LE LAISSER-FAIRE

Ce qu'on appelle précisément l'éducation a pour fonction de donner figure humaine à ce qui n'est encore à la naissance qu'un "candidat à l'humanité". Comme toute mise en forme, elle est douloureuse. Exigeant des sacrifices, imposant une discipline et des apprentissages, interdisant certains plaisirs, en proposant de nouveaux, qui ne sont pas "évidents", reportant à plus tard ("quand tu seras grand") certaines satisfactions, elle ne va pas sans peine, sans efforts. Pour l'éduqué comme pour l'éducateur.

Or, il n'y a plus d'éducateurs, sinon "spécialisés", et pour délinquants : la mode est au laisser-faire. Surtout pas de contraintes ("Si jamais on lui donnait des complexes !") ni de punitions : que d'institutrices se font agresser par des mères en colère parce que leur rejeton, insupportable, a été puni ou simplement réprimandé !

On ne sévit plus, on "comprend", on console, on récompense (quoi ?), on gâte et on pourrit.

Surprotégé, assisté, suivi quand il devrait être guidé, le cher petit devient un petit monstre, puis un grand. Egocentrique et narcissique. Velléitaire plus que volontaire. Avide de jouir sans avoir fait, incapable d'efforts, tout juste bon à consommer (en classe à ingurgiter des connaissances comme autrefois le lait de sa mère). Et renâclant à la moindre contrariété.


MASCHINO, Maurice T., Voulez-vous vraiment des enfants idiots ?, Paris, Ed. Hachette, 1984

Détails sur l'auteur, enseignant et journaliste


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Réactions d'un jésuite à cet ouvrage et à d'autres véhiculant des idées semblables... Ces réactions datant de juillet 1995, il convient évidemment de les aborder et de les comprendre en tenant compte du contexte social de l'époque...

Débat : notre école mérite-t-elle vraiment le bonnet d'âne ?
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Où prendrait-il le goût du travail ? Du travail il ne sait rien, il ne voit rien - sinon un père qui rentre épuisé, une mère exténuée. Métro, boulot, dodo - ce n'est pas très excitant. Autour de lui, des pleurs, des soupirs, des jérémiades - ou des planqués.
LE NÉGATIVISME

Restent les élèves. Qui sont ouverts, eux, à toutes les propositions, pourvu qu'elles tendent à supprimer ce qui reste d'école. A réduire au maximum les heures de cours, la quantité des travaux à effectuer et des livres à lire. A augmenter par contre les congés, toujours trop rares ( novembre, décembre, février, mars, avril, mai, juillet, août ), toujours trop courts...

Puisqu'il faut bien, quand même, venir au collège ou au lycée, en attendant le jour super où l'on diplômera gratis, ils accepteraient, à la rigueur, qu'on développe les "activités d'éveil" (promenades, piscine, visite de la Tour Eiffel ou des catacombes - en Terminale du Moulin Rouge ou des Folies Bergères, sous prétexte d'enquête sociologique), qu'on multiplie les séances de sport, de musique, de danse et de yoga, qu'on y ajoute quelques heures de karaté et de moto-cross...