" Eh bien, s'exclama Gustave, que de
souvenirs ! Comme on le dit souvent, les paroles s'envolent,
les écrits restent..."
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Après leur expédition dans le
"Nouveau Monde", les chemins d'Alexis de Tocqueville et
de Gustave de Beaumont s'étaient
séparés ... Un mois déjà
s'était écoulé depuis leur retour en
France...
Alexis de Tocqueville résidait
dans un somptueux appartement parisien. Un soir, deux coups
sourds résonnèrent tout à coup à
la porte d'entrée. C'était Gustave de
Beaumont. Les deux associés s'installèrent
aussitôt dans la pièce principale.
Alexis sortit de ses bagages les centaines de pages
de notes prises lors de cette épopée.
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A ce moment, le feu crépita et une
braise encore incandescente, jaillissant de la
cheminée, atterrit sur le sol...
Alexis, pensif, se souvint ; "Tu as raison.
Je me souviens comme si c'était hier de notre
périple et de ces "Grands Lacs" aux eaux limpides qui
apparaissent, comme des nappes d'argent, au détour
des chemins. Quelle beauté !
- Il faut reconnaître que
l'Amérique n'en finit pas de réserver des
surprises..."
Tocqueville se leva et réalimenta le
feu à l'aide de de quelques bûches
disposées à proximité de la
cheminée en pierre. Gustave continuait à
évoquer les lieux visités, qu'Alexis n'avait
pas manqué de décrire soigneusement dans ses
carnets.
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Gustave soupira d'un air nostalgique : " Te
souviens-tu de la horde d'Indiens ? Leurs cheveux noirs,
longs et luisants, tombaient sur leurs épaules ; leur
maquillage noir et rouge était pour le moins
ridicule, sans parler de leurs accoutrements
vestimentaires... Ils ne semblaient guère pacifiques,
avec leurs carabines et leurs couteaux !
- Je ne te le fais pas dire, Gustave ! ...
Et le caillou jeté du haut de la falaise... Il a
fallu 30 secondes pour entendre le bruit de son impact sur
le sol... Un vieux théorème nous indique qu'on
peut ainsi calculer la hauteur d'une falaise.... C'est
vraiment impressionnant ..."
L'horloge sonna et coupa la conversation...
Gustave s'extirpa de son fauteuil de velours et
annonça avec regret : " Il se fait tard, je dois
rentrer..."
Tocqueville l'accompagna sur le perron et
l'invita à revenir... Tandis que les sabots du cheval
s'éloignaient, de plus en plus silencieux, Alexis
songeait encore avec nostalgie à leur
expédition...
Extrait d'une
biographie consacrée à Gustave de Beaumont et Alexis de Tocqueville
Seconde Columbus Octobre 2002
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