F R A N C E - A M É R I Q U
E
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Réactions
aux
Scènes
de la vie future ( 1934 ) de Georges DUHAMEL
Atelier
d'écriture du 11 septembre
2004... L' écrit
d'invention
Transe, n.f., inquiétude ou
appréhension extrêmement
vive... mais aussi "exaltation, transport"
( de l'anglais "trance"...)... Par
ext. Être, entrer en transe,
s'énerver, être hors de
soi...
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2, rue de la Pierre Large 67084
STRASBOURG CEDEX FRANCE
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Les relations entre le "vieux" continent
européen et le jeune "Nouveau Monde" n'ont
pas toujours été sereines... Bien des
orages - passagers - ont ainsi
régulièrement mis à
l'épreuve l'entente, heureusement solide,
entre la France et les Etats-Unis, à des
degrés divers, tant du côté des
communautés en présence que dans le
cadre d'une expérience individuelle...
Ainsi, en 1929, l'écrivain français
Georges Duhamel effectua un séjour aux
U.S.A. ... Il en rapporta des pages incendiaires,
que d'aucuns qualifièrent, dès leur
publication, de "réactionnaires"...
: dans
ses Scènes de la vie
future,
publiées en 1930, G. Duhamel peint au
vitriol quelques tableaux de la vie
américaine de cette époque et nous
avertit du même coup qu'on peut craindre d'y
"lire" l'avenir de l'Europe, notamment de la
France, si les européens cèdent aux
sirènes enjôleuses de l' american way of life - laquelle,
selon lui, ne convient guère aux
modes de vie traditionnels de l' "ancien monde"...
Réactions des élèves de
Seconde
Columbus
après lecture d'
extraits des Scènes de la vie
future,
de Georges
Duhamel...
N.B. Les
articles sont signés : les initiales indiquées à la fin
des textes sont celles des anagrammes
inventés par les élèves
à partir de leurs noms et prénoms
recomposés... On n'est jamais trop
prudent...
Des railleries
désobligeantes...
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Le 12
septembre 1935.
Monsieur Georges
Duhamel,
... suite à
la publication de votre livre "Scènes de la vie
future", je me permets
de vous adresser cette lettre afin de vous dire
à quel point je désapprouve vos
propos forts désobligeants sur les
Etats-Unis.
De quel droit,
cher monsieur le Français, vous
permettez-vous d'écrire de telles railleries
sur mon pays d'origine ?
Ma famille est
américaine depuis des
générations entières et
croyez-moi, je n'ai jamais lu de pareilles sottises
de toute mon existence.
Vous osez,
monsieur, critiquer le progrès
américain qui devrait plutôt
être admiré ; je retiendrai surtout
votre passage sur Chicago où vous montrez
clairement votre aversion pour les
aménagements et infrastructures modernes...
Vous savez, ce n'est point parce que nous
construisons des ponts ou encore des buildings que
nous ne nous montrons pas écologistes :
voici encore une idée déjà
toute faite ! Je respecte votre choix si vous
préférez le monde rural, mais de
là à nous donner une image de
"destructeurs de la
nature", ne
pensez-vous pas que vous y allez un peu fort
?
Je n'oublierai pas
non plus d'ajouter que votre passage sur les
divertissements aux Etats-Unis, en l'occurrence
cinématographiques, m'a encore fort
déplu. Vous êtes d'une abominable
mauvaise foi : quel mal y-a-t-il d'aller dans un
grand cinéma avec plafond
étoilé dont les sièges sont
très confortables ?... Qui ne rêverait
pas de s'y trouver ?
Quant à
votre chapitre sur les restaurants
américains, il n'est pas plus
agréable à lire. Le système de
restauration que vous décrivez est
plutôt un bon concept : pratique, rapide...
Alors pourquoi encore jaser ? Il ne faut pas non
plus généraliser... N'allez pas me
dire qu'on ne peut point trouver un seul restaurant
chaleureux aux Etats-Unis...
En somme, vous
critiquez notre culture, nos choix et façons
de vivre, notre art, notre histoire ; riez mon
cher, riez...
Avec tout le
respect que je vous dois, laissez moi vous dire que
vous êtes absolument lamentable : quel homme
ne le serait point en s'accordant le droit absolu
de blâmer toute une nation ? Qui
êtes-vous pour juger ainsi ce qui est bon ou
mauvais ? Qui êtes-vous donc pour parler avec
autant de dédain d'un pays ? Que
cherchez-vous ? ça, je vous le demande !
Vous êtes
tout de même un grand magicien des mots, oui,
c'est cela. Vous accentuez des faits et vous les
transformez à votre guise en espérant
faire croire à tout le monde que mon pays
est une fausse civilisation. Mais ceci est immonde
et même très immoral !
Nous
considérez-vous comme des imbéciles
prêts à être amadoués
avec des balivernes ? Ceci est intolérable,
c'est de la moquerie que vous nous faites
là, monsieur, et je n'apprécie
guère ! Vous avez une vision des choses
extrêmement négative sur les
activités de mon pays. Ah ! Quel horrible
individu vous êtes en formulant dans votre
livre d'effroyables propos !
Croyez-moi,
monsieur, ma lettre est le début d'une
longue confrontation ... Vous pouvez dès
à présent en être certain.
Désolé de vous avoir
déçu, mais il reste encore des
personnes sensées sur cette terre. Je refuse
énergiquement une telle honte !
Aussi, je
m'arrête sur ces mots, espérant vous
avoir assez exprimé ma colère. M.
S.
Georges Duhamel :
l'anti-visionnaire
|
C'est en 1930,
un an tout juste après le crash de la Bourse
de Wall Street, que Georges Duhamel publie son
pamphlet, "
Scènes de la vie future " ; un livre paru juste au bon
moment, dans le seul et unique but de porter
l'estocade à un " American Dream " déjà affaibli par le
tristement célèbre Jeudi Noir. Mais plus que le ton ironique et
méprisant adopté par
l'écrivain français, plus que la
bouderie affichée tout au long de son "
roman ", c'est le contenu qui choque, ou
plutôt, qui cherche à choquer. En
effet, Duhamel fait grise mine au lieu de sourire
face aux cinémas américains, sur
lesquels l'Europe prendra bientôt exemple.
Tout est sujet à ses critiques, comme les
grands abattoirs de Chicago, où il
dénigre les excès d'hygiène et
même de rapidité. Monsieur Duhamel
était-il jaloux ?
Le chauvinisme
de Duhamel
L'écrivain était sans
doute trop fier de sa patrie, comme en
témoignent ses commentaires élogieux
sur la France, contrairement au mépris qu'il
voue aux Etats-Unis. Si la musique
européenne est divine, celle de l'autre
côté de l'Atlantique est affreuse ; si
la cuisine française est charnue et
goûteuse, la "bouffe" de l'Oncle Sam est
insipide et fade.
Peut-être
sera-t-il impressionné ou fasciné
devant les gigantesques gratte-ciel
américains, symboles d'une Amérique
qui bouge et qui réussit ? Que nenni !
Duhamel se contente de dire : " ...trente buildings hors de
mesure [...] flambent à cette heure de tous
les feux de l'orgueil. " Du mépris, toujours du
mépris.
Fermeture
d'esprit
Ayant lu ce
livre, on en vient à se demander pourquoi
Georges Duhamel est allé en Amérique.
En tout cas, lorsqu'on n'a pas la moindre ouverture
d'esprit, on reste chez soi ! D'ailleurs, il se
sent si bien, en France...
Un livre
prémonitoire et...
démodé !
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Il y a 60 ans,
dans ce journal, nous vous présentions le
livre de G.Duhamel, Scènes de la vie
future.
A l'occasion de
cet " anniversaire ", nous revenons sur ce livre qui
fit des émules à l'époque.
Nous constatons
aujourd'hui que beaucoup de moeurs décrites
dans cet ouvrage ont traversé l'Atlantique
pour se retrouver en Europe et
singulièrement en France. Ce livre est une
critique précoce de la mondialisation, qui,
aujourd'hui, anime un grand débat aux
multiples facettes : les fast-food (
"un restaurant
américain"
chez Duhamel ), les élevages industriels et
les abattoirs (
"les abattoirs de Chicago" chez l'auteur ),
l'omniprésence de la publicité
("les extravagances
de la publicité"), la biodiversité et la
différence en recul face à la
standardisation ( "méditation sur la
cathédrale du commerce" par l'auteur ).
Le livre est
marqué par une forte subjectivité,
parfois même agressive. Le titre est bien
choisi et l'auteur prend le risque de
décrire un futur incertain. Il est vrai que
le modèle américain de fast-food (les
Mac
Donalds) s'est
exporté en France et a eu beaucoup de
succès. Cependant, on ne saurait
généraliser puisqu' aujourd'hui la
gastronomie française est toujours
réputée à travers le monde et
on observe que les restaurants gastronomiques
connaissent un fort succès. Le tirage
important du guide "Michelin" en constitue la preuve.
Autre cible des
critiques : le cinéma. Aujourd'hui toutes
les accusations portées autrefois contre le
7ème art par G. Duhamel se
révèlent fausses. Il est
évident pour tout le monde que le
cinéma, moment de détente, peut aussi
faire réfléchir et
révéler de nouvelles cultures.
Au final, ce livre
a un côté prémonitoire mais
paraît quelque peu démodé
aujourd'hui car trop sévère et
manquant de recul ; en effet comme la crise de 1929
était encore visible lorsque l'ouvrage a
été écrit, la description
faite n'est pas vraiment représentative de
la vérité. La pauvreté est
peut être exagérée et la
mentalité des américains sans doute
mal évaluée. B. S.
