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"VOICI QUE NOUS NOUS METTONS EN MARCHE..." ( JP II )

Suite de la revue de presse sur le séjour de Jean-Paul II en Egypte ( février 2000 )...

Un pèlerin très politique

Article de Ahmed Loutfi et Inès Eissa in Al Ahram Hebdo ( semaine du 23 au 29 février 2000 )...

L'essentiel : La visite en Egypte de Jean-Paul II - la première d'un pape catholique dans ce pays - intervient peu après la signature d'un accord, au terme d'une rencontre au Vatican entre le Souverain pontife et Yasser Arafat : les activités de l'Eglise dans les territoires autonomes palestiniens ont été ainsi officialisées... En outre, Jean-Paul II réclame "une solution équitable pour Jérusalem."

En signant un accord avec Arafat, le pape reconnaît officiellement une souveraineté palestinienne sur Jérusalem.... Une telle prise de position a été considérée par Israël comme une ingérence dans les négociations en cours avec les Palestiniens... En effet, cet accord rétablit un équilibre entre les Palestiniens et Israël. On se souvient qu'un autre accord , conclu entre Israël et le Vatican, en novembre 1997, avalisait de facto l'autorité d'Israël à Jérusalem-Est : il reconnaissait les biens de l'Eglise catholique romaine dans les zones où la législation israélienne est appliquée, une formulation incluant Jérusalem-Est, où est située l'église du Saint-Sépulcre, le principal lieu saint de la chrétienté.

L'accord récent avec les Palestiniens est venu rompre les réserves exprimées à l'égard du pape, considéré un peu comme un "allié de l'Occident" par de nombreux observateurs. Cet accord avec le Vatican montre qu'il y a une sorte de partage à instaurer entre les deux parties, arabe et israélienne, à Jérusalem...

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Yasser Arafat reçu par Jean-Paul II

A propos de l'accord intervenu en février 2000 entre Vatican et Palestiniens

Article paru dans le PROGRES EGYPTIEN du Mercredi 16 février

L'essentiel

Un accord, rédigé en anglais et en arabe, signé au nom du Saint-Siège et de l'Organisation de Libération de la Palestine ( OLP), officialise toutes les activités de l'Eglise catholique romaine dans les territoires palestiniens. Le préambule de l'accord demande une "solution équitable" pour Jérusalem et un "statut spécial", "garanti internationalement" pour la ville dont "la propre identité et le caractère sacré" doivent être "sauvegardés".

Ce texte de l'accord insiste sur "la liberté de religion et de conscience", "l'égalité des trois religions monothéistes" et "le libre accès" aux "lieux sacrés".

Le Vatican avait signé en novembre 1997 un accord du même genre avec Israël, légalisant le statut de l'Eglise catholique romaine en Terre Sainte en dotant ses institutions d'une personnalité juridique.

Jean-Paul II a promis de se rendre dans la ville palestinienne de Jéricho, lors de sa visite en Terre Sainte du 20 au 26 mars, en plus de Jérusalem, Nazareth et Bethléem.

A l'occasion de cette rencontre, Yasser Arafat a offert au Souverain Pontife un bas-relief reproduisant notamment l'étoile sur la grotte de Bethléem.

"Les bergers qui avaient suivi l'étoile pour aller adorer Jésus étaient Palestiniens", a commenté le Pape. "Que Dieu bénisse le peuple palestinien !"...

Sous le signe du dialogue religieux

Article de Ahmed Loutfi, in Al Ahram Hebdo ( semaine du 23 au 29 février 2000 )...

L'essentiel : L'entretien à El-Azhar du pape catholique Jean-Paul II et du cheikh sunnite Tantawi devrait être, selon ce dernier, l'occasion d'un "échange bénéfique". Il a ajouté que le dialogue entre les religions était fait pour "permettre à chacun de nous d'écouter l'autre et d'échanger les opinions utiles qui invitent à l'amour, à la sincérité et à la justice." Mais, selon lui, ce dialogue a des limites : " Celui-ci ne portera pas sur les doctrines. Dialoguer sur les doctrines ne fera que creuser le fossé entre les parties."

