si tu le désires, prions
ensemble, afin de remercier Dieu de t'avoir
épargné la mort, car, après les
événements tragiques qui te sont
arrivés, je ne pensais pas que tu puisses retourner
à ne vie pleine d'amour et de bonheur.
-
Je voudrais
continuer à te conter mon histoire, si cela ne te
dérange pas, car cela me fait du bien.
-
Très bien, continue alors. Et surtout hâte-toi
! Rappelle-toi que je suis arrivé ici à l'aube
et que le soleil est en train de disparaître ; je ne
resterai pas pour la nuit...
-
Si tel est ton désir ! Les premières lunes
après notre arrivée furent rudes ! La cabane
que j'avais construite n'était que de bois et la
nuit, nous étions transpercés par le froid et
la faim ! Ensuite, j'étoffais la cabane de jour en
jour et nos récoltes étaient de plus en plus
abondantes ! Une année après, deux jumeaux
virent le jour ; c'était un signe du Ciel car Atala
et moi n'étions plus si jeunes et ce fut une
véritable chance d'avoir des enfants ! Ce fut l'un
des plus beaux jours de ma vie ! "
A ce moment
là, Atala et ses deux enfants, Will et George,
reviennent des plantations, les bras chargés de
céréales et de légumes. Atala prend
alors la parole :
" Chactas,
René, le repas sera prêt d'ici peu ; Will vous
apporte le thé pour patienter. "
Le regard de
Chactas s'illumine tandis que celui de René
s'assombrit ; ce dernier prend alors la parole avec regret
:
"
J'en ai
déjà parlé à Chactas ; je suis
vraiment désolé mais je ne peux pas rester
pour le repas...
-
C'est vraiment
dommage. Tu as fait tout ce chemin à travers ces
montagnes et forêts pour nous voir et tu ne restes
même pas une journée entière...
dit Atala avec
tristesse.
-
Si notre
invité ne souhaite pas partager le repas de Dieu avec
nous, il faut respecter son choix, Atala. De plus, en ce
moment, les temps sont durs et la nourriture n'est pas aussi
abondante que les années
précédentes, réplique Chactas à sa femme.
souffrante et je vais la visiter ; j'ai concocté un
petit remède à base de paprika en poudre et de
menthe séchée, soupire René.
-
Très bien,
mon ami, va en paix et souhaite une bonne guérison
à ta soeur de notre part, répond Chactas.
-
Prends quelques
provisions, René, tu en auras besoin, dit Atala en apportant à
René un panier d'osier rempli de
céréales et de légumes.
-
Je vous remercie
de tout mon coeur et de toute mon âme, humbles
laboureurs, mes frères, s'écrie René, qui charge son
dos avec le panier et embrasse un à un les membres de
la famille. Après s'être fait saluer, Will
adresse une dernière parole au visiteur :
" Retourne
- toi et marche... "
C'est alors
que la famille réunie devant sa maison voit l'ombre
d'un homme s'éloigner dans la nature, avant de
disparaître, tel un esprit amical et
bienveillant.
Après
le départ de son ami, Chactas s'assoit sur son
siège d'ébène, repense à la vie
qu'il a menée jusqu'ici, toutes ces souffrances
endurées, finalement reconverties en bonheur depuisje
jour de son mariage avec Atala, sa bien-aimée, sa
sauveuse, sa vie...
Encore une
journée écoulée, une journée
comme les autres, faite de bonheur, de solitude et
d'amour.
Néné
Melckilt.
Variante
12
( Courriel Dim
16 déc 2007 04:34:55 US/Pacific )
On percevait,
au loin, les premières lueurs rougeoyantes se
découpant derrière les arbres, le soleil se
parant de ses plus beaux voiles d'or, en ce début de
journée.
Cinq neiges
avaient passé depuis ma rencontre avec Atala et mon
arrivée sur ces terres fertiles habitées par
une communauté de laboureurs dirigée par un
vieil ermite.
Ma paisible
petite famille s'était agrandie avec les naissances
successives de mes deux enfants, éduqués par
nos soins, tant dans l'esprit indien que
chrétien.
La nuit
était à présent dissipée et
j'entendais les cris joyeux annonçant l'éveil
de mes enfants. J'éprouvai soudain un immense bonheur
et même la satisfaction d'avoir enfin atteint un but
dans mon existence, d'avoir enfin réussi, loin de
tout ce que j'avais pu éprouver dans ma vie
passée, le sentiment d'avoir construit une vie stable
et prospère aux côtés de ma chère
épouse, Atala...