La jalousie d'un homme
trop attaché au passé
?
|
Monsieur
Duhamel,
Lors de la
sortie de votre "pseudo roman" critiquant vivement
les défauts de la société
américaine moderne, je m'en suis
procuré un exemplaire immédiatement
afin de me faire un avis sur cette oeuvre... Je
suis personnellement très
intéressé par cette
société du progrès. Bien que
je sois d'accord sur certains points tels que
"l'inhumanité du train de
vie" ainsi que la
pauvreté significative dans la ville de
Chicago, il relève de la
nécessité que je soulève
certains propos révoltants que vous avez
formulés à l'égard des
Etats-Unis.
Je suppose que
vous n'êtes point végétarien
mais plutôt friand de cette nourriture
très appréciée qu'est la
viande, Monsieur Duhamel. Depuis toujours
l'être humain tue pour vivre,
"un mal pour un
bien" : c'est pour
cela que je voudrais bien savoir pourquoi vous
exprimez tant de dégoût envers cet
abattoir que vous avez visité et pourquoi,
alors que vous nous expliquez l'aspect funeste de
la chose, vous avez continué cette visite.
Plus révoltante encore est cette sorte de
haine qu'inspirent bien malgré eux les
citoyens à forte pigmentation que vous ne
cessez d'appeler "nègres" ; je pense que vous n'avez pas
songé au fait que ces personnes, à
cause de leur couleur, sont de partout et, dans la
nécessité de subvenir à leurs
besoins, se voient obligés de travailler
dans cet enfer sanglant que sont les abattoirs de
Chicago.
Passons
maintenant au cinéma, qui est lui aussi
considéré comme un certain art.
Pourquoi, si vous ne vouliez pas commencer le film
par la fin, n'avez-vous pas demandé à
l'hôte du guichet vers quelle heure la bande
reprenait l'histoire du début ? Ainsi vous
auriez pu apprécier le film du début
à la fin et non de la fin à la fin !
J'ai d'autant plus souri lorsque vous avouez
"ne plus pouvoir
penser ce que vous voulez, que les images mouvantes
se substituaient à vos propres
pensées" et
je tiens donc à vous féliciter pour
cet acte de franchise, apportant une dose
d'autodérision à votre
texte.
Peut-être
êtes-vous jaloux de la modernité
américaine, de ces buildings, voitures et
autres objets dernier cri ; peut-être
êtes-vous trop attaché aux valeurs
françaises anciennes ?... Sachez que le
progrès atteindra lui aussi, un jour, notre
beau pays et ce n'est pas en étant
remonté contre lui que vous
l'empêcherez de proliférer :
préparez-vous plutôt à
l'accueillir. Il est clair qu'il règne une
certaine "robotisation" dans la façon de vivre de
ces gens, mais cela fait partie de leurs moeurs, de
leur train de vie.
Sur ce et dans
l'attente d'une réponse, je vous prie
d'accepter, Monsieur, l'expression de mes
sincères salutations.
M.
N.
Un voyage dans le futur...
|
Le récit
"Scènes de
la vie future" de
Georges Duhamel est sans conteste l'une des
critiques les plus incisives jamais
adressées à l'Amérique. Dans
son récit de voyage, l'auteur nous expose
très clairement sa thèse principale :
l'Amérique est un pays immoral, "standard",
comme Duhamel le dit si bien. Oui, mais
l'Amérique est le miroir de la
société ( européenne ) de
demain.
Georges Duhamel
critique, entre autres, le cinéma, les
célèbres et immenses abattoirs de
Chicago, la publicité, le base-ball, d'un
ton souvent ironique, parfois satirique, mais
jamais élogieux. Selon lui, rien n'est bon,
rien n'est noble en Amérique.
Ce que Duhamel
oublie néanmoins, c'est le fait que toutes
ces pratiques sont en vigueur parce que le peuple y
adhère. Les cinémas et le base-ball
n'existent que parce que des consommateurs payent
un droit d'entrée. Ces consommateurs,
toutefois, ne se sont jamais rendus en ces endroits
de force. L'auteur nourrit également un
discours satirique envers la publicité,
mais, bien qu'elle suggère un acte de
consommation de manière persuasive, la
publicité n'est pas un acte de dictature.
Personne ne vous oblige à acheter un
produit.
Ce que Duhamel
oublie également, en décrivant les
abattoirs, c'est que lui-même consomme de la
viande, provenant d'un animal qu'il aura fallu
tuer. Tuer une bête dans l'abattoir de
Chicago ou la tuer dans la boucherie du quartier,
c'est toujours tuer !
A l'époque
où Duhamel a écrit ce livre,
l'Amérique était un pays en pleine
expansion, qui s'est remarquablement adapté
à sa croissance économique et
démographique, en innovant, en inventant de
nouvelles façons de produire plus et plus
vite, de travailler et de se distraire. Et ce qui
est nouveau dérange toujours, parce que
l'inconnu fait peur : il peut être pire que
ce que l'on connaît déjà, mais
il peut aussi être meilleur. C'est pour cette
raison qu'on peut tout de même comprendre
Duhamel, étant donné qu'il a
écrit ce livre dans les années 30,
qu'il a été "propulsé dans le
futur", dans une
société opposée à celle
qu'il avait toujours connue, et où il avait
grandi, d'où son effroi et son
dégoût envers cette Amérique.
En tout cas,
ce récit porte bien son titre :
"Scènes de
la vie future".
Georges Duhamel a décrit, en 1930, et avec
une étonnante précision, le monde tel
qu'il serait plus d'un demi-siècle plus tard
et tel qu'on le connaît aujourd'hui sur le
Vieux Continent . Mais, pour nous qui sommes
habitués à cette
société de consommation, ce
présent est-il finalement si triste ?
Vivons-nous si mal que le craignait Georges Duhamel
?
L. de C.
La publicité en
1930 était-elle si néfaste
que cela ?
|
Réactions au livre " SCENES DE
LA VIE FUTURE " de Georges Duhamel ( cf. chap. 10
).
Pour un lecteur de notre
époque, cet extrait peut nous paraître
étrange et offusquer les grandes entreprises
qui raccolent la plupart de leurs clients
grâce à ce moyen. En outre, la
publicité constitue un décor
omniprésent dans notre vie quotidienne.
Cependant, comme l'explique Georges Duhamel, cette
manière de communiquer nous harcèle
mais elle demeure une des principales sources
d'information. En effet, l'auteur s'est
montré si négatif qu'il a omis les
côtés positifs des affiches.
De plus, l'auteur découvre
pour la première fois la
société américaine; il ne
devrait donc pas se permettre de comparer Chicago
à Paris. En 1930, l'Amérique avait
déjà commencé sa modernisation
et les gratte-ciel, que l'auteur évoque avec
mépris, proliféraient, semblables
à des épidémies. La France,
quant à elle, n'avait pas encore connu cet
essor.
Pour se faire connaître du
public et embellir le paysage auparavant
composé de façades sordides, les
publicitaires eurent recours en masse à
cette solution.
Ensuite, Duhamel écrit qu'il
s'agit d'un moyen menaçant
"d'endoctrinement." Mais il s'agit là
de sa propre vision du monde, parce que l'on n'est
pas forcé de regarder ces affiches : s'il le
désire, le passant peut les ignorer en
détournant ses yeux vers autre chose.
Duhamel reproche à ces
panneaux d'être trop nombreux, mais ce
système encourage la diversité des
genres publicitaires. On retrouve une sorte de jeu
qui, s'instaurant entre le publicitaire et son
destinataire, peut divertir... Tous ces panneaux
qui empiètent sur la vie de l'auteur
contribuent à la gaieté de
l'atmosphère et l'on doit de toute
façon les adopter...
Il ne faut pas voir un traquenard
dans toutes ces affiches : " Vous qui trompez
ma confiance ... " Certes, certaines sont
destinées à nous piéger
grâce à des mensonges pourtant
très attrayants mais ceci ne s'applique
qu'à une faible minorité...
Duhamel a l'impression que les
publicitaires déprécient son
intelligence à cause de leurs "
niaiseries". L'auteur se montre ici
égoïste car la publicité doit
rester accessible à tous de telle sorte que
chacun puisse y trouver son compte.
Par ailleurs, l'auteur n'approuve pas
cette machine publicitaire qui lui rappelle les
parcs d'attractions européens. En effet,
pour lire le contenu de toutes ces affiches
quelquefois dissimulées, le piéton
est contraint d'effectuer de nombreuses
contorsions.
Dans ce texte, l'auteur
révèle ici au grand jour son
côté pessimiste car il éprouve
du mal à accepter le progrès qui est
pourtant inéluctable : l'écrivain
méprise ce moyen de procéder
inhérent à la publicité mais
qui s'est néanmoins développé
partout dans le monde et a permis à
l'économie américaine de
prospérer.
Chers lecteurs, nous nous
retrouverons la semaine prochaine pour un magazine
inédit abordant les imminentes
élections aux Etats-Unis.
H.M.
Sans les dentelles de la
nuance...
|
Cher écrivain de pacotille,
G. Duhamel, vous prétendez
être un écrivain mais, en
vérité, vous ne l'êtes que de
nom. Votre dernier livre intitulé
"Scènes de la Vie Future" m'a
énormément déçu. Quel
bon écrivain, normalement constitué,
serait capable d'écrire un tel "
torchon" ? Cette manière horrible de
critiquer l'Amérique me
dégoûte. Il est vrai que, comme tous
les pays, l'Amérique a ses défauts.
