Vivre au Caire en
1972.. Une belle
cérémonie...Tribulations . Doc Revue CSF 72, 73,
74.....
Henri
Boulad...
Interview du P. Boulad..Louis
Sans....
Xavier
Fleury....
LETTRES
D'EGYPTE
de
Pierre
Teilhard de Chardin.....Former
tout l'homme, former tout homme ....
Robert
Solé,
ancien élève du CSF,
journaliste-écrivain, médiateur du journal
Le
Monde,..... Jean
Mohsen Fahmy,
écrivain au Canada et ancien élève du
CSF .... Henri
Curiel ..
Site
des anciens du CSF
PHÉNIX,
DÉFI LIBAN
blog
libano-français pour un
partenariat
scolaire
|
DÉCOUVERTE
ARCHÉOLOGIQUE
Perdu dans un vieux
carton, un lot de lettres datant de 1972, 1973 et
1974 vient de s'éveiller du long sommeil de
l'oubli et nous livre des souvenirs plus frais que
les momies les mieux embaumées, comme autant
de tableaux colorés que l'on jugerait
presque dignes de concurrencer ceux de la
Vallée des Rois, si une salutaire
bouffée d'humilité ne venait brider
quelque peu l'exaltation de la découverte...
Voici l'une des premières lettres
dépoussiérées, dont l'auteur
serait un ex-jeune coopérant français
officiant il y a plus de trente années
au Collège
jésuite de la Sainte Famille, sis dans le quartier populaire de
Faggalah, au Caire (
Egypte )... Ces documents mis en ligne donnent
au Réseau
Pléiade une allure de
machine à remonter
le temps... mais ce
n'est pas de la SF ( Science-Fiction ) !
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Ce
fut une belle cérémonie
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Au Père
Nakhla
Collège de la
Sainte-Famille, Le Caire, 23 novembre 1972
...le vendredi 17 novembre 1972, la
"Sainte Famille" au grand complet a célébré -
dans une ambiance peu conforme au modèle de
gravité que l'on entrevoit en entendant prononcer le
mot "Jésuite" - un
double anniversaire : les 50 ans de sacerdoce du
père Nakhla, doyen de la communauté jésuite
cairote, et le 60è anniversaire de son entrée
dans la Compagnie de
Jésus...*
D'origine libanaise et
naturalisé égyptien, cet homme de 85 ans, qui
parle une trentaine de langues, a été - et
demeure - un illustre grammairien et poète, auteur de
nombreux ouvrages... Il fut, en 1901, l'élève
de Teilhard de
Chardin, alors que ce dernier
enseignait les sciences physiques au Collège de la Sainte-Famille. Il paraît que le futur Père Teilhard,
âgé de 22 ans, avait remarqué
l'intelligence du futur Père Nakhla...
Ce jour anniversaire a donc
commencé, en "famille", par une messe, bien entendu,
concélébrée par le Père Paquin,
Recteur du Collège, le Père Zemokhol et
le Père
Nakhla lui-même, dans la
chapelle de la communauté, au 3è étage du bâtiment central. Au cours
du sermon édifiant, prononcé par le
Père
Zemokhol, le
vénérable doyen s'est entendu qualifier de
"palmier verdoyant" ( en arabe, nakhla = palmier ),
"qui plie mais ne rompt
point", comme le roseau de
Pascal... Mais il est vrai que, sous le poids des ans,
tout palmier peut connaître quelque
défaillance... Ainsi, après le sermon, le
chant final venant de prédire que "les puissants seront renversés de leurs
trônes", le Père Nakhla, sans
doute fatigué par tant d'émotions,
décida de s'asseoir sur sa chaise. Lentement mais
résolument ( hélas..), il entama la
délicate opération, sans s'apercevoir qu'une
bonne âme avait eu la charmante attention de
déplacer le siège pendant la communion, pour
ne pas gêner les allées et venues du cher
doyen... Et, malgré la ferveur extatique ambiante, la
loi de la pesanteur, jadis éprouvée par
Newton, fut involontairement mais très
scientifiquement vérifiée par le
Père Nakhla, sous les yeux horrifiés des
fidèles, qui ne s'attendaient assurément pas
à voir ce dernier joindre le geste au cantique et
illustrer d'une façon aussi décisive le verset
ci-dessus cité ! Il ne pouvait mieux démontrer
que toute sa vie avait été marquée du
double sceau de l'ardeur poétique et du génie
scientifique... Cela n'empêche pas d'être
vulnérable et la fête du jour a bien failli
être gâchée par quelque méchante
fracture... Heureusement, le Père Khouzam
saisit cette occasion inattendue de prouver publiquement
qu'il savait allier la souplesse ailée d'un
Séraphin et la poigne de fer d'un Titan en rattrapant
l'illustre vedette du jour à deux centimètres
du sol... Le chant d'allégresse, un moment suspendu,
reprit de plus belle et, sur toutes les lèvres, les
paroles psalmodiées exhalaient à la fois le
soulagement et l'intime conviction d'avoir assisté
à un miracle... Ce fut une belle
cérémonie.