Atala... elle
était et elle est encore mon seul point de
repère dans ce monde brutal, dans lequel j'avais pris
tellement de risques et dont elle m'a toujours tiré.
Je n'imagine à présent pas un seul instant de
ma vie sans penser à ma bien-aimée.
Me dirigeant
vers mon lopin de terre, où je moissonnais, je me
rendis compte à quel point tous les habitants du
village partageaient ma joie de vivre en ces lieux
enchantés par la philosophie du vieux
Sage.
Mais un long
gémissement, bientôt noyé dns des
sanglots, m'arracha à mes rêveries. Me
dirigeant rapidement en direction de la plainte
évanouie, j'aperçus alors un attroupement
devant la maison du vieux prêtre.
<<
Le Père est
souffrant ...! Il dit dans ses délires qu'il va
rejoindre les cieux... >> criait-on en tous sens.... Il ne m'en fallut
pas plus pour me précipiter au chevet du
vieillard.
Je fus alors
saisi : jamais je ne l'avais vu aussi ridé, le visage
creusé, tant d'habitude il débordait de
vitalité. Jamais je n'aurais songé que, lui,
puisse mourir un jour, tant il avait arraché des gens
de l'abîme de la solitude ou de la mort...!
Ses
lèvres remuaient ; je m'approchai:
<<
Je vais Le
rejoindre, Chactas, souffla-t-il.
-
Non, criai-je, tel un enfant apeuré, mon père
!...
-
Je lis en toi la pureté et le désir du
bonheur, Chactas. Guide ces enfants de Dieu vers la
sérénité et le goût de la
vie,comme je l'ai fait. Ne proteste pas, Chactas. Je sais
à présent qu'en chacun de nous sommeille cette
capacité, ce désir du Bien. Désormais,
c'est à toi de me remplacer en tant que serviteur de
notre Seigneur en ces lieux...
- Vous
n'allez pas mourir, tentai-je, d'une voix qui se voulait
sûre d'elle.
- Guide les
vers Lui ...! Amen. >>
Ce furent ses
derniers mots : des mots que je n'oublierai jamais, car,
depuis ce jour funeste, ils sont mon énergie, mon
second but dans l'existence après celui du
bonheurd'Atala à qui je dois tout.
M.F.
Variante
13 ( Courriel Sun, 16 Dec 2007 14:32:45 +0100
)
" De nombreux
printemps de vie commune plus tard, je me levai calmement,
comme à mon habitude. La lumière chaleureuse
du Soleil réchauffait lentement mon corps refroidi
par une nuit entière d'inactivité. Un
sentiment intense de force m'envahit tout à coup, et,
revigoré, je me mis en quête de ma
bien-aimée. Mais en vain. Je ne la trouvai nulle
part. Je me dressai alors et pris la route pour la falaise,
dans le seul but de la retrouver...
En cette
période de la lune de fleur, je humais avec plaisir
une odeur de renouveau, de renaissance. Faune et flore
s'accordaient et murmuraient en choeur. Leurs silhouettes se
mouvaient , leurs ombres s'élançaient au loin,
tandis que le Soleil, généreux , distribuait
lumière et chaleur à tous, et apparaissait,
paisible, à l'horizon.
Une
matinée idyllique, un réel cadeau de
Dieu.
Poursuivant
mon chemin, je gravis la colline, escaladai la roche quand,
enfin, je l'aperçus. Elle se tenait là, devant
moi, tel un ange enveloppé de son drap blanc
immaculé. Les courbes de son corps se dessinaient peu
à peu. La blanche lueur de l'aube se reflétait
sur son doux visage. Ses traits harmonieux se
précisaient au fur et à mesure de mon
avancée. Je percevais son timbre de voix
mélodieux alors que je m'approchais
discrètement : elle priait.
Après
l'avoir observée longuement, je me rendis compte de
la faveur que Dieu m'avait accordée en plaçant
Atala sur mon chemin. Nos chemins s'étaient
croisés, et plus jamais ils ne se sépareraient
. Chaque instant que nous partagions nous rapprochait un peu
plus du Seigneur. Et je l'en remerciai pronfondément
pour ce divin présent.
Une fois
arrivé à sa hauteur, je plongeai mon regard
dans le sien, puis elle me prit dans ses bras sans le
moindre mot. Toute parole était inutile. Sa
présence illuminait ma vie : mon bonheur, ma joie
étaient à leur paroxysme... Ainsi, nous
jouîmes de cet instant privilégié,
admirant nos silhouettes qui miroitaient sur l'onde.