Mais sachez qu'elle en a autant que la France,
voire moins ! A votre avis, qu'est-ce que les
Américains pensent de notre beau pays ? Si
votre voyage aux Etats-Unis vous a
déçu, c'est votre problème. Il
y a des gens qui n'ont pas les mêmes opinions
que vous...
Monsieur, par vos écrits, vous
empêchez certaines personnes de
réaliser un rêve ! Bien des gens
rêveraient d'aller un jour en
Amérique, dans cet immense pays que vous
injuriez avec votre satané livre. Et puis
vous, vous vous sentez " obligé " de
gâcher ce rêve en écrivant des
lignes provocantes et abusives sur
l'Amérique et ses habitants.
Les gens pauvres sont tous pareils,
monsieur. Lorsque vous parlez de ceux des
Etats-Unis, vous les voyez comme des
fantômes, des démons sortis de
l'enfer. Sachez qu'il y en a aussi en France et
qu'ils n'ont aucune différence avec ceux des
USA.
Et quand je pense à ce cher
Pitkin... Je plains ce pauvre homme qui a dû
vous supporter durant la quasi-totalité de
votre séjour. Je vais vous parler par
exemple de la soirée au cinéma : vous
êtes entré dans l'un des plus grands
et des plus riches cinémas du monde pour
seulement un dollar et vous vous êtes en plus
permis de vous plaindre et de rouspéter
à la face de ce pauvre Pitkin. Je veux bien
admettre que le film vous ait déplu, mais
sachez que ce n'est pas une raison pour rabaisser
un art américain qui est, comme vous l'a dit
Pitkin, l'un des plus grands et sans doute le plus
splendide du monde entier.
Et le restaurant dans lequel vous avez
mangé un soir... Vous auriez dû vous
douter qu'on n'allait pas vous faire du boeuf
bourguignon ou de la choucroute (ou alors c'est que
vous êtes vraiment bien tombé). Il
faut que vous sachiez, monsieur " qui n'aime pas
se changer les idées ", que lorsque l'on
va dans un autre pays que la France, on n'y trouve
pas forcément les mêmes coutumes et
habitudes qu'en France. Vous ne pensiez tout de
même pas trouver la Tour Eiffel à New
York ?
Vous me décevez beaucoup,
monsieur Duhamel... Sachez à l'avenir que
vos opinions n'intéressent personne à
part vous ! Votre ironie légendaire me
dépasse ! J'ai eu beaucoup de mal à
finir votre livre inqualifiable. En fait, on m'a
forcé à le lire ! Même pour
trois francs et cinquante centimes, cet ouvrage ne
vaut pas le coup d'y jeter un oeil.
Sur cette dernière remarque, je
vous laisse à vos écrits minables et
déplorables. J'espère que votre
prochain livre, si vous comptez en écrire
encore un après tout ce que je vous ai dit,
sera moins provocant envers les Américains
que vous méprisez tant et qui pourtant ne
vous ont rien fait, écrivain de pacotille !
J. Le R.
Strasbourg, le 11 Septembre
1934
Cher Monsieur Duhamel,
Je prends aujourd'hui la plume pour
vous donner mon avis sur votre livre "Scènes de la vie
future", publié récemment.
Je souhaiterais vous faire part de la
colère qui m'a envahie peu à peu, au
fur et à mesure que j'avançais dans
la lecture de ce "livre", que je qualifierai
plutôt de torchon. Je ne suis pas du tout,
mais alors pas du tout d'accord avec votre vision
des choses. Ayant moi-même visité
cette admirable contrée, je puis vous dire
que rien de ce qui est décrit dans votre
livre n'est vrai.
Tout d'abord, je ne vois pas en quoi
le delta du Mississippi pourrait être
comparé à une triste campagne. Ce que
j'ai vu, moi, c'était une campagne
luxuriante, accueillante, un havre de paix dans
lequel on souhaiterait passer le restant de ses
jours.
Ensuite, comment osez-vous critiquer
les officiers et les médecins de la Nouvelle-Orléans ?
Ceux-ci sont surchargés de travail,
étant donné le nombre de navires
mouillant à cet endroit. Fussiez-vous une
personnalité importante que vous n'auriez
pas été ausculté et
inspecté plus vite. Mais passons à la
suite.
Pour ce qui est du cinéma,
comment pourriez-vous comprendre les
subtilités de cette noble invention ?
Comment pourriez-vous ressentir les émotions
qui nous sont transmises, vous qui ne
possédez point de coeur ? Il suffit de voir
avec quelle froideur, quel dégoût,
vous parlez des abattoirs de Chicago. Certes, je
vous l'accorde, le fait de tuer tous ces bestiaux
est macabre, mais que voulez-vous ? La nature est
ainsi faite : il n'y a pas que de belles choses.
Encore faudrait-il que vous puissiez percevoir la
beauté. Si chacun s'apitoyait sur le sort de
ces animaux, nous mourrions de faim. Et d'ailleurs,
ne seriez-vous pas l'un des premiers à
exiger de la viande fraîche dans votre
assiette ?
Vous parlez aussi de la
liberté. Seulement, vous semblez oublier que
nous sommes en 1935, et non lors de la
conquête du continent. Comment voudriez-vous
qu'on vous laisse clamer devant tout le monde vos
sornettes ? Vous feriez honte à
l'Amérique d'avoir toléré une
personne telle que vous sur son territoire.
Je m'arrête ici, car s'il
fallait que j'écrive tout ce qui me
déplaît dans votre roman, j'en aurais
jusqu'à la fin du siècle. Par contre,
il faut tout de même que je vous
félicite pour avoir écrit le plus
grand torchon de l'Histoire !
" Hainement ",
T. S.
Un lecteur outré.
Strasbourg, le 2 septembre 1936
Monsieur Duhamel ,
J'ai l'honneur de vous annoncer une
très grande nouvelle pour votre
carrière et vous-même.
Je me prénomme L. H. F.,
je suis auditrice de la librairie
Kléber et journaliste au quotidien
"Le Parisien". J'ai écrit
quelques histoires policières, et j'ai par
ailleurs lu beaucoup de vos livres, entre autres le
dernier intitulé "Scènes de la vie
future".
Je vous écris cette lettre pour
vous annoncer le véritable succès de
votre dernier livre : il s'est déjà
vendu à 10.000 exemplaires, et toutes les
librairies de France sont actuellement en rupture
de stock. Tout le monde veut le lire. Je l'ai moi
même acheté et lu.
Dès la première page, j'ai
été complètement
emballée, époustouflée. Je
n'avais jamais lu un livre qui décrivait si
bien la réalité et la
société fausse des Etats Unis. On y
retrouve beaucoup d'humour, d'ironie. Cet ouvrage
est un cri d'angoisse provoqué par la vue
d'une civilisation complètement
"machinisée", qui ne marche qu'avec des
robots.
Dans la société
américaine, on réduit le rôle
de chaque homme, ce qui entraîne la chute de
la dignité de la personne humaine. Pour
vous, les peuples Anciens risquent d'être
demain l'image des américains.
Dans votre livre, vous allez
jusqu'à visiter les abattoirs de Chicago ;
chaque lecteur ressentira la même chose : la
terreur, l'horreur. On éprouve ainsi le
même sentiment lorsque vous allez voir un
match de football dans un stade, que vous
préférez appeler un "temple".
Je suis tout à fait convaincue,
car vous savez trouver les bons mots, persuader le
lecteur de la justesse de votre thèse.
Lorsque vous parlez de la liberté, des
ligues, j'approuve totalement vos idées, et
je vous conseille vivement de passer à
l'acte !!!
Il y a peu, j'ai fait un voyage en
Amérique, précisément dans le
Colorado. J'ai totalement éprouvé les
mêmes sentations, émotions, les
mêmes dégoûts de cette
population, la crainte que la France et les autres
pays d'Europe ressemblent bientôt à
l'Amérique. Toutes vos aventures et
mésaventures, dès votre
arrivée dans le Mississippi, sont des
reflets de la société
américaine. J'ai également eu "la
chance" de voir le cinéma, le stade
rempli d'horribles spectateurs, l'abattoir, tous
les emblèmes de l'Amérique et un
sentiment de dégoût reste gravé
dans mon coeur, comme vous.
C'est par cette lettre que je vous
félicite de votre livre qui inspire le total
mépris de cette Amérique, et par
ailleurs je vous en suis très
reconnaissante...
Avec mes sincères salutations,
M. L. H. F.
Strasbourg,
le 12 mai 1935
Cher M.
DUHAMEL,
Mon nom est H.
D. T. . Je suis française et voyage de temps
en temps. J'ai lu il y a peu de temps votre ouvrage
Scènes de
la vie future et
souhaite vous confier mes sentiments sur ce
sujet.
Tout d'abord,
la manière dont vous décrivez le
peuple américain comme une population
uniforme me rappelle ce que j'ai ressenti en allant
moi-même en Amérique. En effet, toutes
les personnes que je croisais se ressemblaient
énormément ; elles avaient les
mêmes gestes, les mêmes
réactions, les mêmes idées sur
la plupart des choses. Bientôt, elles
porteront peut-être le même nom
!