Second Acte : le Banquet...
: c'est enfin l'heure du repas...
et l'on pénètre dans un réfectoire
resplendissant ... : des roses partout et, au milieu de la
salle, une impressionnante pièce montée en
biscuit, chocolat, sucre et crème, sur laquelle se
dresse une belle église en croquant, ornée de
vitraux en sucre vert... Les Pères joignent les
mains, se croyant déjà au Paradis,
certainement... cependant que les plus réalistes
accaparent ce qu'ils jugent être les meilleures
places. Nous sommes encore sur Terre et les premiers
installés seront sûrement les mieux servis,
quoi qu'en dise l' Evangile...Le
Père
Khouzam, toujours dans son
rôle d'Ange Gardien, conduit le Père Nakhla vers
la place d'honneur et s'assied à côté de
lui...
Au moment des hors-d'oeuvre, les
jeunes coopérants français se lèvent et
servent humblement le vin rouge aux convives ravis... qui le
seront peut-être moins (ravis) tout à l'heure,
lorsqu'ils comprendront la supercherie : chacun ayant
reçu sa rasade ( un verre bien rempli ), les serveurs
trop coopérants rapportent sur leur table les 8
bouteilles à moitié pleines ! ... Dès
lors la bataille pour le Gâteau s'annonce
serrée, étant entendu que si un jésuite
prévenu en vaut trois, un jésuite berné
en vaut bien dix...
Après les viandes et
les
légumes arrivent enfin les desserts : a)
Bombe glacée...b) Babas au Rhum...c)
Salade de fruits...d)
"Partage" du Gâteau
: dans un silence religieux, comme
il se doit, le chef cuistot s'avance, lève son
couteau, l'abaisse et perce le Monument qui, sous la lame,
émet un bruit bizarrement creux. On
réédite la manoeuvre : résultat
identique. Après une brève expertise, le
diagnostic, impitoyable, révèle aux convives
atterrés que le Gâteau est en carton ! Seule
une mince couche de biscuit, sucre, chocolat et crème
peut être répartie entre les invités...
Alors, on se rabat sur l'église en croquant, qui ne
résiste guère aux gestes profanateurs du
serveur-officiant mais se montre plutôt coriace sous
les coups de dents impies de l'assemblée...
Enfin on se quitte sur une
tasse de café, sans liqueur ni cognac, et chacun s'en
va prendre un repos bien mérité dans sa
cellule.
A part cela, rien de bien neuf
au CSF ( Collège de la Sainte
Famille...).
Depuis ce matin, pourtant, il
règne sur Le
Caire un climat inhabituel, un
vrai temps de chien strasbourgeois : froid, pluie, tonnerre
ininterrompu, éclairs... bref un orage d'hiver ! Les
chaussées sont devenues de véritables
patinoires, car la pluie se mêle à la graisse
et à l'huile qui s'échappent des vieux moteurs
d'autobus... En ville, on ne circule pas à plus de 20
km/h. ... Cela ne fait pas de mal, de temps à autre,
de redécouvrir les vertus de la prudence.
... Il est deux heures de
l'après-midi et l'orage continue. Il pleut sans
arrêt depuis 6 heures du matin. Je viens d'apprendre
que les rues du Caire sont devenues de vrais
marécages, car il n'y a pas de bouches
d'égoût ! Il pleut si rarement en Egypte que
les villes ne sont guère équipées pour
affronter ce genre de situation. En attendant la prochaine
éclaircie, il faut s'accommoder de la surexcitation
des élèves qui n'ont jamais vu autant de pluie
dans leurs toute jeunes vies... Il me faut assurer, d'ici un
quart d'heure, les deux derniers cours de la
journée... et c'est le dernier jour de la semaine !
Autant dire que je serai mûr pour le lit dès la
fin du dîner... La fatigue, ici, est surtout nerveuse
: encore un peu de temps et je pense pouvoir adopter
définitivement la nonchalance locale. C'est plus
reposant...
