20 mars 2006

Journée internationale de la Francophonie
Le Réseau Pléiade a participé activement à l'événement.

Francophonie : 2006, Année Senghor

Senghor francophonie....... Nouvelles francophones


Semaine du 20 au 27 mars

Fête de l'Internet
Le Réseau Pléiade s'active pour participer, comme l'an dernier, à ces festivités. Cette page et les suivantes font partie de ses initiatives... parallèlement à son partenariat libano-français avec un autre CSF, près de Tripoli ( Liban-Nord )...

Vivre au Caire en 1972.. Une belle cérémonie...Tribulations . Doc Revue CSF 72, 73, 74..... Henri Boulad... Interview du P. Boulad..Louis Sans.... Xavier Fleury.... LETTRES D'EGYPTE de Pierre Teilhard de Chardin.....Former tout l'homme, former tout homme .... Robert Solé, ancien élève du CSF, journaliste-écrivain, médiateur du journal Le Monde,..... Jean Mohsen Fahmy, écrivain au Canada et ancien élève du CSF .... Henri Curiel .. Site des anciens du CSF
PHÉNIX, DÉFI LIBAN

blog libano-français pour un partenariat scolaire

DÉCOUVERTE ARCHÉOLOGIQUE
Perdu dans un vieux carton, un lot de lettres datant de 1972, 1973 et 1974 vient de s'éveiller du long sommeil de l'oubli et nous livre des souvenirs plus frais que les momies les mieux embaumées, comme autant de tableaux colorés que l'on jugerait presque dignes de concurrencer ceux de la Vallée des Rois, si une salutaire bouffée d'humilité ne venait brider quelque peu l'exaltation de la découverte... Voici l'une des premières lettres dépoussiérées, dont l'auteur serait un ex-jeune coopérant français officiant il y a plus de trente années au Collège jésuite de la Sainte Famille, sis dans le quartier populaire de Faggalah, au Caire ( Egypte )... Ces documents mis en ligne donnent au Réseau Pléiade une allure de machine à remonter le temps... mais ce n'est pas de la SF ( Science-Fiction ) !

Ce fut une belle cérémonie

Au Père Nakhla

Collège de la Sainte-Famille, Le Caire, 23 novembre 1972

...le vendredi 17 novembre 1972, la "Sainte Famille" au grand complet a célébré - dans une ambiance peu conforme au modèle de gravité que l'on entrevoit en entendant prononcer le mot "Jésuite" - un double anniversaire : les 50 ans de sacerdoce du père Nakhla, doyen de la communauté jésuite cairote, et le 60è anniversaire de son entrée dans la Compagnie de Jésus...*

D'origine libanaise et naturalisé égyptien, cet homme de 85 ans, qui parle une trentaine de langues, a été - et demeure - un illustre grammairien et poète, auteur de nombreux ouvrages... Il fut, en 1901, l'élève de Teilhard de Chardin, alors que ce dernier enseignait les sciences physiques au Collège de la Sainte-Famille. Il paraît que le futur Père Teilhard, âgé de 22 ans, avait remarqué l'intelligence du futur Père Nakhla...

Ce jour anniversaire a donc commencé, en "famille", par une messe, bien entendu, concélébrée par le Père Paquin, Recteur du Collège, le Père Zemokhol et le Père Nakhla lui-même, dans la chapelle de la communauté, au 3è étage du bâtiment central. Au cours du sermon édifiant, prononcé par le Père Zemokhol, le vénérable doyen s'est entendu qualifier de "palmier verdoyant" ( en arabe, nakhla = palmier ), "qui plie mais ne rompt point", comme le roseau de Pascal... Mais il est vrai que, sous le poids des ans, tout palmier peut connaître quelque défaillance... Ainsi, après le sermon, le chant final venant de prédire que "les puissants seront renversés de leurs trônes", le Père Nakhla, sans doute fatigué par tant d'émotions, décida de s'asseoir sur sa chaise. Lentement mais résolument ( hélas..), il entama la délicate opération, sans s'apercevoir qu'une bonne âme avait eu la charmante attention de déplacer le siège pendant la communion, pour ne pas gêner les allées et venues du cher doyen... Et, malgré la ferveur extatique ambiante, la loi de la pesanteur, jadis éprouvée par Newton, fut involontairement mais très scientifiquement vérifiée par le Père Nakhla, sous les yeux horrifiés des fidèles, qui ne s'attendaient assurément pas à voir ce dernier joindre le geste au cantique et illustrer d'une façon aussi décisive le verset ci-dessus cité ! Il ne pouvait mieux démontrer que toute sa vie avait été marquée du double sceau de l'ardeur poétique et du génie scientifique... Cela n'empêche pas d'être vulnérable et la fête du jour a bien failli être gâchée par quelque méchante fracture... Heureusement, le Père Khouzam saisit cette occasion inattendue de prouver publiquement qu'il savait allier la souplesse ailée d'un Séraphin et la poigne de fer d'un Titan en rattrapant l'illustre vedette du jour à deux centimètres du sol... Le chant d'allégresse, un moment suspendu, reprit de plus belle et, sur toutes les lèvres, les paroles psalmodiées exhalaient à la fois le soulagement et l'intime conviction d'avoir assisté à un miracle... Ce fut une belle cérémonie.