Votre texte sur
un restaurant américain m'a
particulièrement marqué. Je n'ai
hélas pas eu l'occasion d'en visiter un,
mais l'impression que ce texte donne est celle de
milliers de clients n'accordant aucune attention
à tous les autres individus qui les
entourent. D'après moi, ce peuple est
constitué de personnes égocentriques
se croyant uniques et ne faisant pas attention aux
vies qui les entourent. Et pourtant ils font partie
d'une foule. Ils sont chacun un seul
élément de cette foule. Cette foule
est régulière : chaque visage est
similaire au précédent, et de ces
lignées de personnes rangées,
parallèles, pas une seule partie, parmi tant
d'autres, qui ne dépasse du rang.
Par ailleurs,
le texte décrivant les abattoirs de Chicago
montre bien la cruauté de ces êtres
qui abattent à la chaîne des milliers
d'animaux. Des gestes devenus mécaniques.
Des bêtes abattues ? La pensée de la
mort ne leur traverse même plus l'esprit.
Pour ceux qui les abattent, ce n'est qu'un animal
de plus, un coup de couteau de plus. Et les
touristes assistent à ce spectacle,
insensibles.
Tant de
cruauté me répugne. Je me suis donc
réfugiée dans votre livre. Je me
plais à penser que je ne suis pas la seule
à partager un tel avis sur ce peuple.
Peut-être certaines personnes y feront-elles
quelque chose... Cette situation peut-elle changer
? Je l'ignore, mais aucun espoir n'est de trop sur
Terre ! Je tenais à vous en faire
part.
Avec mon
respect et mon amitié.
H. D.
T.
Vendredi, 19 Novembre 1934
Cher Monsieur DUHAMEL,
Je me présente : mon nom est
F. R. et je vous adresse cette lettre après
avoir lu votre livre Scènes de la vie
future. Je tenais à vous
transmettre mes sincères
félicitations pour cette oeuvre si
forte.
Je vous écris ce mot pour vous
exprimer mon avis par rapport à vos
idées sur les Etats-Unis.
Durant cette année, j'ai
traversé l'Atlantique pour découvrir
ce " merveilleux " Nouveau Monde, comme tout le
monde le prétend. J'approuve
entièrement votre opinion sur la
manière de vivre aux U.S.A.
Après avoir regardé un
film au cinéma, j'ai pu comparer nos
sentiments respectifs. Et j'ai constaté
qu'ils étaient similaires. Je trouve que le
cinéma ne sert strictement à rien
dans la vie.
Tout d'abord, avant de pouvoir entrer
dans la salle, il faut faire la queue avec les
autres clients, entassés comme des animaux.
Puis, une fois assis, nous entendons une " musique
" qui ne ressemble vraiment à rien, qui n'a
aucun sens.
Un moment, vous comparez le
cinéma à " l'abîme de
l'oubli " : j'approuve entièrement cette
affirmation : quand nous regardons un film ou une
série, nous ne réfléchissons
plus, nous n'existons plus, nous plongeons dans un
monde qui n'est pas le nôtre. Donc nous
oublions tous nos problèmes mais une fois
sortis de ce " rêve", nous nous rendons
compte que cela n'aura servi à rien... C'est
pourquoi, je pense que vous avez essayé de
nous faire comprendre qu'au lieu d'aller
dépenser de l'argent, pour aller assister
à un spectacle qui ne nous sert à
rien, il faudrait plutôt lire. La lecture
développe notre imagination.
Le chapitre concernant le
restauration américaine, bien qu'il soit
court, est très explicite. On ne peut
même pas appeler cela des restaurants, car
dans un restaurant, on se fait servir, on est
assis... Tandis qu'en Amérique ce n'est plus
cela : on attend (encore une fois) debout, dans une
file d'attente. J'espère que le monde futur
ne ressemblera pas à cela car où
allons-nous, si l'on doit manger de cette
façon ? Je me le demande bien.
Le chapitre qui m'a le plus
choqué, je pense que vous l'avez
deviné, est celui de l'ABATTOIR de Chicago.
Je trouve cela vraiment immonde et j'espère
ne jamais assister à une scène telle
que celle-ci.
Comment les gens peuvent-ils vivre
dans ce monde pollué, où la nature
est ravagée ?
Les gens d'Europe sont tous
dupés par les beaux discours. Ils ont dans
leurs têtes l'image de la richesse, des
gratte-ciel, mais cela n'est qu'illusion. Quand
nous regardons plus en profondeur, tout se passe
comme pour connaître une personne : en la
voyant sourire on croit qu'elle est heureuse, mais
en l'observant mieux, on constate que cet individu
ne vit pas dans le bonheur. Ainsi nous remarquons
que cela n'est que mensonges, et que tous les
malheurs qui touchent l'Amérique ne sont pas
pris en compte. La pauvreté dans les ghettos
est oubliée ainsi que
l'inégalité entre les blancs et les
étrangers.
Veuillez agréer monsieur,
l'expression de mes salutations les plus
respectueuses.
F. R.
S'évader comme dans
un rêve...
|
Cher Monsieur George Duhamel,
Suite à mon retour
d'Amérique, j'ai voulu acheter votre livre
qui me paraissait très intéressant
afin de comparer nos points de vue.
J'ai beaucoup apprécié mon
voyage : je n'oublierai jamais ce pays et je ne
suis pas d'accord avec vous. C'est pourquoi je me
permets de vous écrire pour vous exprimer
mon avis !
Lors de mon arrivée, je fus
époustouflé par la grandeur du pays ;
les formalités d'entrée
étaient longues mais nécessaires ;
tout était si impressionnant... Jamais je
n'aurais pu imaginer un tel spectacle : toute cette
immensité, cette foule, la technologie
époustouflante, le cinéma.
Au cinéma, justement, tous les
spectateurs étaient illuminés par
l'écran. On aurait dit qu'ils
découvraient la vie. Les Américains
aiment dépenser leur argent dans une
invention nouvelle et c'est toute cette
activité économique qui fait marcher
l'Amérique ! Tout cela permet de
s'évader comme dans un rêve ! Vous ne
trouvez pas ?
L'Amérique représente
quelque part la liberté, bien que tout n'y
soit pas autorisé, mais peut-être cela
viendra-t-il... Espérons!
Les paysages m'ont beaucoup
marqué : ils ne sont pas très
diversifiés et variés, et sur ce
point je partage quelque part vos sentiments, mais
je n'irai pas jusqu'à comparer le bruit et
les flammes. Le paysage a juste besoin d'un peu de
calme et de solitude !
Je me suis aussi rendu à
l'abattoir de Chicago. Pour moi tout est propre,
ordonné et on ne peut qu'apprécier la
beauté des bêtes ! Jamais en France on
ne trouvera une telle viande. Il faut juste
goûter et savoir apprécier !
Enfin tout ce sport en Amérique
n'est pas de trop... : les entraîneurs
sportifs ont raison ; chacun a besoin de beaucoup
d'entraînement pour être un vrai
champion de haut niveau et il faut de la motivation
!
Nous savons tous que l'Amérique
est très riche, et qu'elle investit beaucoup
d'argent, mais pas assez pour les gens en
difficulté ; il ne faut pas les oublier, ou
les ignorer, mais affronter les problèmes ;
sur ce point aussi nous sommes d'accord.
Si l' Amérique continue ainsi,
elle pourrait tomber en ruines. Mobilisons-nous
pour que les USA ne deviennent pas
complètement le modèle de la
France... mais ne refusons pas leur aide ni
certains aspects de leur système, car uni,
le monde pourrait se moderniser !
Je vous remercie de l'attention que vous
voudrez bien porter à ma lettre et dans
l'attente d'une réponse, veuillez recevoir,
cher Monsieur, l'expression de mes salutations
dévouées.
G. E.
Samedi, 11 septembre 2004
Dans le chapitre
intitulé " Intermède
cinématographique ou le divertissement du
libre citoyen ", Duhamel critique le
cinéma. Contrairement à ce qu'il dit,
les personnes n'y vont pas pour se " gaver "
mais pour s'y détendre, se changer les
idées. C'est un loisir et, comme pour la
plupart d'entre eux, il faut payer : c'est normal.
Les images qui défilent dans la salle ne
sont pas " fausses " : ce sont elles qui
créent le film, et c'est pour elles que les
gens viennent. La cinématographie
s'étant améliorée depuis ses
débuts, le changement d'image ne peut
être distingué à l'¦il nu : il
est trop rapide. La lumière (" les
fausses étoiles, le faux ciel, les faux
nuages "), elle, n'a pas lieu d'exister, et puis
nous ne venons pas pour contempler ce " ciel
". Tous les gens qui sont dans la salle
apprécient les différentes musiques
qui passent. Elles nous plongent dans "
l'ambiance " et sont là pour accompagner
les images. Sans variations musicales, nous
différencierions moins bien les diverses
scènes. La musique complète ce que
l'on voit et le film ne montre pas toujours des
scènes du même style ou du même
registre. Si des spectateurs dans la salle
émettent un ricanement ou autres bruits,
elles le font naturellement, car leurs
émotions font surface et c'est plutôt
rassurant. La personne venant se changer les
idées peut suivre le film et être
envoûtée. Pour la plupart des gens, il
est naturel d'exprimer ses émotions. Le
" long baiser de la fin du film " fait
partie intégrante de celui-ci. Il montre que
l'histoire finit bien. Duhamel montre et explique
son opinion en écrivant ce chapitre, mais il
n'a pas raison : il existe une multitude de
personnes qui pourraient le dire aussi et qui
seraient d'accord avec ce que j'écris.