*NOTE / On
trouve une trace de la fête du 17 novembre 1972 dans
CSF, la revue du Collège de la Sainte Famille,
n° 65, juin 1973, page 13, rubrique Au fil des jours
: " Le 17 novembre, dans ce collège où
il réside depuis une quinzaine d'années
après y avoir été élève
au début du siècle, le P. Raphaël Nakhla
fête ses cinquante ans de sacerdoce et le
soixantième anniversaire de son entrée dans la
vie religieuse."
Photo ancienne mais
fidèle à la
réalité. Derrière
l'église, on aperçoit le
sommet du bâtiment principal du
Collège, qui abrite des classes et
des chambres, le réfectoire et
autres locaux dédiés
à la vie communautaire.
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Le Caire, novembre
1972,
... En dehors de
cette fête célébrée par
une communauté réunie autour d'un
ancien en l'honneur de son cinquantenaire
sacerdotal, l'Egypte connaît actuellement des
troubles intercommunautaires, des incidents
"religieux", à l'occasion de la renaissance
d'un certain fanatisme musulman dirigé
contre les chrétiens. Résultats :
églises incendiées, protestations des
chrétiens... On pense ici que le
président lybien Khazafi est à
l'origine de tout cela : il voudrait refaire de
l'Islam le ciment des pays arabes afin de mieux
affronter Israël. Les chrétiens coptes
( catholiques et orthodoxes ) sont-ils visés
parce qu'ils s'opposent à toute reprise de
la guerre ? En tous cas, certains jésuites
commencent à s'inquiéter pour
l'église du Collège. Les incendies
connus et signalés concernent des
églises villageoises, plus faciles à
atteindre. Il n'empêche que ce
problème commence à préoccuper
les autorités et Sadate lui-même s'est
fendu d'un avertissement public aux
extrémistes. Bien sûr, la presse
égyptienne parle peu ou pas du tout de ces
événements. Il faut écouter
les radios étrangères - par exemple
sur France-Inter, récemment,
l'éditorial de Jean Grandmougin
consacré à "la flambée religieuse actuelle en
Egypte" - ou se fier
à la rumeur publique, pour être au
courant de la chose - à moins que l'on ne se
rende sur place comme l'ont fait prudemment
certains jésuites ( en civil ) pour visiter
les ruines de la dernière église
incendiée... L'inquiétude est
réelle et transparaît dans la presse,
ces derniers temps, sous la forme d'une page
entière consacrée à
"L'Union
Nationale", à la
bonne entente entre confessions différentes.
On y rappelle également l'incendie du Caire,
en 1951, et les risques de voir
dégénérer certains
excès en guerre civile ! Le malaise
économique et social et l'échec en
matière de politique étrangère
poussent-ils certains à profiter de cette
situation pour montrer du doigt des "boucs
émissaires" - en l'occurrence les Coptes
?...
DOSSIER :
Les
Coptes chrétiens d'Egypte
L'Eglise copte, qui compte plus de dix
millions de fidèles, a participé
à toutes les luttes nationales et à
toutes les souffrances de l'Egypte. Elle est
pourtant très peu connue en Occident. Dans
ce dossier, Wadie Andrawiss partage le fruit de sa
recherche et de ses années d'enseignement
sur les Coptes chrétiens de son pays natal.
(NOUVEAU :
le dernier article du dossier : "L'Eglise copte
: une réalité vivante".)
Voir aussi notre page Chrétiens
d'Orient
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Le Caire, 19 avril 1973
... nous
venons de perdre le père Nakhla, dont nous avions
fêté le "soixantenaire" en novembre dernier. Il
avait 86 ans et s'était couché
définitivement le lendemain même de la
fête. Il a passé de longs mois à
l'infirmerie et son agonie a duré plusieurs semaines
mais n'a pas semblé douloureuse... Il est mort il y a
quinze jours, une après-midi, à 16 heures, au
moment où les élèves quittent le
Collège...
Vivre au Caire en
1972, 73, 74....Tribulations. au
Moyen-Orient.. .
Doc Revue
CSF 72, 73, 74 ...
Henri
Boulad.....
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D'EGYPTE
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Pierre Teilhard
de Chardin ...... ....... Former
tout l'homme, former tout homme .... Robert
Solé, ancien élève du
CSF, journaliste-écrivain, médiateur
du journal Le Monde,..... Jean
Mohsen Fahmy, écrivain au Canada et
ancien élève du CSF .. .... Henri
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