L'entretien entre Jean-Paul II et Chénouda III, 117è pape des coptes-orthodoxes, devrait permettre de faire progresser le dialogue entre les deux Eglises, notamment en ce qui concerne les mariages mixtes...que l'Eglise copte-orthodoxe a toujours refusés, interdisant le mariage de ses membres avec des catholiques ou des protestants.

Enfin, la visite de Jean-Paul II au monastère de Sainte-Catherine est perçue de façon mitigée par les moines (orthodoxes-grecs) du Mont Sinaï, qui soupçonnent Jean-Paul II de vouloir faire du catholicisme la religion dominante de la chrétienté.

Bientôt une page consacrée au Monastère Sainte-Catherine ( article de Gérard VIAUD pour un historique détaillé du site et photos du webmaster...)

"Le vent qui souffle aujourd'hui encore du Sinaï porte une invitation insistante au dialogue entre les disciples des grandes religions monothéistes dans leur service de la famille humaine (...) Cela suggère qu'en Dieu nous pouvons trouver un point de rencontre."

Le Pape a bien sûr évoqué "la rencontre entre Dieu et Moïse sur la montagne" et affirmé que les Dix Commandements "fournissent les seules bases pour la vie des personnes, des sociétés et des nations"... Selon la tradition biblique, c'est en effet près du lieu où se dresse aujourd'hui le monastère Sainte-Catherine que Dieu s'est manifesté à Moïse à travers un Buisson ardent.

POUR UN DIALOGUE ENTRE CHRETIENS, JUIFS ET MUSULMANS

L'essentiel : le Pape a conclu sa visite en Egypte par un appel au dialogue entre Chrétiens, Juifs et Musulmans, depuis le Mont Sinaï, un lieu saint pour les fidèles des trois religions monothéistes.

"Avec nous, les Juifs et les Musulmans regardent Abraham comme un modèle de soumission sans condition à la volonté de Dieu". Jean-Paul II

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L'Egypte espère un soutien du Pape aux "droits des Arabes à Jérusalem"

Article de Maruwan Zakaria in Le Progrès Magazine du 27 février 2000

L'essentiel de cet article porte sur deux points :

1) Le Vatican a un rôle à jouer dans la région, notamment en ce qui concerne Jérusalem. Le problème est le suivant : les Palestiniens souhaitent faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat. Israël a occupé et annexé ( suite à la Guerre des Six Jours, en juin 67 ) la partie orientale de la ville sainte - partie où se trouve le Mur Occidental du Temple, aussi appelé Mur des Lamentations - et affirme depuis que cette ville demeurera toute entière sa capitale éternelle et indivisible. Placée devant le fait accompli, la communauté internationale n'a jamais reconnu officiellement Jérusalem comme la capitale de l'Etat d'Israël. Du côté des pays arabes, on espère du Pape une position claire à ce sujet ( dans le sens d'un soutien au peuple palestinien...)

2) D'autre part, la venue de Jean-Paul II au Caire est perçue par les Egyptiens comme l'occasion de modifier le sentiment de l'opinion internationale que les coptes sont persécutés en Egypte, notamment après les troubles qui ont eu lieu entre Musulmans et Chrétiens début février à El-Kocheh en Haute-Egypte, et qui ont coûté la vie à 20 Coptes et à un musulman... D'après l'auteur de cet article, la visite papale a prouvé qu'il existe une tolérance religieuse en Egypte, Etat musulman, et qu'il n'y a pas de discrimination entre les Musulmans et les Coptes, minorité qui représente 5,8 pour cent des 65 millions d'habitants du pays.