C'est comme dans "Les
abattoirs de Chicago". Nous partageons avec
Duhamel l'avis qu'il est "cruel" de
commettre tant d'atrocités sur de pauvres
animaux innocents. Mais tout cela fait partie du
cours de la vie. Les êtres humains doivent se
nourrir. Les personnes qui travaillent en ce lieu
ne sont pas forcément fières de ce
travail. Duhamel décrit dans cet extrait la
manière d'abattre les b¦ufs, les cochons...
Mais, il reproche aussi aux gens de participer
à ce "massacre". Il ne faut pas le
leur reprocher. Ils font leur travail pour pouvoir
nourrir leur famille. L'auteur dit même que
les personnes avalent " un manger de carnivores
". Oui, c'est un " manger de carnivores "
mais il faut se nourrir, dans la vie.
Dans l'extrait " Feux
d'artifice ou les extravagances de la
publicité ", Duhamel dénonce
en quelque sorte les progrès de la
technologie. Les bruits et les lumières du
soir et de la nuit font partie du monde et montrent
qu'il y a une certaine activité sur terre.
La publicité aussi, nous en avons besoin :
elle est là pour nous montrer ce qui est
neuf, pas pour nous " escroquer ".
Mon jugement est complètement
opposé à celui de Duhamel car ses
reproches sur plusieurs éléments de
la vie portent sur ce qui fait de notre monde ce
qu'il est aujourd'hui.
H. L.
" Intermède
cinématographique "
|
Dans son livre-documentaire "
Scènes de la vie future ", George
Duhamel critique durement avec ironie et sarcasme
la société américaine. Dans la
plupart de ses textes, les reproches sont plus ou
moins d'actualité encore aujourd'hui. Mais
le chapitre contre le cinéma est, à
mes yeux, un vrai tissu de clichés et de
préjugés.
Tout d'abord, Georges Duhamel est
accompagné, lors de sa première
séance de cinéma, d'un homme
nommé Pitkin. Il s'arrange pour nous faire
comprendre que cet homme-là est
l'exemple-type de l'Américain. Ce dernier
éprouve un certain orgueil à vivre
dans le pays qui possède de si grands
cinémas et qui fabrique des films de
qualité (pas toujours) satisfaisante.
Duhamel, lui, juge le cinéma et son
industrie sans même avoir essayé de
les comprendre et de goûter à la
beauté et aux émotions qui se
dégagent du ô combien magnifique
" Septième Art
".
" Le cinématographe est une
chose démocratique " dit
fièrement Pitkin. Duhamel trouve que cette
"chose démocratique" est trop
chère, et que ce n'est pas normal qu'il y
ait tant de monde. Pourtant, si le cinéma ne
désemplit pas, c'est que les gens aiment
cela ! Duhamel ne le comprend pas. Nous pouvons
penser que, dans le contexte des années 30,
la population va au cinéma pour pouvoir
s'émerveiller devant le bonheur de ces
personnages fictifs, étant donné que
la vie n'était pas facile tous les jours
pour eux. Même si l'auteur avait
analysé la situation ainsi, il aurait
répondu ce qu'il dit par la suite : c'est
FAUX, " tout est faux... "...
Cependant, sans totalement s'en rendre
compte, Duhamel se contredit. Il insiste sur le
fait qu'il est totalement pris par le film. Il
décrit cette sensation comme emprisonnante,
car elle vous oblige à voir et à
penser comme le réalisateur. Certes, le
cinéma a déjà
été utilisé comme outil de
propagande, mais à cette époque, dans
le contexte politique, c'était plutôt
difficile à imaginer en Amérique.
Duhamel est une personne qui
n'apprécie pas énormément les
nouveautés, du moins c'est ce qu'il laisse
paraître. Il juge insultant que la musique de
Beethoven ou Lohengrin soit reprise et
tailladée dans les films. Il en arrive
ensuite à la nouvelle industrie des disques.
Il ne considère pas la musique comme une
industrie, mais comme un art : donc il
n'apprécie pas sa production industrielle.
Il me vient alors une question : pourquoi ne
comprend-il pas que le cinéma est un art
à part entière ?
Ceci conforte encore plus mon opinion
sur Duhamel, homme qui juge trop vite sans vraiment
considérer les qualités... B.
J.
Où sont les petites
forêts avec leur fraîcheur
?
|
Strasbourg, Samedi 9 Octobre
1935
Cher M. Duhamel,
Je vous écris cette lettre
pour vous faire part de mes réactions et de
mes opinions concernant votre livre "
Scènes de la vie future ". Je l'ai
vraiment adoré et je vous adresse mes plus
sincères félicitations pour avoir
composé un tel livre. J'approuve totalement
votre façon de penser, de voir
l'Amérique et ce qu'elle
représente.
J'étais moi-même en ce
pays il y a deux ans de cela ; j'étais
partie avec une amie, pour rejoindre sa cousine
américaine. A notre arrivée, je fus
sidéralement étonnée,
impressionnée par la ville de New York. La
cousine de mon amie, Ashley, nous a fait visiter la
ville. Elle nous a montré les principaux
lieux et monuments, tels que l'Empire State
Building ou la Statue de la Liberté. Elle ne
cessait de vanter les mérites de toutes ces
" grandes " choses, racontant leur histoire avec
une immense fierté... Sincèrement, je
trouvais cela pathétique !
En marchant dans cet énorme
damier que sont les rues de New York, j'observais
tout ce qui se trouvait autour de moi... Que de
buildings ! Que de trafic et d'agitation ! Je fus
surprise de voir à quel point les gens
vivent dans un stress permanent, continu. De plus,
New York est une très grande ville. Cela
signifie donc plus de circulation, plus de hauts
gratte-ciel, plus de pollution... Il est vrai, et
je pense qu'il faut le souligner, que les espaces
verts se font très rares ! Où sont
les petites forêts avec leur fraîcheur
? Où sont les odeurs familières de la
nature ? Nulle part. Cette ville n'est pratiquement
faite que de verre et d'acier. Tout est faux, tout
est industriel, tout est créé de la
main de l'Homme. Même la nourriture a l'air
fausse.
Monsieur Duhamel, j'ai
spécialement aimé votre chapitre se
rapportant aux restaurants américains. Il me
vient des réminiscences ! Je me rappelle
n'avoir vu que des gens se promenant dans les rues,
un grand verre de coca à la main.
D'ailleurs, leurs restaurants
préférés se limitent aux
fast-food tels que " Mc Donald's " ou les selfs
rapides... Je fus extrêmement heureuse de
retourner en France pour pouvoir à nouveau
manger sainement, de manière
équilibrée.
Le chapitre décrivant un
abattoir américain m'a littéralement
clouée sur place. Je n'ai pas eu l'occasion
d'en visiter un et d'ailleurs je ne le regrette
absolument pas.
A propos du cinéma ou encore
du " Nouveau temple " comme vous
désignez le stade, là encore, je
pense comme vous. Toutes ces brutalités, ces
sortes d'excitation que l'on voit dans les gradins,
je trouve cela véritablement absurde. A quoi
bon perdre son temps à de telles sottises ?
En somme, la population américaine
serait-elle idiote ?
C'est leur mode de vie. Moi, je sais
que jamais je ne pourrais vivre dans un tel
endroit, où la nature n'existe pas, car elle
n'y a pas sa place. Pourtant, elle était
là avant nous, les hommes, et c'est bien
dommage de voir une telle merveille bafouée
par la race humaine. L'humain est, à la
base, quelque peu idiot.
Sur ce, cher monsieur, je vous
adresse mes salutations les plus cordiales. ...D.B.
Los Angeles, une ville débordante
de bruits et de pollution... Devant moi, se
dressent d'énormes bâtiments. Je
décide d'entrer dans l'un de ces grands
édifices et me dirige vers le Mac Donalds.
A l'entrée, une sorte de clown en
plastique gâche le peu de beauté de la
structure. J'entre. Une odeur
désagréable vient effleurer le bout
de mes narines. Je crois que c'est un restaurant.
Je veux essayer au moins une fois de prendre place
dans la société américaine !
Je m'installe sur un siège, assez
confortable, à mon grand étonnement.
Aucun serveur ne vient. Regardant les autres
clients, je comprends qu'il faut aller se placer
dans une file d'attente.
Après quelques minutes
désagréables, une femme portant une
casquette peu élégante, s'avance vers
moi. Elle me demande de choisir entre le " Big
Mac Frites " à quatre euros et le menu
" Maxi Best of Plus " à six euros. Ne
comprenant rien à tous ces menus, je choisis
le plus cher. Je prends alors place à une
table, face à un américain d'un
physique peu attirant, voire repoussant. La
nourriture n'a pas l'air très luxueuse. Je
suis révolté en constatant que toutes
ces personnes mangent avec les doigts. A
contre-coeur, je prends mon hamburger à
pleines mains. Elles sont sales... J'ingurgite mon
menu avec difficulté. J'ai quelques doutes
concernant l'aspect diététique de ma
boisson : l'étiquette de mon coca indique
qu'il contient rien moins que cinq sucres.
Commençant à me lasser de
cette manière de vivre, je passe maintenant
à l'observation des nouveaux venus.
Physiquement, ils ne sont pas laids, mais ils sont
d'un poids tout de même imposant. Un groupe
semble satisfait de venir dans ce misérable
" fast food ". Ces
gens semblent jeunes... et cette horrible
nourriture est chère. "Ils sont
bêtes", me dis je.