Second Acte : le Banquet... : c'est enfin l'heure du repas... et l'on pénètre dans un réfectoire resplendissant ... : des roses partout et, au milieu de la salle, une impressionnante pièce montée en biscuit, chocolat, sucre et crème, sur laquelle se dresse une belle église en croquant, ornée de vitraux en sucre vert... Les Pères joignent les mains, se croyant déjà au Paradis, certainement... cependant que les plus réalistes accaparent ce qu'ils jugent être les meilleures places. Nous sommes encore sur Terre et les premiers installés seront sûrement les mieux servis, quoi qu'en dise l' Evangile...Le Père Khouzam, toujours dans son rôle d'Ange Gardien, conduit le Père Nakhla vers la place d'honneur et s'assied à côté de lui...

Au moment des hors-d'oeuvre, les jeunes coopérants français se lèvent et servent humblement le vin rouge aux convives ravis... qui le seront peut-être moins (ravis) tout à l'heure, lorsqu'ils comprendront la supercherie : chacun ayant reçu sa rasade ( un verre bien rempli ), les serveurs trop coopérants rapportent sur leur table les 8 bouteilles à moitié pleines ! ... Dès lors la bataille pour le Gâteau s'annonce serrée, étant entendu que si un jésuite prévenu en vaut trois, un jésuite berné en vaut bien dix...

Après les viandes et les légumes arrivent enfin les desserts : a) Bombe glacée...b) Babas au Rhum...c) Salade de fruits...d) "Partage" du Gâteau : dans un silence religieux, comme il se doit, le chef cuistot s'avance, lève son couteau, l'abaisse et perce le Monument qui, sous la lame, émet un bruit bizarrement creux. On réédite la manoeuvre : résultat identique. Après une brève expertise, le diagnostic, impitoyable, révèle aux convives atterrés que le Gâteau est en carton ! Seule une mince couche de biscuit, sucre, chocolat et crème peut être répartie entre les invités... Alors, on se rabat sur l'église en croquant, qui ne résiste guère aux gestes profanateurs du serveur-officiant mais se montre plutôt coriace sous les coups de dents impies de l'assemblée...

Enfin on se quitte sur une tasse de café, sans liqueur ni cognac, et chacun s'en va prendre un repos bien mérité dans sa cellule.

A part cela, rien de bien neuf au CSF ( Collège de la Sainte Famille...).

Depuis ce matin, pourtant, il règne sur Le Caire un climat inhabituel, un vrai temps de chien strasbourgeois : froid, pluie, tonnerre ininterrompu, éclairs... bref un orage d'hiver ! Les chaussées sont devenues de véritables patinoires, car la pluie se mêle à la graisse et à l'huile qui s'échappent des vieux moteurs d'autobus... En ville, on ne circule pas à plus de 20 km/h. ... Cela ne fait pas de mal, de temps à autre, de redécouvrir les vertus de la prudence.

... Il est deux heures de l'après-midi et l'orage continue. Il pleut sans arrêt depuis 6 heures du matin. Je viens d'apprendre que les rues du Caire sont devenues de vrais marécages, car il n'y a pas de bouches d'égoût ! Il pleut si rarement en Egypte que les villes ne sont guère équipées pour affronter ce genre de situation. En attendant la prochaine éclaircie, il faut s'accommoder de la surexcitation des élèves qui n'ont jamais vu autant de pluie dans leurs toute jeunes vies... Il me faut assurer, d'ici un quart d'heure, les deux derniers cours de la journée... et c'est le dernier jour de la semaine ! Autant dire que je serai mûr pour le lit dès la fin du dîner... La fatigue, ici, est surtout nerveuse : encore un peu de temps et je pense pouvoir adopter définitivement la nonchalance locale. C'est plus reposant...
*NOTE / On trouve une trace de la fête du 17 novembre 1972 dans CSF, la revue du Collège de la Sainte Famille, n° 65, juin 1973, page 13, rubrique Au fil des jours : " Le 17 novembre, dans ce collège où il réside depuis une quinzaine d'années après y avoir été élève au début du siècle, le P. Raphaël Nakhla fête ses cinquante ans de sacerdoce et le soixantième anniversaire de son entrée dans la vie religieuse."