TOLERANCE RELIGIEUSE ET UNITE NATIONALE

Avertissement : les deux articles évoqués ci-dessous doivent être replacés dans leur contexte, donc lus à la "lumière" d'événements récents, notamment les affrontements violents entre Coptes et Musulmans, le 31 décembre 1999, dans un village de Haute-Egypte...A la situation complexe du Proche-Orient s'ajoutent, pour chacun des pays concernés, dont l'Egypte, des problèmes intérieurs qui ne sont pas tous liés directement à la question palestinienne - mais qui peuvent avoir des incidences extérieures... Ainsi en est-il de la cohabitation entre Chrétiens et Musulmans sur les rives du Nil... Comme à chaque voyage du Pape, le pays visité profite donc de "l'occasion" pour attirer l'attention sur les problèmes épineux du moment et tenter de faire le point, voire d'éclairer l'opinion publique à ce sujet...

MUSULMANS ET CHRETIENS SONT EGAUX EN EGYPTE

Article paru dans le Progrès égyptien du Samedi 26 février 2000

L'essentiel : selon le Cheikh sunnite d'El-Azhar, Mohamed Sayed Tantawi, Musulmans et Chrétiens jouissent en Egypte "des mêmes droits et des mêmes devoirs"...Il a ainsi affirmé devant Jean-Paul II que ces deux communautés cohabitaient en Egypte depuis 14 siècles, sur un même territoire, ce qui fonde des intérêts communs. Pour sa part, le Pape Chenouda III, chef des Coptes-Orthodoxes, a appelé Jean-Paul II à jouer un rôle en faveur de la paix à Jérusalem. Dès son arrivée en Egypte, le Pape catholique a d'ailleurs lancé un appel à la paix et contre le fanatisme religieux, alors même que le processus de paix entre Arabes et Israéliens traverse une nouvelle crise.

L'unité nationale est sans faille

Point de vue de Samir Ragab, in Le Progrès Egyptien du Samedi 26 février 2000 ( Texte intégral )

"L'Egypte est et demeure un havre de fraternité, d'amour du prochain, d'intégrité et de tolérance. La preuve irréfutable en est ce "melting-pot" d'individus venus d'horizons divers. Chacun est libre d'y exercer un métier, d'exprimer sa pensée, d'adhérer au parti politique de son choix ou de pratiquer les rites de sa religion.

Hier, l'écho de ce message s'est répandu partout dans le monde à l'occasion de la visite du Pape Jean-Paul II en Egypte.

Les citoyens de ce village planétaire se sont rendus compte que le confessionnalisme, le fanatisme et la haine partisane n'ont pas droit de cité chez nous, au grand désarroi des calomniateurs.

Au coeur du Caire et au milieu d'une marée humaine, Chrétiens et Musulmans confondus, Jean-Paul II a célébré une messe à ciel ouvert en toute sécurité. Cette cérémonie a corroboré la vraie image d'une unité nationale sans faille.

Elle a infligé un cinglant démenti aux détracteurs de l'intérieur comme de l'extérieur. Les colporteurs de fausses rumeurs seront certainement à court de preuves.

Ils ne sauront plus berner les gens crédules sur l'existence d'une éventuelle ségrégation en Egypte. Les répercussions de la visite du Pape ne laissent aux malveillants aucun terrain fertile.

Notons que les groupuscules d'extrémistes vivant hors des frontières nationales ont, à coup sûr, suivi avec amertume les temps forts de cette visite ne leur laissant aucune marge de manoeuvre ni aucun objet de surenchère.

Il serait d'ailleurs bien probable qu'ils soient lâchés par leurs commanditaires car il ne reste plus rien sur quoi tergiverser.

En toute lucidité, l'honneur revient encore au Président Moubarak qui poursuit irrésistiblement une politique clairvoyante et une diplomatie transparente. Tels sont décidément les leviers qui ont fait de nous le centre d'intérêt de tous les peuples, de tous les dirigeants politiques, voire de tous les chefs religieux de la famille humaine." (fin de citation)

SUITE

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