Bercés par la douce mélodie des vagues
assiegeant la falaise , nous priâmes... Mais cette
délicieuse atmosphère de paix et de
sérénité fut soudain troublée
par des cris stridents :
"
Père, Mère, nous sommes affamés ! "
Relâchant non sans regret Atala de mon
étreinte passionnée, je pris mon
équipement de chasse et me mis en devoir de subvenir
aux besoins alimentaires de nos deux enfants.
Les heures
avaient passé et le Soleil était à son
zénith lorsque je revins, accompagné de ma
progéniture, le buste fièrement bombé,
une biche au creux des bras. Atala s'était, quant
à elle, occupée des tâches agricoles et
avait collecté un plein panier du fruit de nos
récoltes. Un festin s'annonçait...
Atala se
chargea alors de préparer le gibier tandis que je
m'occupais des enfants. Nous jouions aux osselets et
dansions autour des flammes crépitantes, quand je
m'arrêtai un instant pour observer la femme qui me
comblait de bonheur : occupée à une
tâche fastidieuse, elle n'en conservait pas moins une
élégance extraordinaire. Ses longs doigts fins
s'affairaient, agiles, à dépecer l'animal. Ses
longs cheveux de soie descendaient jusqu'à sa taille.
Ses prunelles vertes ne quittaient pas l'animal de vue. Ses
lèvres délicates remuaient et
prononçaient faiblement quelques paroles que je ne
perçus pas. Son nez aquilin et son noble front
rendaient son visage si agréable à regarder
que je ne pus m'en détacher. Sa beauté me
laissait bouche bée.
Sa
capacité de concentration, son abnégation et
son efficacité étaient réellement
remarquables. Je détournai une seconde le regard et
son oeuvre était déjà achevée.
Son travail ainsi accompli, elle le bénit. Puis nous
remerciâmes Dieu pour cette magnifique journée
et ce cadeau de la nature. Enfin, nous savourâmes ce
festin... Repus , nous rentrâmes directement dans
notre hutte et nous couchâmes. La tête contre
mon sein , elle ferma les yeux et se blottit auprès
de moi.
A ce moment,
nous éprouvâmes un sentiment si intense de joie
et d'allégresse que nous décidâmes, d'un
commun accord, de le concrétiser par la conception
d'un troisième enfant."
V. M.
Variante
14
( Courriel Dim
16 déc 2007 06:33:47 US/Pacific )
"D'un commun
accord, nous décidâmes, Atala et moi, de nous
installer en ce doux lieu et d'y mener la vie sereine et
féconde des enfants de la nature convertis aux vertus
d'une vie sédentaire bien remplie par les
tâches agricoles et les devoirs domestiques propres
à tout foyer...
Trois
printemps passèrent. Je m'étais établi
dans une modeste cabane avec mon aimée Atala. Peu de
biens nous étaient nécessaires ; nous vivions
avec le village et la forêt. Notre demeure
était humble et la fille de Lopez y mit au monde un
petit garçon au cours de la neuvième lune. Au
matin d'un jour ensoleillé, je menai mon
épouse et mon fils au pied de la grande croix.
Mêlés aux villageois, nous
célébrâmes les mystères de notre
religion. Nous nous prosternâmes avec ferveur et
acceptâmes le sacrifice de
Jésus-Christ.
Ô
René, ô mon fils, imagine la joie d'un homme
qui, uni à sa femme, peut célébrer son
Dieu et voir son enfant faire de même... Ces jours
furent les plus beaux de mon infortunée
existence.
A midi, nous
partîmes admirer la beauté de la nature offerte
par Dieu et le Génie duDésert, sous l'arche du
pont naturel. C'est en cet endroit resplendissant que nous
célébrâmes les deuxièmes neiges
d'Eothan, notre fils.
A la
tombée de la nuit, je retournai avec ma famille dans
notre cabane. Atala alluma un feu avec des lianes
sèches et vint s'appuyer sur mon épaule en
souriant. Notre fils dormait déjà sur la natte
que nous lui avions tressée. Les mots
n'étaient pas utiles : le silence nocturne exprimait
à lui seul notre bonheur.
Ô
René, vois comment un vieil homme s'attarde sur les
beaux jours passés, pour sa plus grande joie comme
pour sa plus grande peine..."
Celine
Favora
SUITE
Qu'est-ce que
l'INCULTURATION
?... et
l'ACCULTURATION
?
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