Un peu dégoûté par
cette " way of life " Américaine, je
pars, contrarié par l'insouciance de peuples
aussi puissants.
N. M.
LES
LOISIRS AMÉRICAINS SELON
DUHAMEL
|
Lors de ma lecture du texte de Georges
DUHAMEL, Scènes de
la vie future, j'ai eu beaucoup de mal
à comprendre son attitude blasée et
sa tendance à l'exagération. Tout
d'abord, j'ai pensé à la date de
parution du texte ( 1934 ) pour expliquer sa
façon anti-américaine de
décrire le sport et le cinéma
d'outre-atlantique. Après avoir pensé
au décalage de soixante-dix ans, j'ai tout
de suite envisagé une nouvelle thèse.
Voyons tout d'abord sa définition
du cinéma, où il parle de l'une des
inventions les plus merveilleuses du
vingtième siècle comme d'un animal
digérant les spectateurs. Cette
métaphore du plus mauvais goût n'est
pas la seule à m'avoir choqué ; sa
façon de comparer le cinéma à
une machine hypnotisant ses victimes m'a
elle aussi révolté.
Le cinéma nous hypnotise
effectivement, mais dans le bon sens du terme : il
suffit de savoir se laisser emporter. A mon avis,
M. DUHAMEL est un homme coincé,
n'appréciant pas le divertissement. Le
cinéma est un tout qu'il faut savoir
apprécier. Il ne faut pas fermer les yeux en
écoutant uniquement la musique ou passer sa
séance à essayer de résister
à l'envie de suivre l'histoire : c'est
complètement absurde...
De plus, avec sa définition du
rugby, présenté comme un sport
inutile, violent et sans âme, il montre qu'il
ne comprend pas non plus les notions de sport
collectif et de public venu supporter son
équipe, foule qu'il définit, je cite,
comme une "tribu" ou, pire encore, "une
monotone horreur" lorsqu'il aborde le fait de
porter les couleurs de son équipe.
De même, il définit les
pom-pom girls comme
des "prostituées". Je suis du même
avis que lui car je n'aime pas personnellement les
pom-pom girls, mais je les respecte, ainsi que leur
travail.
Un autre passage du texte montre la
rigidité de l'auteur : "Et puis,
qu'est-ce que c'est que ce sport où
vingt-cinq gaillards s'essoufflent, pendant que
quarante mille bougres, immobiles, attrapent des
rhumes, fument la cigarette et ne donnent
d'exercice qu'à leurs cordes vocales ?"
Il faut se dire que DUHAMEL devait
être incroyablement anti-américain ou
alors qu'il avait sérieusement le mal du
pays pour tenir tous ces propos réducteurs
au possible et dignes d'un grand-père
blasé.
B. T.
De
l'incompréhension à
l'indignation...
|
Le 11 septembre 1935
Monsieur Duhamel,
Je me prénomme J. et vous
adresse cette lettre afin de vous faire part de mon
incompréhension quant à votre livre
" Scènes de la vie
future ". En effet, je n'approuve en
aucun cas votre critique concernant les
américains et leur mode de vie. Lorsque vous
aviez décidé de faire ce voyage,
comptiez-vous d'ores et déjà
rédiger un tel ouvrage ou, si j'ose dire, un
livre bâti exclusivement sur le reproche ?
Vous rendez-vous compte de la façon dont
cette population réagirait en se plongeant
dans vos critiques ironiques et déplaisantes
au possible ? Où avez-vous volé ce
droit de juger les gens et leur manière de
vivre à votre guise dans le but de faire
rire les Occidentaux ? Sachez que cela ne m'a
aucunement amusée mais, au contraire,
attristée. Je ne comprends pas pourquoi vous
agissez de la sorte ! Je ne peux ressentir qu'un
sentiment d'indignation ! Et je m'attribue le droit
de vous juger ouvertement à mon tour !
Vous n'êtes ni écrivain,
ni auteur. Vous n'êtes même pas apte
à comprendre que les Américains sont
notre futur, notre ultime chance de survivre. Ils
représentent notre évolution
constante.
Votre texte concernant les lieux du
cinéma m'a énormément
surprise. Comment pouvez-vous critiquer cela ? Vous
considérez ces endroits comme d'absurdes
salles de projections. Vous prétendez y
ressentir de l'ennui. N'importe quel
français aurait voulu être à
votre place. Mais, en réalité, vous
êtes jaloux et enviez ce mode de vie si
perfectionné, très en avance sur le
nôtre ! Vous avez finalement trouvé le
moyen de les rabaisser, de les humilier
publiquement en guise de représailles face
à leur génie considérable
!
Quant aux abattoirs de Chicago,
êtes-vous aveugle, vide d'esprit ? Il est
vrai qu'ils nous troublent et nous
dégoûtent quelque peu, mais vous ne
cernez pas la raison qui se dissimule
derrière tout ceci : le peuple. Ces
"usines à
viande" ont été
conçues dans l'unique but de nourrir la
population et d'éloigner la famine et le
rationnement. L'Amérique représente
au moins trois fois la France !
Se rapportant à leur
liberté, vous ne faites que les influencer,
les forcer à se rebeller contre leur
politique. Ces gens sont heureux dans leur pays,
ils ne se plaignent point, que je sache. S'ils
rencontraient de graves erreurs commises par le
gouvernement, croyez bien qu'ils sauraient quoi
faire et n'auraient pas besoin de vous ni de vos
idées de ligues ridicules.
Bien entendu, je pourrais amener
quelques autres exemples semblables, touchant ma
désapprobation, j'estime que ce serait une
perte de temps. Vous n'êtes pas capable de
vous conduire en adulte et en parfait
écrivain. J'espère de tout c¦ur que
cette lettre "retournera" votre esprit dans
un sens plus indulgent. Je souhaite vivement un
changement d'avis de votre part sur les
américains.
Souvenez-vous que sans eux, nos jours
sont comptés...
Z. T.
L' Américain, un
citoyen libre et moderne ?
|
Cher ( vos écrits ne méritent
pas cet adjectif ) collègue,
Etant moi-même écrivain de
métier et journaliste avide de critiques,
j'ai été saisi de désolation
lorsque j'ai achevé la première page
de votre dernière oeuvre ou, devrais-je
dire, torchon. Je suis un grand voyageur
comme la plupart de mes collègues et je me
suis déjà rendu maintes fois dans ce
jeune pays que sont les Etats-Unis.
Je dois avouer que j'ai moi-même
été frappé par les
restrictions imposées à la douane,
mais n'est-il pas normal de contrôler
minutieusement les allées et venues des
voyageurs dans un pays en pleine prohibition ? Et
n'est-il pas normal de privilégier ses
propres productions nationales, dans un jeune pays
? C'est bien grâce à cela que la
France a affirmé sa
supériorité sur les autres nations du
monde entier.
Par ailleurs je vous ferai remarquer que
les activités que vous vous appliquez
à dévaloriser sont des attractions
nouvelles. Comment votre ouvrage peut-il se nommer
Scènes de la Vie
Future si vous y intégrez vos
arguments personnels d'un autre temps ?
Le sport, le cinéma, les parcs
d'attractions, voilà bien les loisirs du
citoyen libre et moderne. Il m'est souvent
arrivé de me demander pourquoi vous vous
acharniez tellement sur les nouveaux courants qui
se créent, les idées modernes
propagées par une nation jeune et
ambitieuse. J'en suis arrivé à deux
hypothèses : - soit vous n'appréciez
pas du tout que votre patrie soit
reléguée au second plan face à
un jeune pays qui a encore de beaux jours devant
lui.
- soit vous êtes un homme
dépassé, d'un autre temps ( un
has been comme
on dit de nos jours ) qui s'accroche à ses
préjugés et à ses idées
obsolètes.
J'ai bien d'autres exemples à
vous citer : Chicago par exemple, est
une ville moderne, propageant des concepts
d'avant-garde ! Les voitures, les buildings, les
ascenseurs, voilà les solutions du
vingtième siècle ! Et des solutions,
l'Amérique en a pour tous les
problèmes
Prenez la mécanisation, par
exemple : c'est un mal nécessaire.
L'économie en est redémarrée
et les citoyens en profitent amplement :
amélioration du pouvoir d'achat, baisse des
prix...
De plus, la publicité est vue par
beaucoup de gens comme un divertissement comparable
au cinéma ou à la radio et elle sert
beaucoup aux jeunes inventeurs qui démarrent
une entreprise pour faire profiter le monde de leur
ingéniosité.
Par contre, il est un point où je
vous approuve : la pauvreté. Tant de pauvres
gens logent sans toit ni nourriture. C'est
désespérant de voir tant de gens
souffrant dans un pays si prometteur.
Je vous souhaite bonne chance pour une
meilleure réussite... à votre
prochaine parution !
F. N.-A.
Les inepties d'un
"best-seller" burlesque et
caricatural...
|
Samedi 08
Septembre 1935
Monsieur " l'écrivain ",
La pensée même
d'évoquer, dans ce soi-disant "
best-seller", des inepties d'un genre aussi
burlesque et caricatural, n'aurait jamais dû
vous effleurer ne serait-ce qu'un neurone : en
effet, dans votre " livre", vous nous soumettez la
thèse selon laquelle l'assurance serait pour
la population américaine un "ange gardien"
protégeant le moindre de ses biens.
L'indemnisation est certes, une bonne
contrepartie ; elle n'en demeure pas moins une
perte certaine.