Photo ancienne mais fidèle à la réalité. Derrière l'église, on aperçoit le sommet du bâtiment principal du Collège, qui abrite des classes et des chambres, le réfectoire et autres locaux dédiés à la vie communautaire.

Le Caire, novembre 1972,

... En dehors de cette fête célébrée par une communauté réunie autour d'un ancien en l'honneur de son cinquantenaire sacerdotal, l'Egypte connaît actuellement des troubles intercommunautaires, des incidents "religieux", à l'occasion de la renaissance d'un certain fanatisme musulman dirigé contre les chrétiens. Résultats : églises incendiées, protestations des chrétiens... On pense ici que le président lybien Khazafi est à l'origine de tout cela : il voudrait refaire de l'Islam le ciment des pays arabes afin de mieux affronter Israël. Les chrétiens coptes ( catholiques et orthodoxes ) sont-ils visés parce qu'ils s'opposent à toute reprise de la guerre ? En tous cas, certains jésuites commencent à s'inquiéter pour l'église du Collège. Les incendies connus et signalés concernent des églises villageoises, plus faciles à atteindre. Il n'empêche que ce problème commence à préoccuper les autorités et Sadate lui-même s'est fendu d'un avertissement public aux extrémistes. Bien sûr, la presse égyptienne parle peu ou pas du tout de ces événements. Il faut écouter les radios étrangères - par exemple sur France-Inter, récemment, l'éditorial de Jean Grandmougin consacré à "la flambée religieuse actuelle en Egypte" - ou se fier à la rumeur publique, pour être au courant de la chose - à moins que l'on ne se rende sur place comme l'ont fait prudemment certains jésuites ( en civil ) pour visiter les ruines de la dernière église incendiée... L'inquiétude est réelle et transparaît dans la presse, ces derniers temps, sous la forme d'une page entière consacrée à "L'Union Nationale", à la bonne entente entre confessions différentes. On y rappelle également l'incendie du Caire, en 1951, et les risques de voir dégénérer certains excès en guerre civile ! Le malaise économique et social et l'échec en matière de politique étrangère poussent-ils certains à profiter de cette situation pour montrer du doigt des "boucs émissaires" - en l'occurrence les Coptes ?...

DOSSIER :
Les Coptes chrétiens d'Egypte

L'Eglise copte, qui compte plus de dix millions de fidèles, a participé à toutes les luttes nationales et à toutes les souffrances de l'Egypte. Elle est pourtant très peu connue en Occident. Dans ce dossier, Wadie Andrawiss partage le fruit de sa recherche et de ses années d'enseignement sur les Coptes chrétiens de son pays natal. (NOUVEAU : le dernier article du dossier : "L'Eglise copte : une réalité vivante".)

Voir aussi notre page Chrétiens d'Orient

Le Caire, 19 avril 1973

... nous venons de perdre le père Nakhla, dont nous avions fêté le "soixantenaire" en novembre dernier. Il avait 86 ans et s'était couché définitivement le lendemain même de la fête. Il a passé de longs mois à l'infirmerie et son agonie a duré plusieurs semaines mais n'a pas semblé douloureuse... Il est mort il y a quinze jours, une après-midi, à 16 heures, au moment où les élèves quittent le Collège...


Vivre au Caire en 1972, 73, 74....Tribulations. au Moyen-Orient.. . Doc Revue CSF 72, 73, 74 ... Henri Boulad..... Interview
du P. Boulad .....Louis Sans...... Xavier Fleury.... ..LETTRES D'EGYPTE de Pierre Teilhard de Chardin ...... ....... Former tout l'homme, former tout homme .... Robert Solé, ancien élève du CSF, journaliste-écrivain, médiateur du journal Le Monde,..... Jean Mohsen Fahmy, écrivain au Canada et ancien élève du CSF .. .... Henri Curiel.. Site des anciens du CSF
Chez les voisins : la radio du Lycée français du Caire... PODCASTS...

Espaces francophones pour petits cairotes...



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