| Chant au défunt "Hé ! défunt ! viens écouter nos voix, car nos voix parlent. Toi, maintenant, homme de silence, tu es devenu homme aux oreilles du monde. Homme qui écoutes, qui vois, toi, homme seul. Nous, nous avons amené ici un troupeau de chevaux, un troupeau de captifs, un troupeau de vaches. Toi ! homme maintenant de silence devenu homme aux oreilles du monde. Défunt, écoute et vois tout cela que nous avons amené : chevaux, captifs, vaches, vois cela. Salut à la veuve. Salut de nous, hommes du village, frères du défunt. Salut à toi, Veuve, car le propriétaire s'est absenté de la maison. Excusez-nous, les vieux, vous les premiers fondateurs du village, vous qui reposez dans la terre, nous descendons de vous, sans vous que serions-nous ? Rien. Excusez-nous, les vieux, car nous ne voulons pas marcher sur vous..." Extrait du disque Les Dogon ( coll. "Disque du folklore africain" ). Commentaire : ce poème est un chant traditionnel recueilli en pays Dogon (peuple du Mali, de la Bouche du Niger, région de Bandiagara). Il traduit toute la pensée africaine à propos de la mort : si les défunts ne vivent plus, ils existent toujours, à l'état de forces spirituelles, ils restent en rapport avec les membres de leurs familles et peuvent les faire bénéficier de leur "force vitale". D'où les efforts des vivants pour obtenir l'aide des défunts par la vénération, la prière et le sacrifice... Mouvement du poème : appel au défunt, salut à la veuve, excuses aux ancêtres. Ton : respect et vénération. |