Qui plus est, il est totalement
lamentable d'insinuer que cette mentalité
visant à ne point se préoccuper de
ses biens sous prétexte de jouir d'une
assurance couvrant les éventuels dommages
est plus développée aux Etats-Unis
qu' ailleurs.
Par conséquent, ayant lu votre
ouvrage avec une attention toute
particulière, j'ai l'honneur et le
privilège de vous annoncer que notre
association compte boycotter votre "oeuvre" en
organisant en France des rassemblements de grande
ampleur visant à BRÛLER vos "
livres".
Très amicalement
G. le M.
La face
cachée d'un
continent
|
Lors de mon premier voyage en
Amérique, j'ai découvert une face
cachée de ce continent si exceptionnel,
comme le prétendent certains fanatiques.
Pourtant, l'idée que je m'en suis faite
était tout à l'opposé.
Ma famille et moi avions rejoint un
matin notre guide de la journée, celui qui
allait révéler tous les secrets de
chaque recoin de New York. Nous avons d'abord
visité le fameux quartier chinois et celui
des noirs, qui m'ont beaucoup rappelé le
Bronx devant lequel nous étions
passés, sans en parler toutefois. Cela m'a
donné l'impression que les personnes de
couleur différente ou ayant des
problèmes financiers sont exclues, "
enfermées " et cachées dans des
Ghettos, ce qu'elles ne méritent en rien,
selon moi. Tout cela ne sert qu'à atteindre
un seul et unique objectif : donner aux Etats-Unis
l'image symbolique du pouvoir et de la richesse.
Nous nous sommes ensuite rendus sur les
grands boulevards de New York. J'ai rapidement eu
l'impression de me trouver dans un monde
irréel, à cause de toute cette
population, de toutes ces lumières, de ces
gigantesques panneaux publicitaires, et de ces
monstres d'acier qui mangent la moitié du
ciel et du soleil. Bientôt, pensais-je, des
robots et des machines feront les emplettes de
leurs professeurs à leur place et rempliront
ces rues.
Nous passâmes ensuite devant
l'ancienne place où les
célèbres tours jumelles
s'élevaient il y a encore quelques
années. Je me rappelai combien j'avais
trouvé stupide que le président
prenne les menaces des terroristes à la
légère, alors qu'une multitude
d'innocents ont subi la chaise électrique.
Et puis, les Américains n'hésitent
pas à mentir pour dissimuler leurs fautes au
monde entier.
Je me trouvais là, perdue dans
mes pensées, au milieu de tous ces passants
qui marchaient sans un regard, sans un sourire
envers les autres. Tous ces citoyens ne pensent
qu'à eux-mêmes et suivent les modes,
tels les moutons suivant leur berger.
Lorsqu'on nous montra la base militaire,
j'eus un haut-le-coeur qui fit resurgir en moi des
images vues dans des documentaires montrant les
tortures subies par d'innocents civils irakiens
pendant la guerre actuelle.
Je me sentis haineuse face à
cette situation et je me jurai de dénoncer
tout cela quand j'en aurais la possibilité.
G. N.
Une image plutôt
positive...
|
Strasbourg, jeudi 11 septembre
1934
Cher monsieur,
Lors d'un voyage d'affaires qui me
conduisit à New-York, j'eus le
privilège ( tout comme vous ) de
découvrir ce "Nouveau continent" qui
m'était inconnu jusqu'alors. Ayant
également lu votre livre paru
récemment à ce sujet, je me permets
de critiquer quelques-uns de vos points de vue
à propos de ce pays, qui ne correspondent en
aucun cas aux miens.
Tout d'abord, vous parlez d'un
contrôle abusif aux douanes, avec des
conditions pénibles pour mettre pied
à terre. Il n'en a pas été
ainsi pour moi : je dirai même que je fus
accueilli chaleureusement par des hôtesses,
et mon contrôle ne fut pas aussi
poussé que vous le prétendez.
Après vérification de la
conformité de mon passeport, je pus aller
où bon me semblait.
Vous parlez également des
cinémas... J'en garde un excellent souvenir.
En premier lieu, les salles de projection
américaines sont plus animées qu'en
France : musiciens, acrobates et chanteurs se
succèdent sans perdre de temps. De plus,
l'ornement des salles est digne d'un opéra,
avec ses dorures et ses statues.
Quant à Chicago, vous n'en
dites que du mal, mais sans préciser
l'énormité des buildings, tous plus
grands les uns que les autres. Ces paysages
citadins contrastent avec nos campagnes typiquement
françaises.
Enfin, vous désignez le
football américain comme un sport de brutes;
il est vrai que les joueurs n'ont aucune
pitié entre eux. Mais ces matches attirent
tous les publics : les familles, des amis, des
jeunes et des personnes plus âgées
viennent de loin pour y assister.
Pour ma part, je garde une image
plutôt positive de mon séjour aux
Etats-Unis.
Cordialement, C. V.
M. Duhamel,
Ayant lu votre ouvrage, je me permets de
vous écrire cette lettre pour vous faire
part de mes impressions et de ma façon de
penser. Il me faut vous dire que j'approuve
tout-à-fait vos propos sur les Etats-Unis
d'Amérique, généralement
présentés comme un Etat
modèle de la société
moderne... Je suis d'accord avec vous sur de
nombreux points.
Les Américains sont
persuadés d'être les meilleurs en tout
domaine. Ils prétendent avoir inventé
l'industrialisation, qu'ils savent appliquer
à tout, ce qu'ils font avec beaucoup de
zèle...
Lorsque l'on s'étonne de voir un
petit commerce encore vivant, où tout est
fait à la main par de simples
employés, cette petite entreprise
disparaît peu de temps après, comme
évaporée... Elle est remplacée
par une grosse usine coûteuse, laide et
polluante, mais qui rapporte bien plus aux
employeurs.
Les employés, qui semblent eux
aussi "mécanisés", travaillent du
matin au soir, répétant
inlassablement les mêmes gestes, pareils aux
machines qu'ils côtoient toute la
journée.
Mais les Américains en sont
fiers, du moins une grande partie d'entre eux, et
ils ne se lassent pas de faire visiter aux
touristes ( comme vous l'avez fait ) leurs
industries, et de vanter leur utilité...
Les usines sont partout. Parmi les plus
célèbres, dont vous avez aussi
parlé, il y a celles que l'on appelle les
abattoirs, car, dans leur folie
industrialisatrice, "ils" ont même
mécanisé la mort. Gigantesques
machines à tuer, qui achèvent en deux
ou trois heures autant de boeufs qu'un fermier en
toute une vie... Donner la mort est devenu un acte
banal, "industriel" ; cela en devient
effrayant, pour vous comme pour moi, je pense...Pas
pour les Américains.
Ils croient encore une fois avoir
inventé quelque chose d'indispensable. Mais
comment faisait-on avant ? La vie était-elle
possible, avant les abattoirs et les usines ? Oui,
bien sûr... L'homme n'a pas besoin de toutes
ces mécanisations pour vivre.
Mais les Américains s'en
souviennent-ils seulement ? Non, je ne le pense
pas. La faculté d'oublier reste de loin la
plus utilisée.
Et encore, s'ils se contentaient de
cela... Non contents de polluer l'air que nous
respirons avec l'odeur putride des abattoirs et la
fumée des usines, non contents de rendre
l'homme paresseux en lui facilitant tout ce qui
peut l'être, ils détériorent
aussi l'esprit, en nous rendant incapables de
réfléchir avec l'invention du
cinéma.
Monsieur Duhamel, vous avez eu l'audace
de critiquer dans votre livre ce 7è
art, dont tout le monde fait l'éloge !
Justice est faite. Peut-être ferez-vous
entendre raison raison à de nombreuses
personnes. Je vous remercie car vous avez fait
là une chose que je n'aurais pu faire,
même si la tentation était grande.
Je pourrais parler encore longtemps des
vices américains, bien qu'il n'y ait pas que
du mal dans cette société, si vous ne
l'aviez déjà fait. En effet, dans
votre livre, sur de nombreux points, vous
dénoncez et critiquez les pratiques
américaines que personne n'aurait osé
contredire. J'apprécie
énormément votre sens critique et vos
opinions, que je partage.
Merci encore pour ces
révélations que j'attendais... De ce
fait, je sais que je ne suis plus seule à
penser ainsi.
Bien à vous,
C. O.
L'obésité en
Amérique, aujourd'hui
|
Je marche tranquillement sur les
grands trottoirs de la ville de New York et
j'observe quelques personnes qui se bousculent dans
une foule de passants. J'ai l'impression de ne voir
que des monstres d'obésité.
Les femmes exhibent leurs corps sans
aucun complexe en n'hésitant pas à
porter des débardeurs moulants qui font
ressortir d'énormes bourrelets graisseux
survenus à force d'ingérer des "hot-dogs", frites, sodas et
bien d'autres nourritures trop grasses. Toute cette
graisse qui pend de tous côtés
m'écoeure !!!
Je change de trottoir et entre dans
un magasin de vêtements dans l'intention de
m'acheter un jeans : et là, je me rends
compte que j'aurais plutôt dû aller
dans un magasin pour enfants tellement les tailles
sont énormes !
Je décide alors de rebrousser
chemin et de me mettre en quête d'un magasin
où je puisse trouver chaussure à mon
pied et je longe une ruelle truffée de "fast-food". Il y
règne une désagréable odeur de
graillon qui me soulève l'estomac !
