Je rêve parfois
d'une maison plus grande et plus populeuse, debout dans un
âge d'or, de matériaux durables, et sans
travail de camelote, laquelle encore ne consistera qu'en une
pièce, un hall primitif, vaste, grossier, solide,
sans plafond ni plâtrage, avec rien que des poutres et
des ventrières pour supporter une manière de
ciel plus bas sur votre tête, - bonne à
préserver de la pluie et de la neige ; ( ... ) une
maison caverneuse, à l'intérieur de laquelle
il faut élever une torche au bout d'un bâton
pour prendre un aperçu des combles ; où les
uns peuvent vivre dans la cheminée, d'autres dans
l'embrasure d'une fenêtre, d'autres sur des bancs,
tels à une extrémité du hall, tels
à une autre, et tels en l'air sur les poutres avec
les araignées, si cela leur chante ; une maison dans
laquelle vous êtes dès que vous en avez ouvert
la porte d'entrée, et que la cérémonie
est faite ; où le voyageur fatigué peut se
laver, manger, causer, dormir, sans poursuivre aujourd'hui
plus loin sa route ; tel abri que vous seriez content
d'atteindre par une nuit de tempête, contenant tout
l'essentiel d'une maison, et rien du train de maison ;
où d'un regard s'embrassent tous les trésors
du logis, où pend à sa patère chaque
chose nécessaire à l'homme ; à la fois
cuisine, office, parloir, chambre à coucher, chambre
aux provisions et grenier ; où se peut voir telle
chose aussi nécessaire qu'un baril ou une
échelle, aussi commode qu'un buffet, et s'entendre le
pot bouillir ; où vous pouvez présenter vos
respects au feu qui cuit votre dîner ainsi qu'au four
qui cuit votre pain ; une maison dont les meubles et
ustensiles indispensables sont les principaux ornements ;
d'où l'on ne bannit ni la lessive, ni le feu, ni la
bourgeoise, et où il vous arrive qu'on vous prie de
vous écarter de la trappe si la cuisinière
descend à la cave, grâce à quoi vous
apprenez où le sol est solide ou creux au-dessous de
vous sans frapper du pied.
|
|