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Les pierres sauvages

roman de FERNAND POUILLON, architecte

Ce roman apparaît comme le journal de bord du maître d'oeuvre qui édifia l'abbaye du Thoronet au 12ème siècle. F. Pouillon s'y décrit en moine cistercien brisé dans son élan créateur. S'appuyant à la fois sur des faits historiques et sur son expérience personnelle d'architecte-bâtisseur, Pouillon décrit la naissance d'une oeuvre d'art et nous offre une réflexion passionnée sur son métier. Voici un roman incontournable ouvert à tous et pas uniquement aux architectes et étudiants en architecture.

Editions du SEUIL, 1964

Ouvrage également disponible dans la collection Livre de poche n° 3570

Ce roman , qui vaudra le prix Médicis à son auteur, se présente comme une sorte de journal d'un moine bâtisseur cistercien concevant et réalisant l'abbaye du THORONET XIIe siècle à LORGUES dans le VAR.


Fernand Pouillon

Extrait des Pierres sauvages, roman-journal

Seuil

Etre cet importun égaré dans le vallon, héberlué tout à coup de voir la pierre arrachée du sol par cette grande pince qui serre quand le filin se tend. Comme lui, j'ai observé les hommes du treuil : attentifs, le regard sur le bloc qui s'élance, se découpe à contre-jour en arêtes éblouissantes sur le ciel bleu foncé. Et puis les trois hommes fourmis là-haut, qui le tâtent, l'examinent, le manipulent, le tournent avec précaution et, doucement, avec un petit geste du doigt, le dirigent sans hâte. Par enchantement, le bloc vient se poser à la place prévue, le mur ne paraît pas plus haut pour cela, la pierre a occupé l'espace discrètement, sans avoir l'air de rien. "Et pourquoi colmatez-vous les joints avec cette argile ?... et pourquoi coulez-vous dans ces entonnoirs l'eau grise avec cette écuelle ?"...

Tout ce travail est dérisoire, petite peine de tous les jours. Comme pour les insectes pitoyables, l'effort inlassable est payant : "A ce train-là, dit-on, jamais la fourmi, jamais l'abeille, jamais le mur." Pourtant déjà une toise, le mois prochain deux, le passant reviendra un jour et dira : "Tiens, c'est déjà fini, ils sont allés bien vite." Il n'aura pas vu le travail dans la boue, les cailloux, par centaines de mille, taillés douloureusement des années, la roche qui résiste aux coups acharnés. Il n'aura pas pensé à la chaux qui brûle, à la roue qui écrase, aux cordes qui cassent, à la chaleur étouffante, au vent de sable qui blesse les yeux, et qui pousse l'homme en équilibre ; à la pluie pénétrante, aux mains bleuies et maladroites, au gel qui détruit le travail de la veille, à l'erreur humaine qui bâtit pour démolir, à l'outil oublié qui tombe et tue.

Un chantier est plus long qu'une guerre, moins exaltant, où les batailles sont les dangereuses corvées de tous les jours. Mais la victoire est certaine.

Fernand Pouillon


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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