Dégoûtée, je sors
rapidement de cette ruelle et me trouve face
à une école du cycle
élémentaire où je
découvre certains enfants, ressemblant plus
à des petits boulets de canon qu'à
autre chose. Ils ont l'air de s'amuser, ces
bambins, incarnant l'innocence même, criant,
riant, se défoulant dans la cour de
récréation ! Il est vrai que, dans
cette école, au moins cinquante pour cent
des élèves présentent des
problèmes de surpoids. C'est assez choquant
à voir : on dirait que leurs parents les
suralimentent afin de pouvoir plus tard les
dévorer !!
C'est vraiment pitoyable... Ne se
rendent-ils pas compte que leurs enfants
gâchent leur jeunesse et compromettent leur
santé ?
Il y a vraiment un laxisme dans ce
pays qui n'est pas aussi flagrant en France !
Ici peser cent kilos paraît
normal !!!!
N. D.
Les armes, ça sert
à quoi ?
|
Amérique. J'ai remarqué
que lorsqu'on prononce ce nom, on pense plus
particulièrement aux Etats-Unis. Et on pense
également à toutes ces merveilles
technologiques qui ont vu le jour là-bas.
Mais parmi toutes ces merveilles, il y en a qui
sont très, voir trop, dangereuses. C'est ce
genre de merveilles incapables de servir à
autre chose qu'à détruire. Elles ont
un nom : les armes.
Les armes, on en trouve de toutes sortes
et partout, c'est vrai. Et c'est ça le plus
terrible peut-être : que l'on puisse s'en
procurer une aussi facilement qu'une tablette de
chocolat. Mais l'Amérique, oh,
l'Amérique ! elle, elle s'en vante, elle
recherche toujours à les améliorer,
à en créer des nouvelles. Comme si sa
monstrueuse bombe atomique ne lui suffisait pas !
Et tous ces pistolets, ces mitraillettes, ces
bazookas, tous ces machins qui font des trous ! Ce
n'est pas assez ? Mais non voyons : il faut
toujours mieux, toujours plus sanguinaire.
Que fait l'Etat ? Vous savez, il ne faut
pas trop en demander à ces pauvres
dirigeants ! Ils ont tellement de choses auxquelles
penser ! Et pour éviter d'avoir à
penser à une chose de plus, ils choisissent
de financer la fabrication des armes. Après
tout, ça fait rentrer de l'argent ; sauf que
tout l'argent gagné est ensuite
réinvesti toujours dans le même
domaine. Tant pis pour les milliers de personnes
qui mourront, victimes de ces machines à
tuer ! Tant pis pour tous ces malheureux soldats
qui périront à la guerre, là
où les armes ont une place
privilégiée !
Après tout, c'est très
bien pour tous, n'est-ce pas ? Cela permet de
vérifier l'efficacité des nouvelles
armes. Regardez la guerre en Irak : quelle occasion
pour elles ! C'est ainsi que l'on pourra
repérer les meilleures d'entre elles. Et
elles auront la chance d'être vendues cinq
fois, dix fois plus cher ! G. W. B. doit être
content : la guerre va lui rapporter beaucoup ...
Les Etats-Unis financent ces petits
bijoux, de même que les avions de chasse, les
fusées, les navettes spatiales. Cela
coûte plus de vingt milliards de dollars par
an. Et à quoi cela sert-il ? A pas grand
chose. Alors que chaque année des millions
de gens meurent de froid, de faim, de soif, de
maladies...
Au lieu de chercher des solutions, les
Etats-Unis cherchent des problèmes : la paix
est une solution et pourtant ils font la guerre ;
ils se ruinent pour une pierre de Mars et ils
laissent des enfants et leurs parents mourir dans
la rue. C'est sûrement ce que l'on appelle un
esprit contradictoire !
En conclusion, je ne pourrai rien
ajouter d'autre à ce que j'ai avancé
précédemment : les armes, la guerre,
quel gaspillage ! Pourquoi ne pas vivre simplement,
en ignorant toutes ces choses qui pourrissent la
vie ?
Mais après tout, je ne suis rien.
Rien qu'une enfant qui, d'après les adultes,
ne comprend rien à la vie. C'est
sûrement vrai. C'est aussi sûr que la
solution de tous les problèmes se trouvent
sur la Lune et qu'il faut aller la chercher avec
des armes. Eh oui, sinon, pourquoi tout ce carnage
? Il faudrait que quelqu'un vienne m'expliquer.
Peut-être que je n'ai pas compris la folie du
monde, menée par les Etats-Unis...............................C.
La
télé-réalité, un jeu de
massacre ?
De loin, de
très loin, on peut entendre et observer
cette énorme masse grouillante d'individus
se pressant contre les barrières, se
bousculant frénétiquement pour
essayer d'apercevoir le chapeau ou le bras de leur
idole, devant le plateau
télévisé.
Ah, la
télé-réalité ! C'est
tout un mythe pour certains, une façon
rentable de gagner de l'argent pour d'autres. Mais
pour ma part, c'est tout autre. La
télé-réalité m'est
insupportable !
En effet, il
m'est impossible de regarder pour une infime
durée cette horreur à la
télévision. Personnellement, je ne
supporterais pas de m'asseoir devant mon poste et
de m'extasier sur la façon dont un parfait
inconnu prend son déjeuner matinal. Je me
demande : mais quel intérêt ? Celui de
rester littéralement vissé sur son
siège, buvant les paroles du
présentateur, les yeux rivés sur
l'écran, pour ne pas perdre une miette de la
façon dont un inconnu exerce son soi-disant
pouvoir de séduction ? Celui
d'apprécier des individus hypocrites qui,
dans quelques mois à peine, seront
déjà tombés dans les
oubliettes ? Je dis non ! Je refuse !
Et Dieu sait ce
que les chaînes
télévisées nous font subir !
De Star
Academy à la
Ferme
Célébrités en passant par Loft Story, rien ne nous aura
été épargné ! De nos
jours, on ne sait plus quoi inventer pour faire du
bénéfice et séduire le public.
Au lieu de programmes intelligents, on nous
propose, de plus en plus nombreuses, ces
émissions dont le seul but est de nous
abrutir.
Il n' y a
strictement rien qui puisse nous instruire dans la
façon qu'a une vingtaine de personnes
d'évoluer sur une île déserte
pendant plusieurs mois ! Pourquoi donc cela peut-
il amener plusieurs millions de personnes à
s'enticher de ces programmes ? Pourquoi ce public
se passionne-t-il pour ces horreurs du monde
moderne ? Quelles passions, quelles
espérances peuvent entraîner ces
émissions télévisées ?
C'est un monde hypocrite, sans fantaisie,
même parfois cruel, d'autant plus
qu'après quelques uns de ces immondes
programmes, les spectateurs devraient s'en lasser,
s'en fatiguer, et pourtant, à chaque fois,
ils en redemandent ...
Maquillés, coiffés,
habillés, les individus choisis sont
stéréotypés, ne cherchent qu'
à plaire au public, mais certains
échouent lamentablement et du coup se font
éjecter du jeu ! Ou au contraire, il peut
arriver que, par miracle, un individu
révèle une part d'intelligence ; mais
curieusement, cela déplaît aux
spectateurs qui, ne le supportant plus,
décident donc de l'évincer du jeu. Ce
public prétendu tout-puissant, sans
caractère, n'est là que pour
s'occuper ! Pourtant, il existe tellement d'autres
activités plus enrichissantes que ces jeux
stupides et sans âme !
Non, je dis non
à cette
télé-réalité qui
empoisonne notre univers
télévisé ! Cessons de
massacrer cet outil moderne qu'est la
télévision !
Ne
peut-elle nous servir autrement, sinon mieux
?
...........................T. S.
Des valeurs de la
République
Française...
|
La société
française est universellement connue et
appréciée pour
l'égalité censée régner
entre les citoyens. C'est pourquoi bon nombre
d'étrangers souhaitent acquérir notre
nationalité. S'ils remplissent certaines
conditions, leur requête peut être
satisfaite. Ceci illustre bien que notre pays est
une démocratie. Mais celle-ci n'a-t-elle que
des côtés positifs ? N'engendre-t-elle
pas la violence ?
En effet, la violence est un fait de
société très facilement
observable. A tous les niveaux des strates
sociales, que ce soit à l'école, dans
les différents milieux professionnels, ou
tout simplement à travers la ville, chaque
jour bon nombre de personnes subissent des
agressions soit physiques, vols à
l'arrachée, racket, soit verbales.
Ainsi, à l'école, beaucoup
d'élèves tiennent à
l'égard de leurs camarades ou de leurs
professeurs des propos racistes, xénophobes,
voire tout simplement méchants. Ceux-ci sont
plus ou moins violents, plus ou moins agressifs...
De même, pour ce qui est de la
recherche d'un travail, il faut constater que les
personnes étrangères à notre
nationalité et particulièrement
celles qui ne sont pas de race blanche ont beaucoup
de difficultés à trouver un emploi
leur permettant d'assurer leur subsistance et
celles des leurs avec un minimum de dignité.
Je trouve cette violence gratuite
à leur égard tout à fait
injustifiée.
Il en va de même pour le respect
des lois. En effet, les vitesses limitées
sont souvent dépassées ; beaucoup de
piétons traversent les rues et les passages
"protégés" quelle que soit la couleur
du feu.
En conclusion, on peut dire que les
valeurs républicaines basées sur
l'égalité et la fraternité ne
sont pas toujours respectées..............D.E.
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