LE SOUFFLE DU VERRIER 2
Photos Yves
Clady ©Copyright Le Caire juillet 2001
Un mélange
d'éléments naturels, la terre, le feu, l'eau et
l'air... ainsi naît le verre. Pour savoir ce qu'est la
lumière, il faut l'avoir vue descendre au travers de plafonds
diversement colorés, dans la cour intérieure d'une
mosquée, la grande salle d'un palais mamlouk, ou la coupole
d'un bain turc.
..
L'art des derniers souffleurs de
verre du Caire se place bien loin des soucis d'une terminologie
complexe ou de la précision d'analyses chimiques... Ils ont
reçu leur métier et leurs traditions de leurs
ancêtres, et même pour les proportions des teintures et
des oxydes, ils se fient à leur seul coup d'oeil, à
leur expérience immédiate.
Le degré de
liquéfaction qui permet de souffler et de modeler la
pâte est évalué par l'artisan selon la
résistance qu'il éprouve dans la pâte lorsqu'il
la retourne et ne se définit pas en termes de science moderne;
d'une certaine façon, c'est le fondement même de la
science.
L'artisan-verrier, gardien de la
tradition, ne créera de nouvelles formes que très
rarement, se contentant de celles qu'il connaît
déjà. D'ailleurs, quel objet va naître au bout de
sa canne ?
Il ne saurait lui-même vous le dire trop
précisément, avant d'avoir balancé pour la
première fois la pâte. Ici nulle technique abstraite,
nul calcul : tout repose sur le geste connu, appris des anciens et
mille fois répété. La température, c'est
à l'oeil qu'il l'évalue, ou à la chaleur
reçue sur sa main à l'orifice du four, ou bien encore
à la teinte que prend la pâte.
L'artisan ne veut rien changer,
ni ses méthodes, ni le matériel auquel il s'est
habitué. Quand il ne travaille pas accroupi, directement sur
le sol, sa chaise ( bien que délabrée), est la
meilleure, elle s'est faite à lui et lui à elle. Les
outils qu'il emploie sont peu nombreux. Parfois, lorsqu'il travaille,
il s'enveloppe le poignet droit d'une étoffe afin
d'éviter de se brûler en frôlant la pâte.
Souvent, il interrompt son ouvrage pour parler de son métier
avec quelques visiteurs.
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